Présidentielle 2022 : pas Macron, pas les autres non plus !

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 Présidentielle 2022 : pas Macron, pas les autres non plus !


Présidentielle 2022 :
les sondages sont formels. 36% des Français seulement accordent leur confiance au Président pour « affronter efficacement les problèmes du pays ». 60% ne le font pas et même 31% pas du tout, selon l’enquête Elabe. Mais, en même temps, 27% seulement pensent que Marine Le Pen ferait mieux que lui. C’est le pourcentage le plus élevé de tous les « remplaçants », devant Xavier Bertrand (21%), Jean-Luc Mélenchon (18%), Anne Hidalgo (17%) ou, plus loin, Yannick Jadot (10%), selon YouGov pour Linternaute !

 

Tout s’éclaire : les Français ne veulent plus du Président actuel, ou peut-être même de Président ! Sauf qu’ils ne veulent pas dire par qui ou quoi le remplacer, taisent leurs préférences, à moins qu’ils ne préfèrent jouir jusqu’au bout du spectacle qui se prépare. Oui : la France veut surtout du théâtre présidentiel, mêlant envolées, ruptures et réconciliations, avec le sel de quelques révélations, monétaires ou croustillantes. Plus Feydeau que Racine. Rien à voir avec la dure série télévisée des jeux américains. Là-bas, les combats se font par éliminations successives sur six mois, des 10 à 15 candidats, pour choisir celui, Démocrate ou Républicain, qui se présentera contre l’ancien Président, Républicain ou Démocrate, s’il se représente. Ceux qui perdent passent à la trappe, sauf si leur candidat gagne et s’ils peuvent lui servir, mais ils seront peu nombreux. En France, ce sont plutôt de longues joutes internes qui se préparent et se mènent au sein de 10 partis, plus pour peser que pour gagner. Un tiers des petits partis sera éliminé, beaucoup de joueurs demeureront en course, non plus pour être Président mais pour avoir un poste. Des morts aux États-Unis, des blessés ici.

 

Mais ce jeu électoral français est-il adapté au moment que nous vivons ? Pose-t-il des questions stratégiques sur le devenir de la France par rapport à la zone euro ? Comment se renforcer par rapport à une Chine qui s’approche et se rapproche de la Russie, tandis que les États-Unis veulent rentrer dans le jeu, mais moins que du temps d’Obama, leur souci majeur étant la Chine ? Et comment vont-ils agir et nous y impliquer ? Que veut dire « autonomie stratégique » européenne dans ce contexte, avec quelle transformation écologique, financée de quelle manière, et quelle armée ? Comment préparer la 6G qui vient ? Comment rendre plus résilientes nos chaînes de production et nos économies de services, dont le virus a montré la fragilité ? Comment gagner dans cette troisième révolution industrielle de l’informatique, qui bouleverse organisations, hiérarchies et savoirs ? Suffit-il de revoir notre passé colonial et esclavagiste, sans s’occuper d’ailleurs de tous ceux qu’ont eus les autres, pour avancer ? Qu’est-ce qu’une « société laïque » dans ce monde qui change, avec plus d’intolérance ?

 

La Présidentielle française de 2022 court le risque d’être obsédée par le virus et ses « responsables politiques nationaux », de parler peu de « multilatéralisme » et d’oublier qu’il implique que nous soyons plus puissants. Ah, que nous regrettons la Chine d’avant Xi, avec Deng Xiaoping et Hu Jintao, si modestes et coopératifs ! Mais en oubliant que c’est leur « modestie » qui a permis à Xi Jinping de l’être moins. Ah, que nous regrettons le doux Obama ! Mais si Trump choquait en demandant aux européens de cotiser pour plus de 30% dans cet OTAN qui les protégeait, était-il mercantile, ou réaliste ?

 

La vraie campagne Présidentielle commencera quand on parlera de la fin du « quoi qu’il en coûte ». Il faudra bien sortir de cette longue phase d’apesanteur où nous sommes par rapport aux lois économiques, où la dette permet tout, sous le noble prétexte de sauver des vies. C’est pourquoi on parle tant de « dette-Covid », à annuler, pour ne pas parler de la nouvelle phase historique qui s’ouvre, de ce nécessaire réveil. Ce qui nous ennuie, c’est que le moment des choix frappe à notre porte : c’est pourquoi nous regardons tant ce que fait Mario Draghi en Italie. Dans l’attente d’un miracle transfrontalier ?

 

1,1 milliard de dette publique française par jour ouvré, espérée à taux négatif en 2021 : « pourvou que çà doure » ! C’est pourquoi l’on discute de vaccins, de réduire le couvre-feu, de rouvrir les restaurants avant les régionales, pour prolonger ce temps béni.  C’est pourquoi on a tant besoin que le Président Macron nous parle, lui, de la fin du « quoi qu’il en coûte », quoi qu’il lui en coûte !