Pour participer à la Primaire Populaire

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 Pour participer à la Primaire Populaire

 

Quand ? Du 27 au 30 janvier, il vous sera possible de désigner « la personnalité la plus à même de porter les valeurs écologiques, démocratiques et sociales et de rassembler autour d’elle pour l’élection présidentielle de 2022 ».

Comment faire et combien ça coûte ? Inscrivez-vous sur le site « la primaire populaire », c’est immédiat et gratuit. Et, le jour du vote, munissez-vous de votre portable, d’une adresse mail et d’une carte bancaire française (?).

Pourquoi voter ? Selon les promoteurs de la Primaire, c’est pour sauver la gauche, menacée de disparaître avec ses divisions, dans cette France où les votes à gauche diminuent devant le moindre engouement électoral des jeunes et le vieillissement de la population. Ces mêmes promoteurs ont prévenu : c’est « 2022 ou jamais », pour réunir des « citoyennes et citoyens déçus ou malmenés pendant les cinq années du mandat d’Emmanuel Macron (et souvent les précédents) » et qui cherchent une « méthode pour gagner ».

Quelle est la « méthode pour gagner », à gauche ? Ce sera un « vote au mérite », élaboré par deux mathématiciens français, Michel Balinski et Rida Laraki, en un tour. Il ne s’agit pas d’un vote numérique classique, où gagne celui qui a le plus grand nombre de voix, mais de choisir « le meilleur ». Ainsi, chaque votant notera chaque candidat : Excellent, Bien, Assez Bien, Passable, Insuffisant, A rejeter – ce qui correspond aussi à « non exprimé » : si on ne juge pas, on rejette.

Comment se fait le « dépouillement » ? Après le vote, l’ordinateur va classer les notes, depuis « A rejeter » jusqu’à « Excellent », pour chaque candidat et faire apparaître ainsi sa note moyenne, pour la comparer ensuite à celles des autres. Il s’agit donc de choisir qui aura la plus forte note moyenne : le plus fort mérite gagne ! Ce serait imparable.

Un Programme ? Pas du tout ! Puisque les partis de gauche ne parviennent pas à s’entendre, derrière leurs programmes, il faut les dépasser (à gauche ?). Voilà donc un « socle commun » de dix ruptures. Parmi elles : « la socialisation de la dette des agriculteurs et agricultrices qui passent à une agriculture bio » (combien ?), « un revenu de solidarité dès 18 ans » (jusqu’à quand ?) et « garantir une forme (sic) de sécurité alimentaire », « garantir l’emploi de tous et favoriser une forme (resic) de diminution du temps de travail » (comment ?), « réduire les écarts de salaires » (de combien ?), « relocaliser les activités » (toutes ?), « instaurer… le pouvoir de veto du Comité Social Economique» (?), doubler l’ISF, « pour qu’il génère 10 à 20 milliards d’euros par an – au lieu de 4 milliards avant la réforme Macron » (quels effets ?), plus la VIéme République et l’« abrogation de la loi de sécurité globale » (?).

Combien de candidats ? 7 aujourd’hui. Les promoteurs de la Primaire avaient établi l’an dernier une liste de dix noms qui pouvaient fédérer la gauche, mais comme Giraud, Autain et Ruffin ne sont pas candidats à la présidentielle, sept demeurent : Agueb-Porterie, Hidalgo (à voir), Larrouturou, Marchandise et Taubira, qui y sont favorables, avec Jadot et Mélenchon qui ont assuré ne pas y être.­

Est-ce qu’on peut tricher ? Non bien sûr, mais on peut toujours être malin ! Attirer plus de soutiens à X n’aidera pas, puisqu’il s’agit de mérites relatifs, mais ceci n’empêche pas que ces soutiens soient des votes polarisés, par exemple un grand nombre de « votants Taubira » lui donnant la note maximale et minimale aux autres. « Primaire » ?

Qui va gagner ? Taubira a le moins à perdre : on dira qu’elle aura secoué la gauche pour qu’elle s’unisse, ou joué perso, sans programme précis. Ce type de vote débouche en effet sur un résultat plus incertain encore que le vote majoritaire que nous connaissons, d’où les hésitations d’Anne Hidalgo qui n’est pas sûre de sa « note », et avance son programme, tandis que Mélenchon et Jadot optent pour un jeu solitaire.

Un « vote populaire », est-ce dangereux pour la démocratie ? Oui, s’il s’agit de substituer une « démocratie directe » à la démocratie indirecte, avec ces « socles » extrêmes, sans actions chiffrées. Oui, si l’on croit que parler de Primaire populaire rapproche du consensus, alors que la démocratie directe, instable, en éloigne, ouvrant la porte au populisme, non au « mérite ». Oui, si l’on croit que le fractionnement des partis se répare mieux par des vedettes que par des analyses géopolitiques, des programmes, des débats, des votes multiples et… populaires.