Le virus américain de la désinformation économique a-t-il renforcé celui installé en France ?

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On le sait : les États-Unis sont un foyer majeur de désinformation économique. Chiffres faux, photos truquées, messages détournés y sont légion, complots inclus. La Maison Blanche semble en être un centre important, émetteur et réémetteur. Avec Trump, les données sont gonflées ou invérifiables, son discours de Davos de janvier étant un modèle du genre. Avec lui l’hyperbole est partout, mot grec voisin de : mensonge.

 Le virus américain de la désinformation économique a-t-il renforcé celui installé en France ?

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Par transport médiatique, la désinformation s’accroît alors ici, où elle est pourtant endémique. Le virus mute et aiguise les inquiétudes et rumeurs partisanes, l’inculture statistique et économique et surtout « l’AHM, Amour-Haine du Magouillisme », déformation qui nous fait à la fois adorer et détester le tordu. Vite : un titre ou commentaire vengeur, sans lire l’article ou le résultat technique, moins encore la source ! Il circulera avant les autres dans les réseaux, leur grillant la politesse ! En économie, critiquer une loi ou une mesure est plus facile qu’étudier ses raisons par rapport à d’autres, qu’analyser les résultats obtenus, ses limites et effets pervers ou que comprendre nos difficultés pour avoir ici plus de croissance et d’emploi, puisque c’est Macron !

Or, non, la retraite par points ne conduit pas, en elle-même, à la baisse des pensions. Si les rapports entre salariés et retraités restent permanents dans la durée, avec une contribution aux retraites des actifs de 25% du salaire brut, en supposant 40 ans de contributions, ceci donnera 10 ans de salaires pour les retraites. Hypothétique, mais clair. Et si les retraités vivent 20 ans, ils toucheront 50% de leur salaire brut, 64% de leur salaire net. Alors, quel que soit le système (annuités, points, capitalisation), si l’on veut être « plus généreux » pour les retraités, en les faisant partir plus tôt ou sans tenir compte de leur espérance de vie, ce sera plus coûteux pour les actifs. Ils devront accepter un prélèvement au-delà des 14% actuels du PIB. C’est l’inévitable question de l’équilibre du système, autrement dit de sa solidité. Indépendamment des grèves et réunions à Matignon, une répartition des revenus entre actifs et non actifs est toujours à l’œuvre. Pour distribuer plus aux retraités, il faut plus de croissance, par plus de productivité ! Quel dommage !

Oh non, un « coup de pouce au SMIC » ne soutient pas la demande. Il affaiblit surtout les PME et TPE et profite à l’importation. Qu’une formule décide du salaire minimum énerve ceux qui aimeraient que le gouvernement décide d’un tel « coup de pouce », pour le juger aussitôt après : « timide ». Mais ce sont les entreprises les plus fragiles qui devront payer plus leurs salariés les moins qualifiés. Le « coût », c’est pour elles : à elles de compenser, dans un pays où le SMIC est déjà égal à 60% du salaire médian ! Et cette hausse du SMIC se calcule en tenant compte déjà des salaires un peu plus élevés et de l’inflation (inflation + ½ hausse du salaire horaire moyen des ouvriers et employés) ! Avec ce « coup de pouce », on pourrait donc avoir moins d’embauches futures d’employés peu ou pas qualifiés et surtout des salariés payés plus longtemps au SMIC ou près du SMIC. La revalorisation vraie passe par la formation ! Quelle tristesse !

Ah non, la baisse à 0,5% des taux du Livret A, juste décidée, ne va pas les vider : ils augmentent. Non, elle ne spolie pas les Français de 3 milliards. Ici encore, une formule (taux du Livret A = (inflation + taux d’intérêt à court terme) / 2) décide du taux et énerve nos critiques, indépendamment de la couleur du Président. Le gouvernement doit soutenir « le placement préféré des Français » ! Mais le Livret A n’est pas le placement préféré de « tous » les Français : c’est celui de ceux qui l’ont rempli à plus de 19 125 euros.  À 11% du nombre de Livrets, ils détiennent la moitié des encours ! Mais augmenter le Livret A fait augmenter les taux des prêts au logement social ! Mais le placement social est le LEP, rémunéré à 1%. 40% des Français pourraient y placer et ne le font pas. Qu’on en parle !

Et non, les chiffres du chômage en baisse ne viennent pas du Pôle Emploi aux ordres, mais de l’enquête INSEE auprès de 70 000 ménages, selon la méthodologie du Bureau International du Travail. Voilà des mesures comparables entre pays… Que c’est sérieux !

Hé oui, tout cela est moins fun que de critiquer le gouvernement, mais plus efficace contre le virus. Quelle horreur !