Brésil, Turquie, Russie, Italie, Royaume-Uni, en attendant France et États-Unis : les Etats-malades du COVID-19

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Le COVID-19 frappe le monde entier, allant vers 54 millions de cas, dépassant 1,3 million de morts. Mais il frappe plus fortement les économies déjà financièrement fragiles, endettées, mal préparées ou désunies. Les taux de change donnent ainsi le signe le plus contrasté des effets du virus, tels que les

Brésil, Turquie, Russie, Italie, Royaume-Uni, en attendant France et États-Unis : les Etats-malades du COVID-19

Brésil, Turquie, Russie : les pays les plus affectés par les chutes de leurs taux de change

Le Brésil est le troisième pays du monde par le nombre de cas, avec près de 6 millions, 27 310 cas et 780 morts par million d’habitants. En même temps, sa monnaie a perdu 36% de sa valeur depuis début janvier par rapport au dollar. Selon l’OCDE (en septembre), son PIB devrait baisser de 6,5% cette année pour remonter à 3,6% en 2021, pesant donc sur la croissance potentielle, dans un pays avec plus de 14% de chômeurs officiels et 4% d’inflation. Seul espoir : l’export (vers la Chine ?).

 

La Russie voit le Rouble perdre près de 25% depuis janvier et est très touchée par le virus. Officiellement, elle reconnaît 1,9 million de cas, 13 000 par million d’habitant, avec 225 morts. La Russie verrait ainsi sa croissance baisser de 7,3%, suivie d’une modeste remontée de 5% en 2021. Elle se trouve sans doute affectée par la baisse du prix du pétrole et par le contexte géopolitique qui inquiète, avec l’effet des sanctions américaines.

La Turquie aurait près de 410 000 cas, 25ème pays du monde, 4 820 par million d’habitant et 135 morts : rien de dramatique par rapport à d’autres pays bien plus atteints, sauf qu’il s’agit là d’un pays en forte récession, financièrement fragile, avec des problèmes politiques et géopolitiques internes et externes, et une inflation de 12%. C’est d’ailleurs cette remontée de l’inflation face à une Banque Centrale qui ne voulait pas monter ses taux, fixés à 8,5% sur ordre du Président Erdogan, qui a fait plonger la devise et les marchés. Jusqu’à ce que le Président chasse le Gouverneur, pour en nommer un qui monte immédiatement les taux à 10,25% en octobre, ce qui fait remonter la bourse – soulagée, sachant que le Président fait également partir le Ministre de l’économie (qui est aussi son gendre…). Ambiance.

L’Afrique du Sud très touchée (PIB -11,5% en 2020, 1,4% en 2021) et l’Inde (-10,2%, +10,7% en 2021) voient leurs devises dévisser encore. La situation de l’Afrique du Sud devient dramatique, conduisant au FMI. L’Inde vend une part de ses réserves de change et ouvre le marché de la dette aux investisseurs étrangers, avec l’idée de freiner la perte de confiance et de favoriser la reprise.

 

Les États-Unis inquiètent par le nombre de leurs cas et leur situation politique, suite aux incertitudes liées à leur élection présidentielle

C’est, avec plus de 11 millions de cas, le pays le plus atteint du monde, avec 33 365 de cas par million d’habitant, qui vient après… 45 230 en Belgique (pays qui connaît une situation dramatique). Le nombre de nouveaux cas va vers 200 000 par jour aux Etats-Unis, le maximum annoncé par le Dr Fauci, à un moment où ce chiffre était le tiers ! Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que l’indice de confiance des consommateurs calculé par l’Université du Michigan chute à 77 en novembre, contre 82 attendus, au-dessous donc du niveau de 81,8 en octobre.

 

Mais un nouveau vaccin (Pfizer BioNTech) est annoncé pour bientôt aux Etats-Unis, avec 90% de taux de réussite (et d’autres suivront en Chine et en Angleterre) ! Ce contexte sanitaire et politique, qui inquiète, ne fait alors guère que modérer le sursaut des bourses mondiales qui montent plus (Nikkei), reviennent en territoire positif (Dow Jones) ou réduisent leurs pertes (CAC 40 et FTSE). Pour toutes, l’horizon s’éclaircit : il n’y aura plus de fermetures totales mais partielles, le temps que les vaccins fassent leur effet, les Banques Centrales, la Fed en premier, continuant leur office. Dans un tel contexte, il est prévu que le PIB américain baisserait de 3,8% en 2020, avant de remonter en 2021 de 4%. Bien sûr, on attend l’issue des élections pour voir plus clairement.

