(Pseudo)-interview d’Emmanuel Macron

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 (Pseudo)-interview d’Emmanuel Macron

La Newsletter : Merci beaucoup, Président, de vous prêter à notre exercice !
Emmanuel Macron : Je vous écoute !

LN : D’abord, avez-vous vraiment désiré cette « majorité relative », autrement dit cette « minorité absolue » ? Ne regrettez-vous pas d’avoir fait aussi peu d’efforts dans les élections présidentielle et législatives ?
EM : Ce serait vous mentir que vous dire que j’ai tout voulu donc, en un sens, tout prévu. Certes, j’étais un peu pris par ailleurs : Brexit, Covid, Ukraine, Présidence européenne… Mais ce qui m’a surpris, c’est « l’opération Nupes » : sans elle, j’avais une majorité en béton ! Je dirais que ce n’est pas tant le talent de Mélenchon qui m’a échappé que l’angoisse devant leur mort du PS et du PC, une angoisse qu’il a bien exploitée. Donc, grave erreur de ma part.

LN : Pourtant, vous parlez encore du PS et du PC comme des « partis de gouvernement », autrement dit de compromis pour agir. Y croyez-vous ?
EM : Je n’ai pas le choix de l’appellation, eux non plus ! Pas pour tout de suite bien sûr, mais nous verrons bien, quand il s’agira des réacteurs nucléaires.

LN : Pas pour les hausses du SMIC ?
EM : Non, car elles sont trop propices à de la surenchère irresponsable. Mais attention s’ils en rajoutent pour les fonctionnaires quand la récession s’approchera, avec des déficits budgétaires qui montent, plus les taux d’intérêt, sur la dette publique.

LN : Peut-être les patrons vont-ils se réveiller ?
EM : Je l’espère ! j’avais demandé au Medef de m’exprimer son soutien, pensant que la CGPME ne s’engagerait pas pour moi, car il pouvait y avoir beaucoup de sensibilité RN parmi eux.

LN : Au fond, le SMIC diviserait à droite et le nucléaire à gauche ?
EM : Oui, les uns iraient rejoindre Philippe et les autres créeraient un Parti Socialiste Utile, un PSU !

LN : Avec les nippes de la Nupes, pour ne pas être dupes !
EM : Sérieusement, avec les crises actuelles ils ne pourront pas continuer longtemps leurs jeux de freinages.

LN : Et les médias !
EM : Ils vont m’aider, après avoir voulu ma mort.

LN : Ils en vivent !
EM : Oui, mais après m’avoir aidé à tuer Hollande et à m’ouvrir l’Elysée, ils ne supportaient plus ma majorité absolue : rien à dire pendant cinq ans ! Ils ont donc « socialisé » Marine Le Pen, par Zemmour interposé, puis monté la course aux sondages entre elle et Mélenchon, pour qu’il soit second et éviter le « match retour » Le Pen-Macron, dont ils connaissaient le résultat ! Ça n’a pas marché, donc ils veulent m’affaiblir, mais…

LN : Mais…
EM : Ils vont vite se lasser des discours europhobes de Marine et des invectives bolivariennes de Jean-Luc !

LN : Je peux vous citer ?
EM : Bien sûr ! Vous savez : je comprends que l’on ne m’aime pas, pas qu’on me haïsse. Voyez où nous en arrivons, en Italie, dans ce ping-pong entre médias et réseaux sociaux !

LN : Et vous continuez à être optimiste !
EM : Pas le choix : les Gilets jaunes ont duré plus d’un an et demi, avant d’aller aux deux extrêmes. Leur état d’esprit s’est plus répandu que perdu, on le trouve partout en Europe. Révolution industrielle, plus réchauffement climatique, plus Covid : pas besoin d’Ukraine et de Chine pour alimenter les fureurs !

LN : Et tout cela finit comment ?
EM : Côté XI et Poutine, les anti-libéraux recrutent en faisant peur, plus des crédits et des « cadeaux » aux dirigeants, en Afrique et ailleurs. Ici, les démocraties libérales ne savent toujours pas qu’elles sont ce qu’il y a de mieux et adorent se diviser, pour bien montrer qu’elles sont plus fortes.

LN : C’est ce que vous appeliez le multilatéralisme !
EM : Presque : une façon polie de dire que les Etats-Unis ne peuvent plus diriger le monde et que c’est inquiétant s’ils ne le reconnaissent pas et si nous ne nous unissons pas plus, ici, en Europe et avec eux !

LN : C’est désespérant !
EM : C’est la réalité. Si je dis que je suis inquiet, on me demandera ce que je propose, pour le détruire aussitôt. Et si je dis que c’est compliqué, la bourse baisse et la gauche exulte.

LN : Alors ?
EM : J’attends que les choses empirent ! Je ne comprends pas comment Zélensky va réussir. XI va être le grand gagnant. Les Allemands vont s’armer plus, en Amérique. Et l’Europe croit être plus forte avec des règles vertes ! Nous sommes en pleines guerres, directes et indirectes, sur plusieurs théâtres d’opérations et nos politiques ne pensent qu’à ma succession, avec Le Pen 59 ans en 2024, contre Mélenchon, juste 76.

LN : Vos derniers mots ?
EM : Putain, encore cinq ans !