Les calculs secrets de Mario Draghi

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 Les calculs secrets de Mario Draghi

1140 milliards d’euros = 60 (milliards d’euros par mois) x 19 (mois). C’est l’engagement d’achat total de Mario Draghi pour faire repartir l’inflation sous deux ans (vers 2 %) et donc, avant, la croissance et donc, avant encore, le crédit.

Mais quoi donc acheter avec 60 milliards d’euros par mois ? Première réponse : des bons du trésor et d’autres « papiers » publics. Fort bien.

En fonction de quelle clef de répartition ? Réponse : en fonction de la structure du capital de la BCE. Fort bien. Donc il y aura 25,7 % pour l’Allemagne, soit 292 milliards, 20,3 % pour la France, soit 231,4 milliards, et 2,9 % pour la Grèce, soit 33 milliards. Mais l’Allemagne va émettre de moins en moins, puisqu’elle se désendette. On compte que, sur 19 mois, elle pourrait émettre 159 milliards ! Alors, la BCE va tout acheter ? Non, car les règles font qu’elle ne peut acheter que le tiers de l’émission de dette publique, soit 52 milliards. Même chose pour la France : sur un total prévisible d’émission de 201 milliards, la limite serait 70 milliards. Et pour la Grèce, l’achat n’est possible que si elle reste dans le cadre du Programme de la Troïka (ce que Syriza a promis d’arrêter).

Si on revient à l’Allemagne, la BCE ne pourra donc acheter que 15 % de ce qu’elle « devrait » acheter. Reste donc, pour elle, à acheter des obligations d’entreprises. Pour 200 milliards sur 19 mois (en supposant qu’elle achète en papiers privés allemands la « part » de l’Allemagne du QE, ce qui n’est évidemment pas sûr ! Mais alors, que font les banques ! Même chose pour la France : 150 milliards d’obligations corporate  sur un an et demi !

On l’a compris, la BCE va acheter aussi de la « vieille dette » des Etats mais aussi, et beaucoup, de la vieille dette des entreprises et une part de leur nouvelle dette. Moralité : les Etats iront encore mieux, les entreprises vraiment mieux. Et que vont donc faire les banques ?

Le Quantitative Easing de la zone euro est un processus massif de désintermédiation. Chut : c’est secret ! Et le risque plus important encore qui va avec : chut, vous dis-je !