OMS : « Oh Me Suis-je-trompé » ?

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 OMS : « Oh Me Suis-je-trompé » ?

23 janvier : analysant l’épidémie de coronavirus partie de Wuhan, l’OMS écrivait que la menace était « modérée ». Mais il fallait lire : « élevée » ! L’Organisation admet avoir fait une « erreur de formulation ». « Nous l’avons corrigée », explique à l’AFP une porte-parole, qui ajoute : « cela ne veut absolument pas dire que nous avons changé notre évaluation du risque, mais cette erreur s’est glissée » !

 

Et là n’est pas le plus préoccupant. En effet, après avoir discuté, les membres du Comité d’urgence du Règlement sanitaire ‎international (RSI) de l’OMS analysent « la flambée » du nouveau coronavirus (2019-nCoV) en prenant en compte différents paramètres, « mais pour ne pas conclure à une USPPI, une Urgence de Santé Publique de Portée Internationale. Pourquoi ? « Compte tenu de son caractère restrictif et binaire » !

 

Mais, par nature, une urgence sanitaire est restrictive. Elle restreint les mouvements de population, sinon les empêche, pour freiner la propagation. A fortiori si l’urgence est mondiale. Par nature, elle est aussi binaire : il y a urgence ou pas ! Une USPPI, selon l’OMS elle-même, «s’entend d’un événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque international de propagation de maladies et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée». On comprend les difficultés du diagnostic qui sera, par construction, restrictif, binaire et mondial ! C’est à cela que sert  l’OMS : aider à guérir en prévenant de façon claire !

 

 

30 janvier, l’OMS révise son jugement : il s’agit d’une USPPI ! Donc : « les pays doivent prêter une attention particulière à la réduction de l’infection chez l’homme, à la prévention de la transmission secondaire et de la propagation internationale, et s’attacher à contribuer à la riposte internationale ». Normal.

 

Mais, «  le Comité (d’urgence) a reconnu que, d’une manière générale, les faits ont montré que la restriction de la circulation des personnes et des biens pendant les urgences de santé publique peut être inefficace et peut détourner des ressources d’autres interventions. En outre, les restrictions peuvent interrompre l’aide et l’appui technique nécessaires, perturber les entreprises et avoir des effets négatifs sur l’économie des pays touchés ». Alors quoi ?

 

Donc, ce Coronavirus serait une « épidémie grave et de portée internationale, mais… » ! L’OMS est-elle victime de deux syndromes : celui de « la fausse alerte » et celui de « la crainte du diagnostic » ?

Le « syndrome de la fausse alerte », serait attentatoire à sa crédibilité, compte-tenu des conséquences négatives (sociales, économiques, financières…) d’une erreur. Crier au loup trop souvent inquièterait de moins en moins, jusqu’au jour où le loup arrive. En économie et en finance, tel n’est pas le souci : le FMI a dénombré 150 crises bancaires et financières depuis 1970, soit trois par an, celles des grands pays étant évidemment plus dangereuses. Heureusement : que serait-ce si on n’alertait pas ? Ceci ne signifie pas qu’on n’écoute plus les « prophètes de malheur » financiers ou qu’on ne moque pas les annonces de récession des économistes : tout ceci entretient une culture de l’attention et de la vigilance, qui n’est pas si malsaine. L’OMS devrait alerter mieux et plus souvent des crises, sans presser pour autant sur le bouton atomique de l’USPPI.

 

Le syndrome « de la crainte du diagnostic » est plus grave. Ne s’agirait-il pas de la peur d’irriter le puissant ? C’est alors qu’on comprendrait ces étranges remarques de l’OMS sur l’inefficacité possible des restrictions, si contradictoires avec son diagnostic. Bien sûr, la Chine et ses voisins, les Chinois ici, les transporteurs aériens, le tourisme… vont souffrir. Toute médecine à des effets secondaires. Mais l’essentiel est d’arrêter cette maladie qui incube pendant 15 jours et se propage plus vite que le SRAS et d’éviter qu’elle ne se répande trop en Afrique.

 

« Faire du bien, ou au moins ne pas faire de mal », disait Hippocrate. Dans leur serment, les médecins français disent : « J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences » et juste avant « même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité ». L’erreur est moins grave qu’hésiter devant le diagnostic : la crédibilité vient plus du courage de décider que de la peur de se tromper, pour votre médecin ou l’OMS.