Le Cac 40 passe au journal de 20 Heures, pour parler de son record de 50 milliards de dividendes distribués en 2019

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 Le Cac 40 passe au journal de 20 Heures, pour parler de son record de 50 milliards de dividendes distribués en 2019

20 Heures : 50 milliards de dividendes, mais c’est énorme !

Cac 40 : Non, c’est bien ! Oui, les dividendes du Cac 40 ont progressé de 13%, alors que le SMIC a gagné 1,5%, comme le salaire moyen de base ou le salaire moyen par tête. Mais attention à ne pas comparer un revenu, qui suit l’amélioration économique, avec le profit, solde très variable entre encaissements et décaissements. Attention à ne pas oublier qu’il s’agit, au Cac 40, des meilleures entreprises du pays. Attention à ne pas oublier non plus la chute de 60% de 2008. Attention enfin de ne pas oublier qu’il s’agit de dividendes après impôts et charges sociales, donc que les impôts en ont profité, dividendes versés pour moitié à des actionnaires en France, dont que les impôts vont en profiter !

 

20 H : Alors, c’est la preuve de l’excellente santé de l’économie française !

Cac 40 : Pas d’excès de louange non plus. C’est la preuve d’une bonne conjoncture, soutenue par des taux très bas, dont bénéficient les plus importants groupes pour leurs activités en France et hors de France, pour plus des deux tiers – ce dont on ne parle pas. C’est aussi la preuve d’une bonne spécialisation avec l’énergie (Total : 6 milliards d’euros de dividendes), la santé (Sanofi : 3,8) ou le luxe (LVMH : 3, L’Oréal : 2,2).

 

20 H : Et si c’était au détriment de l’emploi et de l’investissement ?

Cac 40 : Mais non. Les effectifs mondiaux du Cac 40 ont augmenté de 3% en 2018, à 5,1 millions de personnes. Et, selon les chiffres Vernimmen, les entreprises du Cac 40 qui ont distribué en 2018 43 milliards de dividendes ont aussi investi pour 82, plus 9,7% par rapport à 2017. Et ceci, hors investissements financiers ! Et c’est normal : si les actionnaires avaient vu faiblir les investissements, ils n’auraient pas aimé. Pour eux, investir c’est assurer l’avenir de l’entreprise, donc sa profitabilité et leurs dividendes !

 

20 H : Et si c’était payé par de la dette ?

Cac 40 : Pas davantage : les entreprises du Cac 40 sont peu endettées, car elles se souviennent de la crise de 2007-2008 où elles ne pouvaient plus aller sur les marchés et où les banques étaient plus que « frileuses ». Leur rentabilité élevée leur permet, aujourd’hui, d’investir en équipements, d’acheter des concurrents ou des startups, d’embaucher et de distribuer des dividendes. Mais attention aux tentations. Elles pourraient profiter de l’écart entre leur forte rentabilité et les taux obligataires si bas pour beaucoup s’endetter. Elles gonfleraient leurs profits, donc leur cours de bourse et pourraient racheter plus de concurrents, certes plus chers. Elles prendraient donc plus de risques. Mais tel ne semble pas être le cas : le Cac 40 est seulement en train de se réendetter, après avoir assaini sa situation. Il le fait en obligations, pas en crédit bancaire, trop cher. Et il ne fait pas appel aux actionnaires : pas besoin et plus chers encore ! Il maintient même d’amples liquidités, alors qu’elles ne rapportent rien, au cas où la situation se détériorerait et, plutôt, au cas où il trouverait une belle proie !

 

20 H : Mais c’est quand même un appauvrissement des entreprises !

Cac 40 : Oui. Quand une entreprise vous distribue un dividende, c’est comme si vous faisiez un retrait sur votre compte bancaire. La valeur de l’action baisse d’autant, comme votre compte, avant de remonter.

 

20 H : Ah, vous l’admettez donc: c’est pour soutenir les cours et entretenir la bulle !

Cac 40 : Pas vraiment : c’est toujours la progression attendue des résultats qui explique les cours boursiers. Si Hermes vaut 43 fois ses résultats, ce qui en fait la valeur la plus chère de la cote, ce n’est pas le cas pour Kering (23 fois) et pas vraiment pour BNP ou SG (9 fois). Le marché boursier n’a pas perdu ses repères : ce qui vaut cher est ce qui rapporte.

 

20 H : Donc il faut que les retraités se lancent plus vers la capitalisation ?

Cac 40 : Ils feront ce qu’ils voudront, mais il y a des affaires à faire. Et tout ne se passe pas au Cac 40. L’important, c’est le non côté, ces PME et startups qui ont besoin d’argent pour grossir. La réforme des retraites a levé ce lièvre !

 

20 H : Alors ces dividendes en hausse, ce n’est pas l’annonce de la crise, comme en 2008 ?

Cac 40 : Non : c’est pour en distribuer au moins autant l’an prochain ! Il n’y a rien de pire que de les baisser !

 

20 H : Mais, c’est une très bonne nouvelle !

Cac 40 : Oui : le dividende d’aujourd’hui annonce celui de demain…en général.