Les grandes économies cherchent à obtenir 2% d’inflation à moyen terme. Ce n’est pas encore le cas en zone euro, mais pratiquement aux États-Unis. Et c’est là que les choses se compliquent.
Aux États-Unis, en effet, l’économie est en plein emploi, avec une inflation sous-jacente autour de 1,8%, sachant que l’objectif de la banque centrale est d’obtenir 2% de manière symétrique, c’est-à-dire au-dessus ou au-dessous de ce chiffre. Mais, il y a quelques semaines, le chiffre de croissance du salaire horaire est sorti à 1,9% sur un an, alors que l’on attendait 1,7% : les marchés ont pris peur ! Depuis, ils regardent très attentivement non seulement les prix des biens à la consommation, mais surtout les salaires horaires des employés et ouvriers (donc des qualifications basses et moyennes). C’est de ces chiffres-là que viendront (ou viendraient) les hausses de l’inflation, sachant qu’elles ne sont pas, ou plus, régulières et encore moins prévisibles. L’inflation, aux États-Unis, fait ainsi des « sauts de puce », pas forcément très importants, mais amplifiés par les marchés financiers. La banque centrale américaine vient de le reconnaître, et d’admettre la difficulté qu’elle avait à gérer ce problème.
La situation n’est pas exactement la même en zone euro, où les « sauts de puce » des salaires peuvent se manifester, surtout en Allemagne, à partir de hausses pourtant programmées et régulières, dans l’automobile notamment – mais où, mais quand ? Ceci conduit la banque centrale européenne à maintenir sa politique monétaire, en attendant que l’inflation arrive à 2%, étant actuellement à 1,4%.
Au total, l’inflation avance par « sauts de puce imprévisibles » aux États-Unis. C’est ce qui la rapproche de l’objectif de 2%, mais inquiète les marchés, du fait de cette imprévisibilité. Elle avance aussi en zone euro, mais sa propagation étrange, et sa lenteur aussi, inquiètent les marchés. Surprenante aux États-Unis, lente en zone euro, l’inflation est décidément changeante : les sauts sont de puces, mais de puces différentes !