 

L’inquiétude italienne remonte avec le nombre de cas de COVID-19 : un pays surendetté et menacé par la déflation, même si la Banque Centrale Européenne le tient à bout de bras

L’Italie est frappée pour la deuxième fois, alors qu’elle avait été l’épicentre de la pandémie hors Chine en mars et que l’on croyait qu’elle avait éradiqué le problème chez elle. Mais tel n’est absolument pas le cas, avec 40 000 cas par jour et une saturation du système hospitalier. Dans un tel contexte, la confiance des entrepreneurs replonge selon l’indice Markit, ce qui met en question non seulement la perte de PIB de 2020 estimée à 10,5%, mais plus encore la reprise à 5,4%, non seulement faible mais encore menacée.

 

Avec une reprise partout revue en baisse, les effets des vaccins n’étant pas encore pris en compte, les marchés anticipent un creusement des déficits budgétaires et donc des besoins d’emprunts. Mais en Italie, ceci aura lieu dans un contexte où l’inflation est faible, sinon négative à -0,3%, ce qui implique une mobilisation forte de la BCE qui soutiendra sans limite le budget italien (en augmentant ses enveloppes d’achats de bons du trésor) et les banques italiennes. L’Italie est le point faible du système européen, sans autre vraie solution que des restructurations profondes et des cessions aux entreprises allemandes, françaises ou chinoises – ce qui ne pourra pas aller sans problème politique. La BCE lui prête… du temps pour faire les réformes, à des taux nominaux très bas, attendant que l’inflation remonte. Sans taux réels négatifs, l’économie italienne continue de s’enfoncer.

 

Royaume-Uni : entre COVID-19 et Brexit, les soutiens de la livre et de la Banque Centrale

Le COVID-19 frappe très fort au Royaume-Uni, avec un nombre élevé de décès : 754 pour un million d’habitants, contre 730 en Italie et 672 en France, moins qu’en Espagne (872) mais bien plus qu’en Allemagne (149). C’est ce chiffre qui attise les difficultés du gouvernement et conduit à des changements dans l’équipe qui entoure Boris Johnson, avec l’espoir des marchés qu’un accord pourrait être trouvé pour gérer le départ de l’Union Européenne. Dans une semaine ? C’est peut-être ce qui explique la remontée de la livre, la bonne tenue des taux longs et la réduction de la baisse de la bourse.

 

Les nouveaux cas de COVID-19 en France

La France entre dans son deuxième confinement, avec plus de problèmes de réglages que le premier puisqu’il est partiel, suscitant des écarts de situations entre secteurs ouverts et fermés, avec des aménagements pour du « click and collect » et (bien sûr) des irrégularités. Les derniers résultats en nombre de cas sont plus satisfaisants, toute la question portant sur les vacances de Noël, aussi incertaines que décisives pour nombre de commerces, donc ensuite de producteurs. L’enquête Markit de fin octobre montre des anticipations plus inquiètes de la part des entrepreneurs, avec encore moins d’investissement et d’emploi que prévu.

Les nouveaux cas de COVID-19 en France

 

La France est ainsi dans une situation précaire et intermédiaire, avec l’idée que ce deuxième confinement serait moitié moins grave que le premier : 13% de perte d’activité en novembre, contre 31% en avril, selon une enquête de la Banque de France auprès de chefs d’entreprise. La bourse réduit ses pertes et les taux des bons du trésor restent remarquablement accommodants (-0,3%), même si le montant des emprunts publics explose.

 

Chine, Or et Nasdaq : les trois gagnants

La Chine est la seule reprise en V : +1,6% en 2020, +8% (au moins) en 2021, Yuan en hausse et bourse de Shanghai toujours positive, avec officiellement (bien sûr) 86 000 cas, 60 par million d’habitants et 3 décès… L’or a gagné 24% depuis janvier (le baril de brent a perdu 36%) et le Nasdaq 35%. En attendant « l’après-COVID-19 », voici ceux qui auront les moyens d’avancer.


Atlantico

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