Macron : ma succession en 10 points

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 Macron : ma succession en 10 points

Évidemment, ce papier n’aurait jamais dû nous parvenir, si un proche conseiller du Président ne l’avait oublié dans un taxi. Il était très pressé, car en retard pour un rendez-vous, très important, à l’Élysée.

1 – Fin avril ou mi-mai 2027 : deuxième tour de l’élection présidentielle en France. Objectif : obtenir la deuxième place pour le(la) seul(e) candidat(e) macronien(e), derrière la première, Marine Le Pen. Il y aura au moins dix candidats pour la Présidence au premier tour, entre ceux qui se battent pour leurs idées et surtout ceux qui luttent contre celles des autres. Dans ce contexte confus, la deuxième place est ce qu’il nous faut absolument gagner pour bénéficier ensuite de ralliements. Certes, être en tête serait mieux : on nous rappellera toujours cette position seconde. L’humiliation terrible serait d’être troisième : tout serait alors perdu. L’humiliation réelle serait de perdre au second tour, quand on a été en première position au premier : on ne sait jamais ce que donne le jeu des « tout sauf » X ou Y auxquels tous joueront. La véritable victoire est d’enclencher, puis réussir, la remontée des points qui manquent en séduisant, convainquant, faisant peur. Ce ne sera pas alors l’effet de l’héritage, ou de l’onction, du prédécesseur !

2 – Faire de Mme Le Pen l’ennemie. Il s’ensuit du point 1 qu’il faut masser les attaques contre elle seule, car c’est « curiacer » les adversaires. D’abord, plus ils s’opposent à elle, moins ils s’opposent au choix de succession d’Emmanuel Macron. Ensuite et surtout, plus il sera facile de les unir contre leur ennemie du premier tour. Donc, message à tous : taper contre elle, moins fort contre le candidat Macron !

3 – Poursuivre la cassure de la NUPES. Elle est bien commencée avec le vote sur l’Ukraine, qui a séparé les Verts et le PS de LFI-Mélenchon et du PC. Elle va s’étendre avec les élections au Parlement européen, où vont s’opposer Verts et PS contre LFI.

4 – Diaboliser encore Mélenchon. Ne jamais oublier qu’il pense toujours à se représenter, toujours contre Marine Le Pen. Il veut rééditer ce qui a fait élire Emmanuel Macron. Outre l’effet de surprise, évidemment impossible pour lui, c’était, selon son analyse, l’impréparation de la gauche et donc la place libre laissée au centre. Ainsi, à l’élection présidentielle de 2022, Mélenchon a empêché la double victoire de Macron, Présidentielle puis Parlement, avec l’idée de la Nupes, bloquant le centre gauche. Le Président réélu n’a pas eu de majorité absolue. Mais ce demi-coup va jouer… contre lui cette fois. En effet, dans un monde qui bouge vite, reprendre la tactique passée, c’est trop tard. C’est au centre gauche que tout se fera. On le verra avec la dernière carte que jouera cet homme né en 1951, date qui sera rappelée.

5 – Ouvrir à gauche vers les Écologistes. Plus le temps passe, plus la complexité, le coût et la nécessité de convaincre d’un changement majeur augmentent, sachant qu’ils se heurteront à des oppositions croissantes : quitter les pavillons, densifier les villes, ne plus acheter dans un hypermarché de banlieue, payer plus cher la taxe carbone, se déplacer en transports en commun ou avec Blablacar… Les Verts n’y parviendront pas seuls, avec leurs tensions internes : leur offrir deux ou trois ministères.

6 – Séduire des socialistes provinciaux avec un programme de renforcement de la régionalisation, dont quelques présidences, plus deux postes ministériels. Les Socialistes ne peuvent plus supporter les excès verbaux des mélenchonistes et bien sûr ceux de Mélenchon lui-même, notamment quand il s’agit d’Europe.

7 – Chercher des appuis dans la société civile : femmes et IVG, aide à mourir, enseignement sûr avec les nouvelles technologies partout, à l’école, mais aussi dans les bureaux et les services, avec l’idée de simplifier en modernisant. Ce sera moins cher, quitte à former plus : à nous « le parti ChatGPT » !

8 – Entretenir le mystère sur qui succèdera à Emmanuel Macron. Il ne s’agit pas de prendre quelqu’un de connu. La leçon avec Emmanuel Macron, Borne, Attal et aujourd’hui Hayer, c’est que les nouveaux sont vite célèbres, sans s’embarrasser de leurs prises de position d’il y a dix ans.

9 – Préparer l’écurie des « possibles » : il faut former les cadres d’un parti.

10 – Choisir qui guidera les politiques, libéraux modérés, du monde qui vient, contre ceux qui s’accrochent. Comment retenir un(e) seul(e) pour la succession (pas de nom !) : « tuer » les autres au plus tôt !