Aujourd’hui, le ralentissement chinois nous inquiète, mais nous ne voyons peut-être que le négatif. Les autorités chinoises ont reconnu que la croissance de la Chine allait vers 7,5 %, peut-être moins. Le Ministre des Finances, Lou Jiwei, dit même que 6,5 % ou 7 % ne serait pas "a big problem". Alors, les prix des matières premières agricoles, des minerais, du pétrole qui avaient tous beaucoup monté du temps de la Chine à 10 % de croissance se mettent à baisser. La locomotive qui tirait les prix des matières premières freine, peut-être fort. En même temps, le Yuan chinois, la Roupie indienne, la Livre turque, le Real brésilien faiblissent et l’euro monte. Nous achetons moins cher des produits qui coûtent chacun moins cher, avec notre monnaie qui devient plus forte. Avec le ralentissement chinois, notre pouvoir d’achat en matières premières importées augmente. Et ce n’est pas tout...
Source : Dares, notes de l’auteur
En même temps, nous le savons bien, la France est en récession depuis six mois, avec un chômage qui monte et s’installe. Les salaires nominaux augmentent peu ou pas, sauf le SMIC et les salaires voisins du SMIC qui sont indexés au prix.
Que se passe-t-il alors, quand l’inflation française décélère à ce point, que les prix des biens importés baissent, que les salaires les plus bas sont indexés à des prix prévus plus en hausse que ce qui se passe ?
Réponse : le salaire réel monte, surtout le pouvoir d’achat des plus bas salaires augmente. Il monte d’ailleurs à tel point que le revenu réel peut résister à la hausse actuelle des prélèvements sans pousser davantage le pays dans la récession. Le revenu disponible brut réel qui avait baissé de 0,4 % en 2012 regagne ainsi 0,8 % au premier trimestre 2013.
Notre grand monde ne pense pas vraiment à nous : il faut profiter des moments où il peut nous être favorable, en étant malins ! Tout communique en effet entre économies, de plus en plus, parfois en mal, parfois en bien. Aujourd’hui, avec cette désinflation plus forte que prévu, il faut que la BCE baisse encore ses taux et que nous en profitions pour nous endetter, le ménage pour acheter une maison, l’entrepreneur pour s’équiper.
Il faut surtout utiliser cette désinflation en France pour discuter dans l’entreprise, pour renforcer la compétitivité et l’emploi dans la durée. Ceci veut dire qu’il faut discuter des compléments de retraite, de rémunération dans la durée, de formation – puisque le salaire actuel « tient ». Ne nous lançons surtout pas dans des demandes d’augmentation qui nous fragiliseraient encore plus. Facile à dire, va-t-on nous dire, mais c’est aujour’hui la désinflation qui s’occupe du pouvoir d’achat ! Laissons la faire et utilisons en pour endetter la France à de meilleures conditions sur des durées plus longues, quinze ans, vingt ans, et profiter ainsi de ces basses eaux. Pensons à la nouvelle compétitivité, celle qui sera plus efficace et plus économe en énergie et plus « socialement responsable » car toujours plus soucieuse de compétitivité et d’emploi.
Nous vivons aujourd’hui, du fait de la décélération chinoise et de la crise de la zone euro, une situation très particulière de désinflation compétitive. Profitons-en. C’est quand même mieux, pour conquérir les marchés extérieurs, que de baisser les salaires comme les pays du Sud ont dû le faire. Et, dans cette logique, il vaudrait mieux que le livret A soit rémunéré à 1 %, pas à 1,25 %, pour baisser encore le crédit au logement et aux entreprises.
Alors : merci la Chine, merci la crise ? Sans aller jusque-là, apprenons à retourner la désinflation à notre avantage : l’histoire ne repasse pas les plats !