MBS appelle Poutine

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 MBS appelle Poutine

Pour les rares qui ne le sauraient pas : Mohammed ben Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, que l’on nommera ici cavalièrement MBS, sera sans doute le prochain roi d’Arabie saoudite, dont il est Premier ministre. Il a 37 ans, son père 87, donc… A l’autre bout du « fil », Vladimir Vladimirovitch Poutine, qui a 70 ans, est actuellement Président du gouvernement et président de la fédération de Russie. Et semble appelé à le rester. S’il reste…

 

MBS : Président Poutine, mais qu’est-ce qui t’a pris d’attaquer l’Ukraine ? Tu me ruines !

Poutine : Te ruiner, toi, mais c’est impossible ! Tu es bien plus riche que moi, tu as plein de pétrole à toi, et peux aller où tu veux. On t’y fera une sorte de sourire, pas à moi.

 

MBS : Oui, je sais bien que quand ils me serrent la main dans mon pays, ils ont peur et, quand je suis ailleurs, ils voient un baril. Mais il va m’en rester plein, des barils, enfouis sous mon sable, à cause de toi !

Poutine : Mais enfin, dis-moi ce qui t’arrive. Tu m’inquiètes.

 

MBS : C’est simple, quand tu as attaqué l’Ukraine, pour des raisons multiples et changeantes, tu as réveillé les Allemands. Ils se sont rendu compte qu’ils vivaient bien, comme toi, mais beaucoup grâce à toi. Surtout trop grâce à toi, à ton pétrole et à ton gaz : ils étaient dépendants de toi, avec tes tubes sous-marins.

Poutine : Quelle surprise ! Ils ne le savaient pas, quand ils signaient ? Et tes clients à toi, ils ne dépendent pas de ton pétrole ?

 

MBS : Peu importe, car c’est avec ta guerre que les prix du gaz et du pétrole se sont envolés, que l’inflation est montée, avec les taux d’intérêt, et que la croissance a fléchi. Et tout ça fait plonger la demande et le prix du baril.

Poutine : Mais c’est toujours pareil : il monte, baisse, puis remonte.

 

MBS : Sauf que cette fois, il y eu la Cop 21 à Paris avec sa suite, pour s’alarmer chaque année du réchauffement climatique et prendre des mesures pour l’arrêter, au moins pour le freiner. Donc moins de pétrole et de gaz pour nous tous et dans moins d’années, chaque fois qu’ils se réunissent !

Poutine : Et alors ! Ils en auront encore longtemps besoin. Je te propose de te le prouver. A notre prochaine réunion de l’Opep+ à Vienne, note que ce « + » c’est parce que je suis là…

 

MBS : Je sais, et alors ?

Poutine : On leur propose de pomper moins…

 

MBS : Bien sûr que ça pourrait marcher, mais les émirats investissent pour produire 1 million de barils de plus par jour, alors qu’on avait décidé d’en produire 2 de moins. Abou Dhabi menace de claquer la porte. J’en ai assez, moi, de faire l’ajustement, alors que j’ai mes frais, moi. J’investis dans l’après-pétrole, chez moi ! Des villes intelligentes décarbonées, des stations de ski dans le désert. Donc non.

Poutine : Mais tu es fou ! En plus, il y a les Européens. Ils veulent limiter le prix de mon baril à 65-70 dollars. Oui je sais, les Grecs veulent un prix élevé, donc pas de vrai embargo : ils en transportent la moitié dans leurs bateaux, mais les Polonais veulent 30 dollars, pour m’asphyxier ! Donc non.

 

MBS : Mais on dit partout que tu es coincé avec ton baril à 50 dollars que tu vends à tes amis chinois et indiens, alors qu’il te revient à 40. Tu ne gagnes pas assez, donc tu n’investiras pas assez, ne produiras pas assez, tes prix monteront… Donc tu aides les autres à rentabiliser leurs éoliennes et fermes solaires qui produiront de l’électricité verte, donc de l’hydrogène vert : notre mort !

Poutine : Donc, tu me proposes quoi ?

 

MBS : La paix des braves avec l’Ukraine, pour stabiliser le prix du pétrole et continuer à en vendre.

Poutine : Mais c’est me demander de perdre, de m’humilier !

 

MBS : Tu ne comprends pas que si tu gagnes, les Etats-Unis eux seront humiliés. Ils financent l’Ukraine, en priant pour qu’elle résiste à l’hiver. Tu te bats pour le compte de la Chine contre les États-Unis, par l’Ukraine interposée. Si tu gagnes, tu seras encore moins fréquentable que moi. Si tu acceptes l’offre de négociation de Biden, tu t’en sors, tu auras un bon bout d’Ukraine et la Chine soufflera.

Poutine : Mais j’ai dit non à Biden !

 

MBS : Renvoie-lui un message.

Poutine : Au fond, tu me proposes de m’humilier pour ton pétrole.

 

MBS : Et de nous sauver de ces Cop, pires que la démocratie. On t’en tiendra compte. Regarde Xi avec son zéro Covid : il en sort peu à peu, autrement les Américains gagnaient.

Poutine : Tu me demandes de sauver l’Opep, avec un +, et les régimes illibéraux, comme ils disent, plus la Russie…

 

MBS : Et plus notre peau, dont la tienne.