Barack Obama : Allo, vous êtes là ?
Angela Merkel (AM), François Hollande (FM) et Theresa May (TM) : oui Barack !
BO : merci d’avoir répondu à cette heure et en pleines vacances !
Tous : mais nous ne sommes pas en vacances, avec tout ce qui se passe, chez nous et chez toi !
BO : c’est pour ça que je vous appelle. Vous avez vu cette déferlante Trump, sur son parti et partout. Elle m’inquiète : vous allez la retrouver bientôt chez vous, dans vos campagnes électorales. Il ne s’agit pas d’inégalités à réduire, car il n’est pas bien placé pour ça, mais de migrants à refouler, de religions à bannir et de peurs à alimenter, avec l’idée du chacun pour soi, chez soi.
AM : j’ai vu ici les effets de ce populisme. Vous comprenez que je suis très sensible à ces poussées nationalistes. Mais c’est difficile d’y répondre seuls : il nous faut être plus unis, dans l’Otan et en Europe.
FH : bien d’accord, moi aussi j’ai ce problème. Et, pour avoir plus de croissance, j’entends dire partout, notamment d’Allemagne, que je dois faire plus de réformes. J’aimerais vous y voir, avec ma CGT-SNCF, sans compter ces pauvres pilotes d’Air France ! Alors mon choix est tout fait : soit je suis élu, soit c’est l’horreur. Et pour que je sois élu, il faut que j’augmente les fonctionnaires (ça marche toujours), puis que je profite de ces taux bas pour dépenser plus et accroître le déficit ! Donc il faut m’aider.
TM : moi aussi il faut que je m’adapte, et désolée de vous embêter ! Le Brexit c’est le succès des populistes, plus inquiets des migrants que des inégalités, là aussi. Donc il faut m’aider, moi aussi.
AM : je vous vois venir. Il faut que je demande à mon Ministre des finances, le cher Schäuble, d’être plus cool sur la dette et sur le déficit et, pour vous Theresa, plus cool sur le passeport financier, afin que votre chère City ne souffre pas trop ? C’est beaucoup.
FH : c’est même trop. J’ai remarqué que Schäuble est devenu plus soft avec nous tous, les pêcheurs, mais je me dis que c’est parce qu’il est peut-être plus inquiet pour la Deutsche Bank et la Commerzbank. Quant au passeport financier, je sais bien que la City ne va pas se ruer à Francfort, mais il faut au moins la faire payer un peu et en prendre des bouts.
BO : mais le compte n’y est pas ! Vous oubliez Trump et ses émules. Vous pensez les terrasser avec des misères que vous feriez à Theresa sur le passeport financier et vous François avec des augmentations aux enseignants !
AM, TM et FH : c’est vrai. Hillary est le vrai rempart, donc nous allons tous critiquer ce Trump !
BO : merci, mais pas sûr que ça suffise. Ce qui serait bien, ce serait qu’il reçoive des messages de soutien de Poutine ou de Xi Jinping ! Je rêve peut-être, mais ce qui est inouï avec les électeurs de Trump, c’est qu’ils font leur jeu, tellement ils détestent Hillary.
AM, TM et FH : c’est psychanalytique !
BO : non c’est la crise. Elle désespère partout les « petits blancs », perdus devant les nouvelles technologies et qui se vivent comme poussés dehors par les Mexicains, les Chinois, les Polonais, en attendant l’Afrique noire ! Chômage plus peur égale populisme, en attendant pire.
AM, TM et FH : et alors ?
BO : il faut plus d’union en Europe et entre nous. Pour le Brexit, prenez votre temps. Pour renforcer vos armées et vos systèmes de surveillance, allez au contraire plus vite. Et pour les déficits et les dettes, on doit se dire qu’il faut plus de grands travaux, des ponts, des routes et des fibres optiques, en même temps que plus de souplesse, de flexibilité et beaucoup plus de formation pour l’emploi.
AM : il va falloir convaincre chez moi !
TM, BO et FH : ce sera plus facile que pour les migrants, tu as fait le plus dur ! Regardons-nous : nous sommes des économies et des sociétés vieillissantes, donc moins ouvertes et plus peureuses. Notre productivité, donc notre croissance, sont en jeu. Et quand on voit la démographie africaine, il vaut mieux se préparer à un gigantesque plan mondial, pas seulement Marshall, si on veut exister dans cinquante ans.
BO : un super plan pour l’Europe et un plan mondial pour l’Afrique ! Trump va dire que je retourne chez moi ! J’en parle à Hillary en lui disant qu’on va financer des projets pour nos entreprises et nos emplois, comme en 1947 !
TM : moi je demande à Boris Johnson d’y aller.
AM : moi je dis à Schäuble de se calmer, à Junker qu’on a trouvé cent fois plus grand que son plan et à Draghi de financer pour ici.
FO : et moi j’ai un poste pour Macron !