La nouvelle économie de l’offre… c’est celle de la demande ! Tous geek-démocrates !

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Le Président l’a dit, il croit à l’économie de l’offre. Cette conversion est partout saluée en France, tant nous sommes le seul pays à opposer encore « économie de la demande » à « économie de l’offre ». Pour nous, la première est dite « keynésienne », autrement dit de gauche (pauvre Keynes !), contre la seconde, l’économie de l’offre, forcément de droite.

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Saluons cette conversion à l’économie de l’offre. Apprécions le temps qu’il aura fallu pour reconnaître qu’il faut produire (une miche de pain) avant de la « consommer » (de la manger). Mais produire avant de consommer, c’est aussi dire qu’il faut toujours du profit pour prendre le risque (acheter le four, la farine et le travail du mitron) et que le risque est permanent, en liaison avec la concurrence et les goûts qui changent. D’autres boulangers peuvent toujours s’installer, vendre moins cher ou produire un « autre pain ». C’est donc le profit qui permet de continuer à produire, puis d’investir pour améliorer ce qu’on fait, renforcer sa position ou changer. Et c’est le succès seul, donc le profit, qui permet de maintenir l’emploi, avant de l’augmenter. Offre, profit, risque, investissement, emploi : la séquence est universellement connue depuis des siècles. Elle est la nôtre désormais !

Quel dommage que cette conversion arrive aussi tard ! Nous passons en effet des filières de la production aux filières de l’information. Nous vivons en pleine révolution de l’information. C’est elle qui gouverne le monde, avec sa capacité de mieux savoir, de mieux comprendre et surtout de mieux précéder. Les filières de production, c’est l’idée (matériellement logique) qu’il faut de l’acier, des pneus et câbles pour produire des automobiles. Elémentaire mon cher Ford ! La filière de production organise l’économie de l’offre, mais les filières de l’information la dynamisent. C’est l’immatériel qui est à la manœuvre, le soft qui téléguide le hard.

Aujourd’hui, c’est l’information qui pilote l’économie de l’offre. Vous ne voulez plus une automobile désormais, mais aller ici ou là, maintenant ou demain. Donc vous voulez savoir où louer, et le producteur doit devenir loueur et vous connaître ! Vous ne voulez plus payer pour posséder et posséder pour utiliser, mais de plus en payer pour utiliser. Vous aimez qu’on vous envoie vos journaux sur votre ordinateur, comme vos livres. Vous les lirez, les noterez, les signalerez. Et si on vous connaît de mieux en mieux et vous envoie des informations sur des livres, des nouvelles, des vêtements, des soldes, de bonnes affaires… qui pourraient vraiment vous intéresser, voilà qui est mieux encore !

Les innovateurs d’aujourd’hui, ceux qui feront la croissance et l’emploi d’après-demain, sont ceux qui détectent les informations et les besoins dont « j’ai besoin » sans trop le dire et dont « j’aurai besoin » sans le savoir. Il faut donc aujourd’hui plus de liberté que jamais à ces chercheurs du quotidien, plus de liens avec les ingénieurs et centres de calculs, plus de rencontres avec des investisseurs qui prendront plus de risques, avec plus de profit mis en jeu.

On ne change pas le monde avec seulement en tête les idées des disparus, Keynes ou Marx. Saluons l’évolution récente de nos dirigeants, publics et privés, bravo aux pactes et aux dialogues, mais il s’agit de changer pour rebâtir, pas pour réparer.