Du rififi à la Banque centrale européenne ?

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Pas vraiment, mais un signal à écouter. La presse se fait l’écho de divergences entre Peter Praet, le Chef économiste de la BCE et Benoît Coeuré. En fait, elles rendent compte de deux réalités.

 

Le premier, Peter Praet, a une approche globale. Il insiste sur le temps qu’il faudra pour que la baisse du chômage ait des effets sur les salaires et les prix, et donc sur le temps prolongé pendant lequel il faudra maintenir très bas les taux courts. Plusieurs mois encore, rien avant 2018.

Le second, Benoit Coeuré, insiste pour ne pas endormir les marchés en attendant la normalisation. Il remarque qu’il est de plus en difficile à la BCE d’acheter du « papier » allemand et aussi que la liquidité est très différente d’une structure financière à l’autre. Elle est abondante chez les gestionnaires d’actifs, mais moins ailleurs, ce qui n’est pas suffisamment pris en compte dans les modèles et chez les commentateurs. Des réactions différenciées sont ainsi possibles, face à une « même » annonce de normalisation.

Au fond, il va falloir continuer cette politique accommodante, puis la réduire, puis cesser d’acheter des papiers d’Etats – la BCE en a plus que la Fed – puis, plus tard, commencer à les céder. Il faudra des années, mais il vaut mieux prévenir. Les achats de la BCE aident à baisser les taux et à sortir de crise, mais ils ne suffiront pas, au contraire, si les économies ne se musclent pas.

Peter Praet dit qu’il faut continuer, Benoit Coeuré prévient que le temps est, de toute manière, compté. La BCE ne peut pas tout faire.