Désormais, je ne puis qu’hésiter à formuler des vœux ! Ceci date du 17 décembre 2021, jour où Christine Taubira dit qu’elle « envisage » de se présenter à la présidentielle, pour nous faire part mi-janvier de sa décision, pour participer… à une Primaire populaire entre les 27 et 30 janvier, pour les élections des 10 et 24 avril 2022. Je ne suis donc plus sûr de rien.
J’envisage de vous présenter des vœux de bonne santé, mais il faut voir si le virus omicron baisse d’intensité.Cela fait des mois que nous étudions les mutations de ce Covid-19, avec sa célérité et le danger qu’il représente. Nous voilà experts en « génomique » et en taux de reproduction effectif. Nous savons désormais qu’une personne infectée par Omicron peut en infecter 6, pire que 5 pour Delta, mais mieux que 9 pour la varicelle. Attendons encore, pour confirmer nos vœux de bonne santé, de disposer de plus de données, avec plus de personnes vaccinées avec trois doses, en attendant de nouvelles vagues. Autant l’avouer, nous aimerions, pour nous engager davantage, un vaccin plus efficace et, pourquoi pas, une pilule.
J’envisage aussi de vous présenter des vœux de bonne économie, mais il faut voir si elle ne sera pas trop affectée par les décisions des banques centrales, américaine (Fed) et européenne (BCE). Attendons en effet de voir ce que donneront leurs restrictions d’achats de bons du trésor, annoncées pour le premier trimestre 2022, avec la Fed et pour le second, avec la BCE. Surtout, l’essentiel dépendra des salves de hausses de taux courts : 2023 aux États-Unis, 2024 en zone euro. Les remontées d’inflation sont inquiétantes. On compte 5,1% au Royaume-Uni, ce qui pousse la Banque d’Angleterre à monter déjà ses taux à 0,25%, contre 0,15%, le 3 février 2022. On en est à 6,8% d’inflation aux États-Unis et à 4,9% en zone euro, où ces hausses seraient plus ou moins transitoires, liées au gaz et au pétrole. Mais si les salaires commencent à monter, pour compenser, et si la hausse des prix s’installe dans les esprits ?
J’envisage bien sûr de vous présenter des vœux de reprise saine dans une économie compétitive, mais il me faut attendre de lire le plan économique de « la gauche unie ». D’ores et déjà, ce que dit la Banque de France, qui est normalement prudente, m’inquiète. Selon sa dernière étude, les hausses de prix pourraient se transmettre aux salaires, à cause des tensions qui vont se renforcer sur le marché du travail. Elle recommande de ne pas paniquer, mais quand même : le salaire moyen par tête après inflation augmenterait de 1,6% en moyenne en 2023 et 2024, contre 1,3% pour la productivité. On peut donc, a minima, envisager de s’interroger sur les profits, l’investissement et la croissance.
J’envisage donc de vous présenter des vœux conditionnés à ce que j’entends déjà venant de l’extrême gauche. De son côté en effet, il est question de deux gros « coups de pouce », sur le Livret A et surtout sur le SMIC. Le Livret A, actuellement à 0,5%, devrait passer à 0,8% en janvier obéissant à la loi où le taux est la moitié de l’inflation sur les six derniers mois (1,7% divisé par deux = 0,8%) plus la moitié des taux courts (0% divisé par deux = 0% !). C’est là que le bât blesse : si les taux de la BCE n’étaient pas à 0%, le taux du Livret A serait bien supérieur, supérieur même à l’inflation. Mais demain, avec cette règle, « le produit d’épargne préféré des Français » comme disent les médias, rapportera 0,8%, contre une inflation à 2,8% ! Vite, un coup de pouce de gauche ! Le second coup de pouce devrait aller, pour la gauche surtout mais pas seulement, vers le SMIC. +0,9% : c’est la hausse annoncée par l’Insee en fonction de la loi, contre 2,8% d’inflation, encore ! Alors Yannick Jadot, pour les « Verts », souhaite 1500 euros nets d’ici la fin de son éventuel quinquennat contre 1269 euros aujourd’hui, plus une hausse du point d’indice pour les 5,6 millions d’agents publics, plus de prendre en compte la durée et la pénibilité du travail, plus des retraites à prendre plus tôt.
J’envisage donc de refaire mes calculs en fonction de ce concours de vœux électoral, compte tenu de ce qui menace partout dans le monde. En plus, même ici, c’est compliqué : le Livret A finance le logement social et, pour les salariés dont la productivité est faible, mieux vaudrait surtout les former pour les augmenter vraiment, en consolidant leur emploi.
J’envisage donc de vous présenter des vœux de maturité, pour une bonne année.