La Cour des comptes a encore frappé, elle ne nous fait plus rire. La situation est sérieuse. Le temps n'est plus des gags municipaux avec leurs piscines ou leurs stades jointifs, avec les librairies universitaires sans livres, les programmes de paye qui n’arrivent pas à payer, les aéroports vides, les hôtels de département ou de région pharaoniques. Maintenant ceci nous énerve. Le temps de l'addition est proche, à régler par nous, et nous mesurons les efforts pour en sortir.
Il s’agit de milliards et d’années. Milliards à économiser dans la santé, l’école, les mairies… Milliards qui impliquent de ne plus rembourser ce qui ne sert pas et de moins rembourser pour changer les habitudes et faire plus attention à l’argent public. Il va falloir réduire les frais de maladie par des comportements plus préventifs et utilisateurs des nouvelles technologies informatiques. Il va falloir diminuer les avantages en nature pour la fonction publique, les employés d’EDF – qui devront payer l’électricité, de la SNCF ou d’Air France – qui devront payer leurs tickets. Il va falloir cesser de payer des chômeurs qui n’en sont pas, ne font pas d’efforts de recherche, ne veulent pas ce qu’on leur offre ou travaillent de manière intermittente… Sans compter les horaires de travail à augmenter, les arrêts de travail à surveiller et les retraites à recalculer. Et il va falloir réduire aussi ce mille-feuille administratif qui nous épuise et cette complexité de normes qui nous asphyxie. « Vaste programme », aurait dit le Général.
La Cour des comptes connaît bien tous ces milliards. Elle a la liste de ce qu’il faut faire pour réduire la dépense publique et gager ainsi la baisse des charges des entreprises. Plus besoin de chercher où économiser et de nommer une commission. Il suffit de lire ce qu’elle écrit depuis des années et de s’organiser pour passer à l’acte. Il faut réunir des structures, supprimer des normes et les papiers qui vont avec, privatiser, réduire, supprimer. C’est alors que tout va s’envenimer. Car nous touchons aux zacquis, aux entités, aux corps, aux habitudes – aux rentes et à ceux qui les défendent.
Plus le temps : 2014 devra être différent. Il faudra aller dans le vrai et les « débats » sur les Pactes et les Contreparties sont hors sujet. Impossible de se glorifier, comme en 2013, d’un déficit qui baisse de 12 milliards avec des dépenses qui augmentent de 2 grâce à des impôts en hausse de plus de 14 ! Déjà ceux prévus pour 2013 venant des sociétés et de l’impôt sur le revenu ne sont pas tous entrés et ont dû être compensés… par la TVA. Le signal est clair.
Ce qu’il nous faut, c’est une logique d’ensemble qui combine expansion privée et réduction publique, avec le courage politique qui va avec. D’un côté il faut plus de croissance privée par les marges, ce qui permettra plus d’investissement et d’emploi dans les deux à trois ans qui viennent. En sens inverse, ces économies de dépense publique vont peser sur la croissance, pendant deux à trois ans au moins. Mais le résultat net sera évidemment positif, d’autant plus que l’impulsion privée sera forte. Disons que nous allons vers 1 puis 1,5 % de croissance en 2014 et 2015, auxquels il faudra enlever 0,2 % puis 0,4 % du fait des baisses de dépense publique. Ceci nous donne 0,7 % puis 1,1 %, avec une réduction du déficit et une trajectoire de la dette enfin meilleure.
Standard & Poors il y a quinze jours, la Commission de Bruxelles avant-hier, nous ont accordé deux ans, pas pour nos beaux yeux. Pour voir si nous allons faire ce qu’annonce notre Président dès qu’il quitte le pays.