« Irresponsabilité et incompétence » : la Chine critique… Washington

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 « Irresponsabilité et incompétence » : la Chine critique… Washington

C’est l’agence de presse (officielle) Xinhua qui le dit, le 17 mars.

Parler de « virus chinois » révèle  selon elle « l’irresponsabilité et l’incompétence des politiciens, qui va augmenter les peurs du virus ». Et l’éditorial précise « avec ses efforts, la Chine a fait d’importants progrès pour contenir la maladie et donner au monde un temps précieux pour trouver comment mieux protéger le gens… Mais la soi-disant élite à Washington a préféré désinformer et calomnier les efforts de la Chine ».

Propagande contre propagande dira-t-on, réponse illibérale contre débats et oppositions en tous sens dans les démocraties, mais « les chiffres » sont là : 907 personnes atteintes et 25 morts pour un million d’Américains, contre 57 et 2 pour un million de Chinois ! On les mettra en doute, mais l’activité économique repart en Chine selon l’enquête de mars : l’indice manufacturier passe à 52 contre 36 en février et  501 avant. L’industrie chinoise remarche plus fort, ne serait-ce que pour répondre aux commandes européennes et américaines ! La bourse de Shanghai remonte un peu, elle qui a peu baissé (!), les autres la regardent ! C’est la preuve que « la méthode chinoise » marche, pour le PIB s’entend, et que nous aurons des appareils pour respirer et les produits chimiques pour tester. Être (attention ê en majuscule si possible) à l’avant-garde pour l’Intelligence artificielle est une chose ici ou aux États-Unis, faire des masques en est une autre.

 

Trois leçons à tirer

D’abord, éviter les « je l’avais dit », « j’avais vu, lu, entendu », « on a perdu du temps », « on (politiques, financiers…) nous a trompés ». Cassandre annonçait tout, mais les Dieux avaient fait qu’elle n’était pas crue ! La perspicacité rétrospective est inutile. Les discussions et oppositions politiques sur le champ de bataille n’aident pas.

Ensuite, ne pas céder aux pires penchants, racistes ou complotistes, autrement dit à la peur de l’autre et de tout. Le virus n’est pas chinois mais vient d’un pays sanitairement moins développé, avec une grande proximité entre les hommes et les animaux. Le COVID-19 vient de la chauve-souris, transmis à Wuhan par le « pangolin » (qui s’y mange). Le SRAS de 2003 vient aussi de la chauve-souris et de Chine, transmis par la « civette palmiste masquée » (qui s’y mange). La liste n’est pas close : le MERS vient du chameau en 2012 (Arabie saoudite), la grippe A(H1N1) du porc ou d’un oiseau en 2009 (Mexique), l’Ebola encore de la chauve-souris, mais au Congo (1976), la grippe aviaire de Hong Kong (1968), la grippe asiatique en 1957 de Guizhou (Chine)… Ce n’est, ni ne sera fini. Une endémie qui prend l’avion devient une pandémie. Seules, la science et l’économie l’arrêtent.

En troisième lieu, ne pas rejeter nos avancées pour revenir à un monde ancien, paré de toutes les vertus. Les « Trente glorieuses » sont un rattrapage d’après-guerre, pas une période bénie. La globalisation accélère la croissance mondiale, avec une réduction des inégalités entre pays : tout le monde y gagne. Mais elle creuse aussi les inégalités au sein de chaque nation. Certains, par leurs « connections », compétences, ou avec de la chance, rattrapent plus vite que leurs compatriotes. En plus, cette globalisation a d’autres effets négatifs : pollution, réchauffement global, spéculations, endettements excessifs… Mais le monde vit mieux, en partageant ce qu’il fait ! Faire revenir le protectionnisme et l’étatisme, ce sera moins de croissance pour tous et pour plus cher.

 

Plus une

Pour en sortir : se consolider. La Chine semble sortir de l’épreuve : parce qu’elle est illibérale ou qu’elle produit, aussi, ce qu’il nous faut ? Ce n’est pas une raison pour faire tout ici. En revanche, monter un système européen de surveillance et de recherche sur les virus, avec des fonds européens, lancer un Emprunt Santé pour aider les membres de la zone, continuer les aides budgétaires et monétaires aux entreprises et aux ménages, garder les liens avec la Chine et surtout l’Afrique, c’est préparer l’avenir.

Le virus distend les corps sociaux et politiques. Aujourd’hui, une zone euro plus solidaire : c’est être « responsable et compétent » !

 

50 veut dire que la croissance du mois qui vient est vue comme égale à celle du mois antérieur