Paris ville-monde : une gouvernance claire pour réussir, avec du courage.

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La France n’a qu’une ville-monde : Paris. Elle doit la réussir dans la concurrence actuelle des villes-monde. L’histoire mondiale ne repassera pas ce plat. L’Allemagne prépare Berlin-Francfort. L’Angleterre a déjà Londres. Il n’y aura plus d’autre vraie place en Europe continentale. En Asie, la Chine prépare Shanghai, sachant que les Etats-Unis ont déjà New-York, et depuis longtemps. Au fond, l’économie mondiale va se créer autour d’une dizaine de métropoles. Ces « villes-mères » concentreront les richesses, les savoirs, les bons esprits, les grands spectacles et les musées. Elles attireront les regards. Elles dynamiseront leurs alentours.

villes-monde

Les derniers chiffres ne sont pas bons. Paris (le Grand Paris) construit moins de bureaux et de logements que Londres et l’Allemagne en 2013. Paris se complique la tâche avec des débats interminables sur les responsabilités de chacun, les rôles et prérogatives de tel ou tel. Paris est chère avec ses logements et ses normes pour les bureaux. Paris est lente à décider, à débloquer les terrains. La loi est en passe d’être votée, mais elle ne règle pas tout, et elle n’est pas limpide. Paris prend son temps. Autrement dit : elle le perd.

Or une ville monde, c’est d’abord une structure lisible. Il lui faut une logique de commandement simple, une gouvernance efficace comme on dit aujourd’hui. Efficace, c’est-à-dire unique. Il faut une unité de commandement pour fédérer d’abord les communications, à savoir la mer (pas de ville-monde sans accès à la mer), les grands aéroports internationaux, les réseaux de routes et de chemins de fer. Il faut une unité pour débloquer les terrains et faire ainsi baisser le prix des bureaux et des logements, avec une logique de densification avouée autour de villes qui auront des tailles minimales significatives. C’est 100 000 mètres carrés de bureau par pôle, autour d’une expertise donnée (un pôle de compétitivité par exemple), avec les logements qui vont avec, ou c’est rien. Voir petit, c’est ne rien voir.

Construire une ville monde, c’est dessiner la France de demain et d’après-demain, pas nécessairement gagner les élections des mois qui viennent. Il faut une vision de l’intérêt général, des capacités fortes d’explication et de conviction. Bonne chance donc à ceux qui vont mettre en place les décisions actuelles, avec les Paris, les départements, la région, les inter-communalités… et j’en oublie.

Et il y a un fantastique enthousiasme pour réussir l’opération. Ce sont les opérateurs de transport, du foncier, les pôles de compétitivité, les universités et centres de recherche. Il y a tout pour réussir… comme le nœud gordien fournissait toute la matière, sans la solution. Il va donc falloir trancher : sans enthousiasme, rien n’est possible, mais avec l’enthousiasme seul, sans trancher, rien ne vient. Donc une gouvernance claire et unifiée, donc une politique foncière enfin courageuse, donc une densification avouée, donc un réseau de villes de grandes tailles, avec des bureaux et des logements à des prix accessibles, autrement dit « maîtrisés », grâce au foncier. Est-ce donc trop demander ?

Nous sommes face à une responsabilité historique : la France a Paris, Paris a la France.