La Newsletter France : le tournant de la vigueur ?

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Ce monde va mieux, sauf en zone euro, mais il s’inquiète quand même sur sa convalescence. La sortie de crise débouche en effet sur « un autre monde », avec ses nouvelles hiérarchies. Les nouveaux rapports Etats-Unis Chine ne vont pas être faciles. Et la zone euro est à la peine dans cette nouvelle configuration. Elle a plus de problèmes et de complexités, avec moins de marges de manœuvre. La France est atteinte par la récession, parce qu’elle n’a pas assez de croissance, trop d’impôts et surtout manque de signaux clairs sur sa stratégie. Peut-être qu’un « tournant de la vigueur » va enfin y naître, avec un Président Hollande qui voudrait changer le pays, avec l’aide de syndicats réformistes ? C’est, en tout cas, la chance que Berlin et Bruxelles lui laissent en lui accordant plus de temps pour réduire son déficit budgétaire. La dernière ?

 

3 vitesses : pour le monde.

C’est Olivier Blanchard, l’économiste du FMI qui parle, et le problème est ici. « Ce qui était jusqu’à maintenant une reprise à deux vitesses, rapide dans les pays émergents et les pays en développement, mais plus faible dans les pays avancés, devient une reprise à trois vitesses. Les pays émergents et les pays en développemen  continuent d’afficher une croissance vigoureuse, mais, dans les pays avancés, il semble y avoir une divergence croissante entre les États-Unis, d’une part, et la zone euro, d’autre part. »

Les marchés financiers vont suivre de près la croissance chinoise. Elle est dopée au crédit, elle aura des difficultés pour exporter, notamment vers une Europe en récession, sachant que les Etats-Unis veulent que le Yuan, la monnaie chinoise, monte. Pas facile.

La croissance américaine va être compliquée à tenir. Certes la demande privée remonte, mais des serrages plus forts vont s’exercer sur la dépense publique et la Fed ne pourra pas toujours abaisser artificiellement les taux longs. Pas facile.

La zone euro est en récession. Elle se donne encore deux années pour amorcer son rebond, en freinant ses politiques de réduction du déficit budgétaire. Pas facile

 

3 flèches : pour le Japon. C’est la politique du premier ministre japonais, Shinzo Abe.

La première flèche, c’est une politique monétaire hors norme d’achat par la Banque centrale de bons du trésor et de crédits commerciaux, pour faire remonter l’inflation en abaissant le yen.

La deuxième flèche, c’est l’augmentation encore accrue du déficit budgétaire.

La troisième, c’est la politique dite « croissance », avec des réformes, notamment du marché du travail. En attendant que les flèches 2 et 3 soient décochées, la première a fait baisser le yen, fait partir des capitaux japonais inquiets de l’inflation pour acheter des bons du trésor allemands et français. Elle est en train de chambouler les anticipations mondiales d’inflation, ce qui inquiète tout le monde.

 

+ ou – : pour les Etats-Unis.

C’est ainsi que le FOMC, Federal Open Market Committee qui règle la politique monétaire américaine, « précise » ses choix en matière d’achats de Bons du Trésor et de Bons hypothécaires. The Committee is prepared to increase or reduce the pace of its purchases to maintain appropriate policy accommodation as the outlook for the labor market or inflation changes.

Alors: plus ou moins ? Difficile de dire… pour gagner du temps et pour éviter à tout prix une remontée forte des taux longs qui risquerait de stopper net la reprise en cours.

 

– 25 points de base + ready to act if needed: pour la zone euro.

Mario Draghi a annoncé la nouvelle que tout le monde attendait : une baisse des taux de la BCE de 0,75 à 0,5 %, mais il a ajouté cette phrase, ready to act if needed, pour permettre à la baisse des taux de fonctionner et surtout préparer la suite.

Quel artiste ! Mais quelle suite ? Des achats de crédits bancaires packagés par les banques et vendus aux gestionnaires d’actifs, bref des Asset Backed Securities ?  Mais il faut du temps pour oublier le passé (la crise américaine), faire naître ce marché en zone euro… et convaincre la Buba. En attendant, les banques sont incitées à prêter plus aux PME, mais les PME ne demandent pas, ou pas encore, plus de crédits !

 

0,1 % de croissance en 2013… au + : pour la France ?

Disons que la France est en récession, que les hausses d’impôts pèsent et que le moral des patrons et des ménages est au plus bas. La France vient d’obtenir deux ans de plus pour réduire son déficit à 3 % du PIB (nous n’en sommes pas encore aux excédents). Merci !

Mais pourquoi donc cette gentillesse de la Commission de Bruxelles ? Parce qu’une forte récession française aurait anéanti l’amélioration qui se mettait en place en zone euro et détruit toute la politique de réformes. Une France en récession trop forte aurait fait tout dérailler. Il fallait donc « donner du temps au temps » pour que la France entre dans les clous. Et on se doute que Berlin n’est pas loin.

En même temps, le Président Hollande change peu à peu de politique : les réformes du marché du travail avancent dans le privé (avec la loi qui vient d’être votée sur la flexisécurité à la française) et des simplifications s’annoncent dans le public. Une voie allemande ?