Le Général de Gaulle nous parle !

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 Le Général de Gaulle nous parle !

 

La Newsletter : Mon Général, quel honneur !

Le Général de Gaulle : Merci d’écouter mes parlers d’outre-tombe. Je suis excédé par ce que je vois !

La Newsletter : Par quoi… plus particulièrement ?

Le G : Vous n’avez pas tort de me demander de préciser, tant j’ai l’embarras de l’embarras. Nous nous enfonçons, nous perdons le sens de notre histoire.

La N : Seraient-ce le sentiment du déclin, les chiffres, la déchristianisation, l’Europe qui ne sait où aller entre États-Unis et Chine, qui craint la Russie et même la Turquie, le tout sans « Armée de métier» ? Ne seraient-ce pas « la Discorde chez l’ennemi », mais cette fois entre amis et alliés, et ici même, de plus en plus ?

Le G : Tout dépend de la vision que l’on a, celle de l’essence des peuples. Les politiques sont chargés de la comprendre et de l’incarner.

La N : Alors, mon Général ?

Le G : Alors… l’Europe est en péril, notre commun berceau, oubliant sa mission civilisatrice, sa culture, pour passer son temps à s’écharper sur ses dépenses d’intendance et demander ensuite à la Banque centrale de les régler. Nul pays ne peut être indépendant s’il n’équilibre ses comptes, hors catastrophe bien sûr. Mais ce nécessaire équilibre ne doit pas venir des comptables, mais du comportement civique de ceux qui s’acquittent de leurs impôts, qui gèrent les deniers de l’État, et de ceux qui demandent des soutiens, mais pour des raisons d’indépendance nationale et d’emploi à terme. Évidemment, ce qui est vrai pour un pays l’est plus encore pour un groupe de pays qui souhaitent une « union toujours plus étroite », si je me rappelle bien.

La N : Mais, en signant le Traité de Rome, vous aviez « une certaine idée de la France » ?

Le G : Non, je n’étais pas là et dû faire avec ! « Une certaine idée » d’elle, c’est toujours pour dépasser sa réalité, mais j’entends votre remarque ! Pour Présider, il s’agit de la France, pour gouverner, il s’agit des Français. Voilà la différence, elle est toujours fondamentale et aujourd’hui cruciale. Or on mesure les pays à l’aune de leur PIB ! Alors les États-Unis sont premiers, la Chine suit, en attendant de précéder, l’Europe clôt la marche. Mais quand même, Steinbeck n’est pas Chateaubriand, Confucius pas Platon, Mao pas Marx ! Si l’Europe ne s’unit pas pour peser dans ce monde derrière des objectifs stratégiques, elle ne sera guère qu’un Grand marché, ouvert à tout vent ! On y achètera les produits, puis les producteurs !

La N : Mais l’Europe se soucie d’axes et d’autonomie stratégiques !

Le G : Oui, pour les voitures à hydrogène, ai-je cru comprendre. Mais chacun s’occupe de ses tanks, avions, sous-marins et de son contre-espionnage ! Aucun effort n’est mis en commun pour être ensemble plus puissants. Le Grand marché se serre sous le parapluie américain, qui nous demande de cotiser plus à l’OTAN, pour qu’elle achète plus d’avions américains !

La N : Mais la souveraineté ne se partage pas !

Le G : Soyons sérieux. Il n’y a qu’une puissance nucléaire en Europe, je sais d’où elle vient, et elle ne peut avoir 27 boutons ! Mais il y a place pour des souverainetés partagées, pour mener des recherches et créer des armes communes, moins chères et en plus vastes quantités. Même pour des armes nucléaires tactiques ! Si nous ne pesons pas en nous unissant, nous serons curiacés entre les deux blocs. C’est en cours !

La N : Mais que donc proposez-vous, mon Général ?

Le G : D’être concrets. L’Europe : des quarterons d’experts, combien de nations ? Regroupons-les en cinq ou six dans un noyau, avec une défense plus intégrée.

La N : Mais vous fûtes contre la Communauté Européenne de Défense !

Le G : Parce que je ne souhaitais pas qu’elle servît les États-Unis, tandis que Russie et Chine n’étaient pas ce qu’ils sont. L’équilibre des forces n’est plus le même. La Chine, que j’ai été le premier à reconnaître, est surtout nationaliste et accroît ses obligés. Elle fait aujourd’hui son plan Marshall, avec ses Routes de la soie, tandis que les États-Unis, après avoir réussi le leur il y a 75 ans, n’ont plus de grand projet, sauf à sanctionner les pays qui ne font pas ce qu’ils veulent, faisant souffrir seulement leurs peuples !

La N : Vous semblez amer, mon Général.

Le G : Réaliste : les grands peuples ont de grands chefs, la Chine en eut une belle série.

La N : Et nous ?

Le G : Ce que nous méritons, jusqu’à la IVème bis !

La N : Mais on ne fait rien sans grands hommes, en Europe et en France.

Le G : Oui mais il faut qu’ils veuillent l’être dans ces pays où l’on discute sans cesse, surtout ici, faute de courage et de projets merveilleux.