Michel Volle vient, avec l’iconomie, de nous livrer un livre très important sur notre futur. Il nous donne en même temps les clefs de ses analyses et, ce qui est au moins aussi important, de sa méthode. Il s’agit de comprendre ce qui va se passer dans les nouvelles relations entre production et consommation, bref de définir cette « troisième révolution industrielle » que nous vivons. C’est celle de l’informatisation, de l’articulation fine et rapide entre analyse, détection et satisfaction des besoins.
L’auteur précise de qui il se rapproche (Bertrand Gille et plus encore Gilbert Simondon) et de qui il s’éloigne (Jeremy Rifkin et plus encore Michel Serres). En quelques graphes, il résume sa pensée et illustre, par des courbes de coût, le nouveau monde qui est le nôtre. C’est clair, parlant, et, je crois, vraiment original.
Encore plus important, ce livre aide à l’action. Si nous vivons dans un monde de rendements d’échelle croissants, c’est le monopole qui nous attend, sauf à nous différencier constamment. C’est donc la situation de concurrence monopolistique qui doit nous attendre, si et seulement si nous faisons ce qu’il faut. C’est celle où la différence ne vient plus du coût (puisque le coût marginal devient nul) mais de l’attention portée au client. C’est rationnellement obligatoire, puisque cette économie pardonne moins qu’aucune autre. L’iconomie est en effet l’économie du risque maximum, en liaison avec les coûts fixes qu’elle implique pour exister dans ce monde sans frontière. Pour s’en sortir et gagner, il n’y a d’autre solution que « l’élitisme pour tous », autrement dit le meilleur apport de chacun. Dans ce monde globalisé et toujours plus informatisé, c’est l’individu conscient qui fait la différence. On ne peut que souscrire à la conséquence logique, et plus encore morale, de cette analyse. On comprend qu’il faut la répandre.