Les six raisons derrière la bulle boursière qui vient

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La croissance n’est pas bien forte, mais elle va s’améliorer partout. La bourse va se dire alors qu’il faut redoubler d’énergie haussière, et au plus vite. Mais pourquoi donc ? Faut-il en profiter ? Voilà six raisons pour comprendre le risque d'une bulle boursière... et agir... en ayant compris ce dont il s'agissait.

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1 – Les taux longs montent. Les taux longs vont monter partout, donc il faut « sortir » des obligations au plus tôt – se disent les investisseurs. Les Etats-Unis vont commencer à réduire leurs achats de titres publics, par exemple en septembre, ce qui va faire monter la pression dans le monde. Et la zone euro commence à aller mieux, avec sa croissance surprise de 0 ,3 % au deuxième trimestre – qui va accélérer la montée des taux longs.

2 – Les ménages consomment et investissent plus. D’un côté l’inflation reste basse et soutient le revenu réel.  D’un autre côté, ces mêmes ménages ne voient pas pourquoi épargner, avec un taux d’intérêt après impôt si faible s’il n’est pas négatif, alors que les conditions de crédit sont quand même intéressantes pour la consommation et pour le logement.

3 – Les profits remonteront. Sous l’effet du chômage, les salaires restent bas et ne vont pas encore remonter. Il y a toujours un écart entre la reprise économique et celle des salaires, puis de l’emploi. Avec des salaires « en retard », un euro et un dollar solides, donc des prix des matières premières toujours en baisse, les profits vont se reconstituer dans les entreprises, grandes d’abord, moyennes ensuite.

4 – Les taux d’intérêt vont rester bas. Toutes les grandes banques centrales, aux-Etats-Unis, en zone euro, en Angleterre ou au Japon, entendent escorter autant que possible cette reprise, seule façon de sortir de la crise mondiale de surendettement. Pour cela, elles vont tenir leurs taux courts aussi bas que possible le plus longtemps possible, garantissant ainsi que la hausse des taux longs, qui pourrait casser la reprise, sera aussi modérée et régulée que possible.

5 – L’impatience est partout. Elle va faire chercher « les nouvelles opportunités ». Les investisseurs boursiers ont subi des pertes importantes et attendent pour se refaire. Mais, comme toujours, il leur faut de « bonnes raisons » pour revenir en bourse. Ces raisons doivent être aussi techniques que possible, pour ne jamais dire qu’elles sont passionnelles ! Raisons industrielles, et nous avons alors les innovations qui fleurissent, notamment dans les biotech, en attendant les nouvelles énergies ou autres. Raisons financières ensuite, avec ces restructurations d’entreprises et ces investisseurs activistes qui entrent dans le capital d’une entreprise (en twittant, comme pour Apple). Il s’agit  de « réveiller » peut-être les responsables de l’entreprise, mais plus sûrement les actionnaires… en leur disant de revenir.

6 – Les liquidités sont amples et doivent chercher où s’employer – suite aux politiques monétaires de « sortie de crise » qui ont partout lieu. Au fond, parce que le pire n’est plus là, il faut aller là où l’argent ira… peut-être. Les bourses suivront. Certes on ne sort de l’excès de dette que par la remontée des profits, et on peut faire remonter (un peu) les profits… en annonçant qu’ils vont le faire ! C’est tout le problème.

Les conditions de l’excès boursier sont réunies : la reprise reste fragile et  le poids des dettes pèse. Il faut profiter de l’embellie, mais en lui donnant de bonnes raisons : remplacer l’air de la bulle par la réalité des réformes et la modernisation de l’Etat. Pour les entreprises, le poids de la dette (par rapport au PIB)  n’a baissé qu’aux Etats-Unis et en Allemagne, pas en France. Pour l’Etat, il commence à baisser aux Etats-Unis et en Allemagne, et monte encore en France. La bulle, c’est quand on surestime la croissance et les profits et quand on sous-estime les problèmes.

Inutile de doucher l’optimisme : profitons de ce vent boursier pour aller plus vite en besogne et en réformes !