Réunion au Kremlin sur l’après-guerre en Ukraine

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 Réunion au Kremlin sur l’après-guerre en Ukraine

Le Kremlin, au cœur de la nuit, entre responsables des services secrets et idéologues. Sujet de la rencontre, destinée à alimenter les décisions du président Poutine : « comment gagner l’après-guerre ? »

Le président du groupe : Chers amis, cette réunion, qui n’a pas eu lieu, doit voir loin. Un jour ou l’autre en effet, l’ « opération militaire spéciale » que nous menons en Ukraine, cessera. Elle a été plus longue, difficile et surtout plus coûteuse que prévu. Aujourd’hui, il nous faut réfléchir à l’après-guerre, pour le gagner.

Un membre du groupe : Comme toujours, il nous faudra payer. Payer pour avoir plus d’amis en Ukraine, nous mettrons donc bien plus d’argent que maintenant car ce sera plus cher, et pourtant nous y étions habitués. Et il nous faudra payer plus pour des soutiens plus indirects.

Un autre membre : Je vois… Des « idiots utiles » comme toujours, mais pourquoi « plus indirects » ?

Il lui répond : Il nous faudra être très subtils en « com ». On ne peut demander à nos amis des deux extrêmes politiques de nous soutenir comme avant. Ils parleront de « retisser des liens », comme en Europe avec l’Allemagne. Surtout, il nous faudra parler des divers risques ukrainiens, sous des angles différents a priori non coordonnés : un pays en faillite – mais surarmé, avec une démographie catastrophique et qui n’a pas d’avenir autonome. Qui va s’en occuper ? Des usines détruites et des centrales nucléaires dangereuses…

Un membre du groupe le coupe : Et on peut aussi les faire parler, ces « idiots utiles », au cas où la Russie perdrait.

Tous : oh !

Ce membre poursuit : Il le faut. Alors, le président Poutine démissionne, s’ouvre une phase de tensions dans son premier cercle – je parle comme une télévision américaine. Des gangs s’excitent partout et surtout des oligarques se demandent s’ils ne pourraient pas se rapprocher plus du pouvoir, sinon le prendre. La bourse plonge. Le rouble s’effondre. Tout le monde se rue aux marchés noirs du dollar et de l’euro. Que devient l’arsenal nucléaire ? Et les fusées : qui s’en occupe, les entretient, les garde ? Je suis toujours sur une chaîne américaine : CNN ou Fox News !

Un membre réagit : Impressionnant, ils vont t’embaucher !

Un autre continue : N’empêche, tu as raison, il faut faire peur des deux côtés, quel que soit le gagnant, pour montrer l’intérêt qu’offre notre continuité. Nos ennemis doivent entrer dans l’idée d’une guerre longue, qui les épuisera avant nous. Il faut que les soutiens à l’Ukraine payent moins. Et plus le temps passera, plus il faudra que l’idée se répande que cette guerre renforce nos liens avec la Chine : pétrole, gaz, terres rares. Plus la guerre dure, plus on la paye ; mais avec notre sous-sol, plus on leur loue la Sibérie, plus on achète leurs autos électriques. Donc plus les Américains et les Européens paieront et perdront !

Un autre crie : Et s’ils veulent aider l’Ukraine à se reconstruire, qu’ils n’oublient pas que c’est une puissance agricole ! Elle tuera les paysans hongrois, polonais et français pour se refaire.

Calme, un autre : Et les Américains seront là, avec leur plan Marshall. Après la Grande guerre patriotique qu’ils appellent, en comptables qu’ils sont, la « Seconde guerre mondiale », on reverra ce qui s’est passé. En 1948, les Américains ont aidé l’Allemagne à remonter, mais c’était pour que la France ne soit pas la puissance dominante en Europe – sans que l’Allemagne n’ait d’armée, donc pour qu’ils la protègent et qu’elle leur obéisse.

Un autre rebondit : Et ça a marché ! Heureusement qu’on a eu l’idée de leur faire peur avec le nucléaire et lui vendre notre pétrole et notre gaz. Ils ont pu dominer la zone euro, avec plus de croissance, plus d’industrie et moins d’inflation. Et Nord Stream 2, c’était notre anti-plan Marshall.

Au fond, on entend : Dommage que le commando prévu pour « s’occuper » du « président ukrainien » ait échoué !

Le président : Merci de cette remarque !

Rires.

Un autre : Il faut que les USA et l’Europe, qui ont maintenant Israël sur les bras, convainquent l’Ukraine de négocier, donc d’abandonner un peu de son territoire. Bravo pour ces négociations d’adhésion à l’Europe : qu’ils sortent leurs chéquiers ! Après, nos « amis ukrainiens » demanderont si ce Zelensky star, ou tsar, n’aura pas trop cédé aux médias.

Le doyen : Donc tout faire pour que l’Ukraine demande le cesser le feu, sous la pression de ses amis, devenus les nôtres.

Le président du groupe : Je vais voir Vladimir.