Que se passe-t-il en France ? Notre « petit débat »

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 Que se passe-t-il en France ? Notre « petit débat »

L’organisateur : Bonjour à tous. Le pays est méconnaissable, qu’on en parle en famille, à nos amis, voisins, collègues ou commerçants, et plus encore aux étrangers. C’est pourquoi nous sommes ici pour comprendre ce qui se passe et surtout faire des propositions. Le temps presse. Alors débattons !

La démographe : Permettez-moi de prendre la parole en premier. Pour moi, nous vivons les effets du vieillissement de la population. Nous sommes 67 millions, avec 144 000 naissances de plus que de décès aujourd’hui, le chiffre le plus bas depuis la fin de la dernière guerre. Certes, nous ne perdons pas 148 000 habitants par an en solde naturel comme l’Allemagne, une Allemagne qui ne s’en sort qu’avec l’immigration : +429 000 habitants au total. Certes, nous continuons à avoir une croissance « naturelle » de la population qui dépasse notre solde migratoire (+58 000 personnes officiellement), mais tout cela pèse : moins de jeunes et plus de vieux, des mariages plus tardifs et relativement plus d’immigrés. Nous voilà inquiets d’un « grand remplacement » et moins ouverts aux autres, dont nous avons pourtant plus besoin ! Donc plus de bébés et d’immigrés !

L’informaticien : Mais non, nous vivons une révolution technologique majeure, comme la vapeur et l’électricité ! Ce qu’on faisait ou savait faire va disparaître ou devenir inutile, si on ne change pas, ni ne se forme ! Donc plus de meilleures formations tout le temps !

L’urbaniste : Et n’oubliez pas les villes qui grandissent et pompent les autres. Paris se vide certes, mais les métropoles absorbent les jeunes et les talents, les villes moyennes s’étiolent, les bourgs rapetissent. Les prix des logements montent dans les grandes villes et tout est à vendre ailleurs ! Donc : tours !

L’écologiste : Mais que deviendra la planète ? Plus polluée, plus uniforme, plus dangereuse, moins capable de nourrir et surtout de donner à boire aux générations qui viennent ? Donc moins de villes mais plus grosses, ou bien plus de bourgs plus petits (je ne sais), avec plus de campagne, plus verte !

Le paysan : Mais avec moins de contraintes, de loups et de sangliers, et des prix de vente plus élevés, pour pouvoir vivre décemment !

Le gros distributeur : Non, il faut des prix plus bas pour soutenir le pouvoir d’achat. Si vous voulez mieux vivre spécialisez-vous, ou bien ayez de grandes surfaces et des fermes de 1000 vaches !

L’organisateur : N’oubliez pas que je dois faire la synthèse !

Le vert : Non, il nous faut retrouver les équilibres antérieurs, laisser reposer la terre, vivre aussi bien en gaspillant moins, et soutenir la diversité des espèces !

Le paysan : Faire cohabiter le loup et l’agneau ? Vivre moins bien, sous prétexte d’épargner la terre ? Mais on peut être plus moderne, efficace, productif, comme l’être humain l’a toujours été !

Le vert : Pas de caricature : on peut vivre aussi bien, sinon mieux, plus sobrement !

L’employé de la centrale nucléaire : Alors je change de métier et pose des éoliennes dont personne ne veut et qui sont moins efficaces que mes centrales ?

L’organisateur : N’oubliez pas que je dois faire la synthèse !

La fiscaliste : Notre système fiscal est incompréhensible et prélève plus que les autres : les deux sont liés. Les députés votent une taxe ou un impôt, puis les lobbies et oppositions réagissent, alors on redécoupe, avec limites, exemptions, taux différents, délais et le tour est joué : plus de rentrées, et plus d’opacité ! Donc moins d’impôts et taxes, en commençant par les petit(e)s, mais avec moins de dépenses !

L’égalitariste : Mais nous ne pouvons pas vivre dans ce monde si inégal ! Regardez les patrimoines des super-riches et ces banquiers ! Donc il faut taxer plus !

La fiscaliste : Sauf que les inégalités viennent surtout des différences de formation, de génération en génération. Donc il vaudrait mieux former avant, ce qui réduirait les écarts, que taxer après, ce qui ne résout rien !

L’économiste : La vraie pollution est politique. Pour les retraites, nous avons le totem de 62 ans contre 65 en 1982, mais en 1982 l’espérance de vie des femmes était de 79 ans et 71 pour les hommes, contre maintenant 85 ans pour les femmes et 79 pour les hommes : 7 ans de plus ! Et l’ISF rapporterait 3 milliards, face à un déficit budgétaire de 100 ! Et, avant de disparaître, il prenait de 0,5 à 1,5% du patrimoine, selon la taille, quand le bon du trésor à 10 ans rapporte aujourd’hui 0,3% : confiscatoire !

L’organisateur : N’oubliez pas que…