Investir dans l'économie de la connaissance

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Inutile de soutenir, par des déductions fiscales, l'étanchéité thermique des bâtiments, si on ne forme pas les artisans et les ouvriers du bâtiment. Inutile de vouloir réduire la dépense publique, si l’on ne travaille pas à la digitalisation des documents publics, et auparavant à leur simplification, et auparavant encore à la formation des personnels aux nouvelles technologies.

 

Investir, c’est moins acheter des machines et des équipements que de former à leur utilisation. L’investissement immatériel est la précondition de l’investissement matériel.

Mais il y a là un triple problème :

  • d’abord, cet investissement immatériel ne se récupère pas. Il devient la propriété de celui qui est formé, il faut donc faire en sorte de le garder dans l’entreprise !
  • ensuite, les effets attendus ne peuvent pas être immédiats,
  • enfin, rien n’est possible sans marges bénéficiaires conséquentes dans l’entreprise.

C’est là la logique du rapport Pisani-Ferry et des propositions qu’il fait d’investir pour 57 milliards d’euros jusqu’en 2022, en reliant investissement physique à immatériel. Le rapport commence, de manière pédagogique et sans doute aussi politique, par des préoccupations écologiques. Il s’agit ainsi de « diviser par deux le nombre de passoires thermiques occupées par des ménages modestes propriétaires ou locataires du parc social », de « réduire l’empreinte énergétique des bâtiments publics » et d’ « accompagner le remplacement de 500 000 véhicules polluants ». On trouve ensuite ce lien immatériel-matériel dans la recherche de nouveaux modèles urbains, ou dans la lutte contre le gaspillage dans les PME. Cette même préoccupation se retrouve dans la formation de chômeurs faiblement qualifiés, l’accompagnement vers l’emploi des « jeunes décrocheurs » ou encore la formation de maîtres et de professeurs, avec appels à projets sur de nouvelles pratiques pédagogiques. Ceci sans oublier le soutien aux universités et centres mondiaux d’excellence. C’est alors qu’interviennent la refonte-digitalisation des services publics, et celle des services de santé, dotés de 4,9 milliards d’euros.

Le rapport Pisani-Ferry est un guide pour l’action. Il permet d’articuler les différentes politiques en cours : écologie, éducation, alimentation et agriculture, modernisation publique, villes, santé… C’est un Plan d’un nouveau genre, qui épouse le monde qui change et qui est fait pour être mesuré et amendé. On peut ne pas aimer, critiquer, ajouter… mais il serait tragique de ne pas le comprendre.