Inutile d’expliquer comment ce compte-rendu nous est parvenu.
Poutine (toujours Président) : Alors, où en sommes-nous ?
Belooussov (ministre de la Défense depuis le 14 mai 2024, à la place de Choïgou en poste depuis 2012) : En Ukraine, nous avons ouvert un deuxième front vers Kharkiv. Nous ne nous en sommes pas cachés : nous voulons qu’ils protègent cette ville et affaiblissent leurs lignes autour de Bakhmout et d’Ardivka.
Lavrov (toujours ministre des Affaires étrangères depuis mai 2004) : Et les États-Unis, après des mois de spectacle entre Trumpiens et Bideniens, viennent de voter 60 milliards de dollars d’obus à l’Ukraine. C’est ce qu’il lui faudra pour riposter à nos bombardements, jusqu’à l’élection de Trump. Après, ils n’auront plus de dollars et pas assez d’euros de ces Européens qui discutent sans cesse, n’ont pas d’argent et surtout n’osent pas nous affronter. Donc, nous gagnons en fin d’année.
Poutine : C’est peut-être le moment, par amis turcs interposés, de commencer à parler de cesser le feu ?
Belooussov : Oui, les Américains ne veulent pas que nous perdions et les Européens que nous gagnions. Ou l’inverse. Les Américains veulent que nous soyons plus faibles, les Européens que nous ne nous étendions pas à l’Ouest. En fait, personne ne sait comment nous faire perdre… sauf en nous faisant tuer des Ukrainiens, pour nous freiner ! L’Amérique veut se protéger et surveiller la Chine : c’est assez pour elle. Et l’Europe regrette 1990, ce temps où l’Otan-Amérique la protégeait, pour rien !
Lavrov : Oui, c’est le moment pour avancer nos pions et nous refaire. Nous aurions la Crimée, le Donbass, plus un autre accès à la Mer Azov, vers Marioupol. Nous accepterions de perdre quelques terres gagnées. Nous échangerions les prisonniers. Nous aurons la victoire généreuse.
Poutine : Donc, pas de paiement des réparations. Pas d’engagement de respect du cessez le feu, ne parlons pas de frontières. Un cesser le feu, pour bien montrer que nous avons gagné, mais sans engagement pour la suite, pour ceux qui n’ont pas compris.
Belooussov : Nous aurons l’accès à deux mers chaudes, le contrôle de celle d’Azov, nous aurons un bout de la Moldavie, plus des amis en Géorgie, Hongrie et Serbie. Nous préparerons nos extensions. Pardon : leurs libérations.
Lavrov : Et les Européens seront trop heureux d’offrir aux Ukrainiens de tout réparer. Ils ont toujours en tête l’effet vitrine de Berlin Ouest par rapport à Berlin Est, qui aurait fait tomber le mur !
Poutine : Ce qui est nouveau, c’est la décadence du capitalisme dont se rendent compte les pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. C’est la fatigue qu’amènent ces élections par rapport à la stabilité qui permet seule le développement. Il faut 5 ans pour construire une usine, 10 pour une centrale nucléaire, 15 pour une ligne de chemin de fer et 30 pour un barrage alors que dans ce qu’ils appellent démocraties, ils votent tous les ans. Mais ce n’est jamais le peuple qui dirige : c’est le temps.
Belooussov : Et nous, on détruit tout en un mois ! Rien ne vaut la force continue des troupes. Regardez le fameux « dôme de fer » israélien : imprenable, sauf s’il est percé par ceux qui exploitent la moindre faute d’attention.
Lavrov : La diplomatie, c’est la durée.
Poutine : J’ai compris vos messages, personnels je crois, et vous pose deux questions. Dans l’Opération militaire spéciale, qui a perdu le plus, et gagné le plus ?
Belooussov : Perdu — les USA avec Biden, l’Europe, l’Otan. Gagné — nous, bien sûr, et le Sud global.
Lavrov : Pareil. Perdu — les USA, avec Biden et Trump, la zone euro et l’Otan. La menace de riposte américaine ne tient plus et la France ne suffit pas. Gagné — nous évidemment, plus ces ambigus turcs et hongrois, plus les convertis d’Afrique, plus l’Iran qui a actionné le Hamas.
Poutine : Et la Chine ?
Lavrov : Xi a le temps pour lui, mais 1,4 milliard de bouches à nourrir, 10 fois comme nous. Ses « routes de la soie » pointent vers Pékin, tout le monde le voit. Il n’arrivera jamais à égaler la richesse américaine s’il bride ses capitalistes mais installe le Parti partout. Pas nous : on a vu où ceci nous a menés !
Belooussov : La Chine s’arme mais est obsédée par l’autosuffisance alimentaire, ce qui la conduit à surproduire par crainte de manquer de riz ou de blé. Elle empêche ainsi les émergents de s’industrialiser. Nous, nous avons du gaz et du pétrole à lui vendre !
Poutine : Les Chinois vieillissent dans le Parti. Autrement, ils gagnent.