Le Bitcoin en Haute Cour des Banques Centrales : la mort ?

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 Le Bitcoin en Haute Cour des Banques Centrales : la mort ?

 

Le Président : Prévenu Bitcoin, venez à la barre et dites vos nom, âge, nationalité et profession.

Le Bitcoin : Bonjour Monsieur le Président, mon nom est Bitcoin, sans prénom. On me dit aussi ₿, une lettre créée spécialement pour moi, ou BTC, ou encore XBT.

L P : Bitcoin ? Mais c’est un faux nom !

L B : A moitié. « Bit » est vrai, 0 ou 1, car nous sommes en informatique, « coin », monnaie, se discute. Certains répètent partout que personne ne compte ou n’échange en Bitcoin, ni ne les garde pour épargner : donc ce n’est pas une monnaie. Mais « Bitcoin », est mon nom de naissance !

L P : Naissance : quand et où ?

L B : Quand ? On parle de 2007 ou 2009.

L P : Mais alors, vous êtes mineur !

L B : Pas sûr, car on me retrouve sous le nom de b-money, en 1999.

L P : Père et lieu de naissance ?

L B : Le plus connu est Satoshi Nakamoto, un « Japonais » que je n’ai jamais vu et qui écrit sur moi en 2007. Mais on me dit que c’est une blague, que je suis sino-américain ou australien, à moins que je ne sois le nom d’un forum ! Au fond, je suis le fruit de la rencontre entre l’informatique et l’argent.

L P : On avance : deux géniteurs ! Et vous vous reproduisez ! Comment et où ?

L B : Je ne sais si ceci va vous aider, Monsieur le Président. Je me reproduis  par le « travail » d’ordinateurs, selon des protocoles de plus en plus complexes, élaborés par mon ou mes créateurs. On les appelle « mineurs », puisqu’alchimiste est pris ! Ces bitcoins « minés » rejoignent alors des chaînes cryptées supposées inviolables, les blockchains. Mais il faut de plus en plus d’électricité pour cela : sud de l’Italie, Sibérie, Chine, Iran, Corée du nord.

L P : On avance : des chaînes cryptées dans des lieux « honnêtes » !

L B : Je n’y suis pour rien : l’électricité y est moins chère, mais je n’y reste pas.

L P : Pour aller où ?

L B : Où on me demande, c’est-à-dire : là où on m’achète.

L P : Et vous ne vous posez pas de question ?

L B : Pas plus qu’un billet de banque ! Je suis secret et indépendant des états et de leurs banques centrales, c’est pourquoi je suis ici devant vous. J’ai lu que j’avais été utilisé pour payer de la drogue, des armes, des rançons, mais j’ai lu aussi que j’avais protégé l’argent de ménages contre l’hyperinflation et la contrainte au Venezuela, contre la crise de la monnaie et la contrainte en Turquie, contre la contrainte en Chine. D’ailleurs, je suis interdit dans ces deux pays.

L P : Vous voilà défenseur de la liberté !

L B : Je ne juge pas, Monsieur le Président !

L P : Mais vous ne pouvez prétendre que vous conservez la valeur de l’argent qui vous est confié ?

L B : Cela dépend de ce que l’on veut fuir, l’hyperinflation, un régime autoritaire ? Mais c’est vrai, je suis volatile : je ne valais rien en 2005, 10 000 dollars l’an dernier, 38 000 en début janvier, 75 000 mi-avril, 33 000 début juin, pour remonter difficilement à 34 000. Je ne m’en cache pas !

L P : C’est impossible, votre prix est partout !

L B : Oui. Je sais que je suis souvent acheté pour un motif seulement spéculatif. Ma « valeur » est le prix du moment, avec l’idée qu’il va monter ou retrouver son précédent sommet, puis le dépasser, en fonction des bruits et des rumeurs. Regardez Elon Musk : il m’achète, puis le dit, je monte… par hasard ? Puis il dit qu’il me vend… puisqu’il s’est rendu compte que je ne suis pas écologique (!), et je m’effondre ! Vous allez le poursuivre pour manipulation de mon cours ?

L P : Bitcoin : ici c’est moi qui pose les questions. Donc vous reconnaissez être un actif spéculatif, sans contrepartie réelle ?

L B : Bien sûr, ma contrepartie « réelle » comme vous dites, c’est que d’autres vont m’acheter : je sens le soufre, mais aussi la liberté. Et je me demande ce qui inquiète le plus les banques centrales : les trafics ou passer à côté d’elles ! Car elles savent bien que le trafic payé en bitcoins finira pas revenir en dollars, mais elles se soucient d’un réseau qui se créerait à côté des états. Je suis un jeu excitant, une façon d’éviter les lois, l’impôt et, pour les libertariens, une façon d’éviter l’état, ses règles et sa monnaie. Voilà peut-être pourquoi je suis ici, quand les grandes banques centrales préparent leurs monnaies informatiques, pas cryptées comme moi, mais informatiques, comme moi. Pas de cohabitation !

L P : Bitcoin, vous êtes interdit de publicité et de transaction au-delà de 10 000 dollars, transactions à déclarer au fisc et à la banque centrale.

L B : Pas fusillé, étranglé !