Le CAC 40 à 8 000 ?

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 Le CAC 40 à 8 000 ?

Pourquoi pas ? Beaucoup y pensent ! Il navigue entre 5400 et 5700, au gré de Trump. C’est +20% depuis janvier, +27% depuis 3 ans, +47% depuis 10. Pourquoi s’arrêter ? Il remonte la pente, depuis la grande crise de 2008, celle qui avait fait tant craindre un nouveau 29. Nous ne sommes pas si loin du pic d’avant crise à plus de 6100 en 2007, encore loin du 6944 du 4 septembre 2000. En ces deux années, la bulle de l’immobilier puis celle des subprimes de 2008, étaient à l’œuvre. Alors un rêve, ce CAC qui augmenterait de 40% ? C’est « bête », quand la croissance de l’économie française est de 1% ? Avec quelles bulles, quelles folies, quels fonds, quels crédits derrière, quelles « bonnes » raisons ?

D’abord, un CAC 40 à 8 000 n’est pas « bête », car il ne calque pas la croissance française. C’est heureux diront certains. Il épouse les prévisions de profit des 40 multinationales que le composent. La question est donc de savoir si elles pourront obtenir cette hausse. Le CAC 40, c’est en effet une portion du monde où excellent des entreprises françaises. Par leurs poids dans l’indice, nous le voyons, avec ses cinq premières valeurs : Total (9,5%, pétrole et gaz), LVMH (8%, biens pour la personne et le ménage), Sanofi (7,5%, santé), Airbus (5,5%, produits et services industriels) et L’Oréal (5,1%, biens pour la personne et le ménage). Moins importantes, mais pas secondaires, nous trouvons Danone, nourriture et boisson (4,1%) puis, « plus bas », la banque avec BNP Paribas (4%).

Mais quand même, un CAC 40 à 8 000 est-il possible ? Il voudrait dire que ces poids lourds se mettraient à doubler, ce qui n’est pas évident avec les économies d’énergie et la voiture électrique pour Total, le ralentissement de la Chine pour le luxe, les taux d’intérêt si bas pour la banque. Les secteurs majeurs du CAC 40 vont-ils plutôt exploser : produits et services industriels, biens pour la personne et le ménage (plus de 14% de l’indice chacun), puis santé et pétrole/gaz (10% chacun), puis nourriture et boisson et banques (6% chacun) ?

Ou alors, pour ce CAC à 8 000, faut-il attendre un Google, un Apple, un Facebook d’ici ? Mais la Technologie pèse seulement 4% de l’indice, avec Dassault Systèmes (1,4%), Capgemini (1,4%) et STMicroelectronics (0,9%). Faudra-t-il laisser grossir les banques pour atteindre Wells Fargo et Goldman Sachs, alors qu’elles sont moins rentables et qu’on leur demande plus de fonds propres ? Ou bien parier sur la santé avec Sanofi et Luxottica, la construction écologique et les modernisations des infrastructures avec Vinci, les télécommunications avec Orange ?

Ou bien ce CAC à 8 000 est-il plausible, car la bourse de Paris Certes est plus « datée » que celle de New York, donc plus sage !  Paradoxe ? On peut la juger certes moins fréquentée par de jeunes espoirs, mais qui peuvent se fracasser (Wework), inquiéter (Uber) ou intriguer (Tesla). On peut la trouver chère, valorisée à 19 fois les bénéfices, avec un prix des titres égal à 1,6 fois leur valeur comptable. Allons donc vers le Dow Jones valorisé à 18 fois les bénéfices… pour 4 fois la valeur comptable. Nous y verrons Apple qui rapporte 1,4 % par son dividende et vaut 11 fois sa valeur comptable. Ou le Nasdaq : avec Facebook, dont le prix est 29 fois le résultat. Ailleurs, ce serait donc deux fois plus enflé ?

Et si le CAC 40 à 8 000 allait arriver parce qu’il n’y a rien de mieux à faire de son argent ? Que faire en effet de son épargne quand le dépôt à terme ne rapporte rien, le bon du trésor français à 10 ans -0,3% et le Livret A 0,5% bientôt ? Au moins, le CAC n’est pas avare : le rendement qu’il procure, par les dividendes, est de 3,15% ! Pas si mal !

Surtout, si pousser vers le CAC était voulu ? Ce serait la conséquence de la politique de taux bas, voire négatifs, de la Banque centrale européenne et des politiques. Dissuader de l’épargne sans risque pour que les ménages consomment un peu plus et surtout investissent en bourse, c’est leur idée ! Alors, cette bourse qui monte devient un bon moyen pour augmenter le patrimoine des ménages, les rendre plus confiants dans l’avenir et les mener vers une retraite qui aura plus de capitalisation. Ce CAC 40 qui prend des allures de placement de père de famille sérieux et qui obéit aux autorités, quel beau début, pour les « fonds de pension à la française » ! Quand il n’y a rien d’autre à faire, même de raisonnable, on peut se dire que les arbres peuvent monter « un peu » au ciel : le CAC 40 à 8 000, c’est parti !