Le jeu des Républicains américains : Biden, cède ou je mets le pays en faillite !

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 Le jeu des Républicains américains : Biden, cède ou je mets le pays en faillite !

Le jeu américain des Républicains, qui consiste à ne pas hausser le plafond de la dette publique américaine, est fou. Si chacun campe sur ses positions, le « plafond de la dette » sera atteint dans quelques jours, ou dans deux mois… après un accord qui vient d’être proposé par les Républicains ! Aujourd’hui, nous en sommes à 28 400 milliards de dollars. Un « plafond » à rehausser, sinon il ne sera bientôt plus possible de payer fonctionnaires, retraités, factures et intérêts de la dette publique. « Défaut souverain » si on est poli, faillite autrement. Mais le « petit » rehaussement qui semble accepté ne fera que repousser le risque de défaut, en rabotant les projets de Joe Biden pour rénover les infrastructures et accroître les dépenses sociales. Il n’en gagnerait aucun bénéfice lors des élections au Congrès, l’an prochain : tout ça pour ça !

Donald Trump est derrière, même si Joe Biden, lundi 6 octobre, s’en prend au patron des Républicains au Congrès : Mitch McConnell. « Je ne puis pas croire que ce sera le résultat final (l’absence d’accord), parce que les conséquences seront très graves. Mais puis-je le garantir ? Non, je ne puis pas ». Les marchés, habitués à ce psychodrame qui se termine bien au dernier moment, n’ont pas réagi. Pourtant, il est rarissime que le Président dramatise ainsi la situation. C’est qu’elle le mérite. D’un côté, Donald Trump juge toujours que les élections ont été trafiquées. Donc, pas de cadeau aux Démocrates ! Mais en face, voilà des Démocrates qui se radicalisent : ils ne veulent pas de baisses des programmes d’infrastructures et surtout sociaux. Et nous, nous pouvons juger que les États-Unis dépensent trop et épargnent trop peu. Cela ne date pas d’hier, mais c’est le prix de la Pax Americana. Il est partout accepté, sauf si les Américains eux-mêmes ne veulent plus de leur hégémonie !

Face à ce jeu washingtonien de tir à la corde qui concerne… la première économie du monde, chacun pense que l’autre cédera parce qu’il a plus à perdre. Or, celui qui perdra le plus est connu : c’est toujours celui qui est au pouvoir ! Il sera tenu pour responsable et devra gérer les conséquences de sa décision : salaires non versés, fermetures, licenciements, crise financière et boursière, stigmate de la faillite et surtout : incapacité de faire céder « l’autre ».

Le mal est fait chez les Démocrates, affaiblis sinon désunis. Ils devront sans doute revoir leurs programmes à la baisse, puisqu’il ne sera plus possible de les financer comme prévu, avec en plus des taux longs en hausse. La Fed sera obligée d’acheter moins de bons du trésor chaque mois, à cause de l’inflation qui pointe, même si elle prend son temps, à cause du chômage. Une Fed sous pression, dont deux Présidents de régions ont dû annoncer leur départ, maintenant que l’on découvre qu’ils sont des boursicoteurs impénitents. Et il n’est plus aussi sûr que Jay Powell soit reconduit dans son poste de Président !

Tout se tend et se fissure aux États-Unis, mais l’euro n’en profite pas ! On entend les adeptes de la Théorie moderne de la monnaie (Modern Monetary Theory) nous dire que la dette n’importe pas, puisque la Banque centrale peut imprimer toute la monnaie qu’elle veut, pour payer et rembourser. Oui, si le dollar résiste ! Or c’est le cas : l’euro atteint 1,16 euro pour un dollar, son plus bas taux depuis juillet 2020 ! On peut dire que les marchés ne croient pas à la faillite américaine. Ils pensent surtout que la FED va réduire ses achats de bons du trésor pour calmer l’inflation, ce qui fera monter encore les rendements, et qu’elle peut le faire, tandis que la BCE ne pourra qu’attendre.

Tout ceci serait « seulement » un jeu économique, social et financier… mondial s’il ne se passait pas, aussi, dans l’arène géopolitique avec la Chine. Or, on ne peut oublier que la pandémie lui a permis de prendre Hong Kong sans réaction du Royaume-Uni, qui ne fait plus peur, et des États-Unis, en campagne présidentielle. Alors, est-ce un hasard si des dizaines d’avions chinois frôlent aujourd’hui l’espace aérien taïwanais, au milieu de cette empoignade sur le plafond de la dette ? Sans envahir Taïwan, la Chine veut montrer qu’elle devient plus forte, pour user. Un Congrès qui ne s’entend sur rien, un Trump en rage, des marchés financiers très myopes, plus maintenant avec un strabisme convergent : quels leaders ! Xi, ce vieux psychanalyste du capitalisme, en devient l’ophtalmo.