It is not the economy, stupid!

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 It is not the economy, stupid!

Trump élu, pas Biden ? Donc, aujourd’hui, il faudrait dire : it’s politics, stupid! Biden est certes fragile, à la traîne dans les sondages, sans majorité au Congrès, diminué par les attaques, plus tout ce qui se passe dans le monde… Donc Trump serait réélu… malgré ses problèmes judiciaires, plus le reste ?

Mais non : ce n’est pas cette phrase qui est entrée dans l’histoire ! C’est même son exact contraire. It’s the economy, stupid! disait en effet à Bill Clinton James Coville, son conseiller en stratégie. Un Bill Clinton qui luttait alors contre George H. W. Bush. Nous étions en 1992, un an après la guerre du Koweït et la victoire contre Saddam Hussein. Plus tôt, en mars 1991, un sondage lui donnait un taux d’approbation de 90% : Bush serait donc réélu. Un an plus tard, en août 1992, 64% des Américains le désapprouvaient. Que s’était-il passé ? Simple : la récession était là. L’économie avait fait oublier la victoire, et Bush allait perdre. L’économie, stupid!, montrait sa prééminence.

Aujourd’hui, ce serait donc l’inverse ? Les sentiments politiques, pour Trump et contre Biden, auraient pris le pas sur ceux que donnerait l’économie ? Les chiffres sont pourtant bons, avec un taux de chômage à 3,7%, un taux d’inflation à 3,4% face à des taux courts à 5,5% destinés à la faire diminuer vers 2%, le tout dans une croissance à 3,3% en rythme annuel. Pas de récession à l’horizon. Ceci n’a rien à voir avec -0,1% en zone euro au 3ème trimestre ou -0,7% au Japon ! On pourrait remarquer que les Républicains s’inquiètent de la montée de la dette publique (129% du PIB). Mais c’est pour demander moins d’argent allant aux dépenses publiques chères à Joe Biden et préférer en échange plus de dollars pour le mur avec le Mexique, cher à Donald Trump. Ils menacent même de ne pas voter la hausse du plafond de la dette, ce qui mettrait le pays en défaut. L’économie n’importe plus, face à la politique.

Et les États-Unis ne sont pas seuls dans cette situation qui consiste à mettre la politique devant l’économie. Prenons la France. On sait qu’ici il y a de moins en moins de naissances, ce qui inquiète tout le monde, et une durée de vie plus longue, ce dont tout le monde se félicite. Sauf que cela implique à terme une diminution de la population active, plus de retraités et, plus tard, plus de personnes à soigner. Si on ne fait que de l’économie, on dira qu’il faut plus d’argent pour mieux aider les familles, former les « jeunes » et s’occuper des « vieux », donc plus d’impôts et/ou une moindre progression des retraites. On mesure d’ici le succès politique de ces mesures ! Mais l’essentiel n’est pas là. Il est de s’opposer politiquement au Président Macron. Même chose pour l’immigration, qui est économiquement une triple « solution » avec plus de main d’œuvre, plus de rentrées fiscales et plus de naissances ensuite. Mais ce sont des choix impossibles, où « immigration » renvoie à « remplacement » !

Pourquoi donc, maintenant, cette primauté du « politique » ? Partout, depuis toujours dans les démocraties, économie et politique s’opposent et doivent débattre. L’économie fait toujours face à des demandes contradictoires, augmenter les salaires ou l’emploi par exemple, qui ne peuvent se résoudre que dans le temps, avec des politiques, publiques et privées, appropriées et négociées. Et elle gagne. Aujourd’hui, la situation est plus tendue et complexe, en pleines révolutions technologique et climatique, avec une montée de la concurrence internationale liée à celle des échanges, avec plus de normes à respecter contre des tendances protectionnistes aux États-Unis (et, ici, dans les champs). Chez Biden, on explique nombre de ses décisions par le désir de contrer la Chine. Et si ses alliés en souffrent ? Et voilà l’écologie et ses exigences, plus l’Intelligence Artificielle et ses inconnues qui arrivent, au milieu des messages extrêmes et en tous sens des réseaux sociaux, sans compter les guerres !

Dans cet entrelacs, on pourrait comprendre que la politique prenne le pas sur l’économie, mais sous sa variante autoritaire, pour prétendre aller vite. On doit s’en inquiéter, d’autant que peu de mesures sont prises pour contrer cette dérive. Pourtant, l’histoire nous a montré que la démocratie ne se défend jamais par des sourires, moins encore par des combats entre elles, souvent opposées sur des sujets qu’on jugera plus tard dramatiquement secondaires. Plus tard ou trop tard ?

Aujourd’hui il faut donc se dire : it is democracy, stupid!