L’Art a un prix

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 L’Art a un prix

En base 100 janvier 2004, l’indice global des prix établi par Artprice atteint 150 début janvier 2008, avant la crise. Il chute ensuite. Au plus bas, le voilà revenu à 100 en 2009 : une perte de moitié en deux ans. Depuis, année après année, les prix remontent et atteignent à peu près le niveau d’avant crise en janvier 2015. Avec les ventes record de mai, ils les ont dépassés. Nous voilà donc au plus haut pour les prix de l’art dans leur ensemble, mais avec des écarts.

Ecarts de nature : le graphique ci-dessus montre un net clivage. Les prix des maîtres anciens ne sont pas remontés au niveau d’avant crise, pire ils sont au-dessous des niveaux de 2004. En revanche, ceux des artistes Modernes, d’Après-guerre et surtout Contemporains sont repartis. Les Contemporains sont même les seuls à être, aujourd’hui, plus chers qu’avant la crise.

Les raisons abondent pour expliquer ce phénomène de hausse différenciée. Hausse d’abord. Elle vient de la demande bien sûr. La demande privée est alimentée par les liquidités mondiales et les très hauts revenus, plus hauts que jamais, par des acheteurs mieux informés par les grandes maisons et omniprésents grâce à Internet. S’ajoute une demande d’institutions privées et publiques, puisque l’inflation muséale bat son plein. Le monde se couvre en effet de musées, plus exactement le monde émergent, notamment la Chine. A la suite de la pionnière Peggy Guggenheim, les musées avec un nom se sont répandus, comme les Louvre ou les Beaubourg, plus les ouvertures proprement locales. Il s’est ainsi créé plus de musées entre 2000 et 2015 qu’au cours des XIXème et XXème siècles, musées qui ont besoin de 3000 à 6000 œuvres de « qualité muséale » pour exister.

C’est alors que les différences apparaissent. La Chine a ainsi représenté 37,2 % des enchères publiques en 2014, devant les Etats-Unis (32,1 %), le Royaume-Uni (18,9 %), la France (3,3 %) et l’Allemagne (1,4 %). Peut-être la campagne anticorruption en Chine va-t-elle atténuer certaines ardeurs, sauf à déplacer les acheteurs. Ce qui demeure, c’est que l’économie est repartie à New-York et surtout pour les artistes Contemporains.

Il y a et aura des excès. En termes économiques (pas artistiques !), l’important est de savoir combien de temps ceci va se poursuivre chez Christie’s, donc aux Etats-Unis, donc pour le monde entier. L’avant-garde des prix des artistes, c’est celle de la croissance économique.