IIIème révolution industrielle, IIIème Guerre mondiale ?

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 IIIème révolution industrielle, IIIème Guerre mondiale ?

 

IIIème révolution industrielle ?

Oui : nous y sommes entrés depuis 1970, c’est l’informatique. Les ordinateurs sont partout : au bureau, chez nous, dans nos poches. Nous voilà entourés d’informations sur ce que nous faisons, achetons, recevons, lisons, écoutons, regardons… Nous sommes scrutés comme jamais, précédés d’offres qui prétendent coller à nos « souhaits »… en calquant nos achats passés. Les entreprises sont plus et mieux reliées entre elles par des chaînes dites de production, en réalité d’informations. Ainsi naissent en quelques années des monstres comme les GAFAM ou, dans les secteurs « traditionnels », TESLA. Cette troisième révolution est plus rapide, globale et profonde que les deux qui ont précédé. Rien à voir ainsi avec la première, celle du charbon et de la vapeur autour de 1750 au Royaume-Uni et qui dura un siècle. Rien à voir avec la deuxième, celle du pétrole et de l’électricité en Allemagne et aux États-Unis de 1890 à 1910, qui ira… jusqu’en 1970 !

Notre monde vit plus vite et à l’unisson, avec des secteurs qui naissent et meurent, des entreprises bouleversées et moins de bras. En plus, cette révolution de l’information polarise les emplois « aux deux bouts » : vers les peu ou les très qualifiés, avec moins « entre ». En même temps, elle polarise les richesses comme jamais. Le gagnant devient vite monopole mondial (the winner takes it all) et rafle la mise. Une part croissante de l’augmentation des revenus va à quelques-uns, ce qui freine la croissance de tous par la faible progression de la consommation.

 

IIIème Guerre mondiale ?

C’est le risque, au vu de ce qui s’est passé après les deux premières révolutions industrielles. En effet, la première guerre mondiale a été le lointain écho de la première révolution qui fait naître l’industrie (allemande) par rapport à l’agriculture (française). La deuxième donne la mécanisation et l’automation qui entraînent la bulle boursière qui explosera en 1929, avec une terrible récession ensuite. « Après-guerre », ce sera la « société de consommation », cette diffusion de l’automobile et du logement équipé, donc la naissance de cette classe moyenne qui équilibrera les sociétés civiles, aujourd’hui en danger.

En danger, car cette troisième révolution, plus rapide, vaste et accumulatrice de richesses que les précédentes, détruit plus encore de structures et d’emplois qu’elles. Certes des emplois et des structures nouveaux naîtront, mais plus tard. Quand ? Entretemps, nous avons et aurons tensions sociales, manifestations et crises politiques mondiales.

 

Disruption ou guerre ?

Disruption : ce mot fétiche de la révolution de l’information ne cache pas son jeu. Violent, destructeur des organisations, emplois et hiérarchies passés, où nous mènera-t-il ? Nous voyons s’effondrer les valeurs boursières de grandes entreprises « anciennes », partir des cadres intermédiaires, mourir des TPE et PME, toutes et tous jugés pas assez « agiles ». Même les startups prometteuses sont acquises (à prix d’or) par les gagnants de cette révolution, qui veulent colmater leur position.

 

Survient le COVID-19, qui creuse les écarts et accélère ces changements

Les chaînes de production sont sur la sellette, avec l’idée, sinon de renationaliser les activités, du moins d’en approcher et renforcer certaines, jugées critiques. Quels effets ? Les services plongent. Comment vont-ils remonter ? La distribution doit devenir plus proche, rapide, bio, verte. Ces changements vont-ils s’approfondir et se pérenniser ?

Gilets jaunes ici, montées des critiques et des violences ailleurs : le « vieux monde » s’éloigne, le « nouveau » se construit par morceaux, sans qu’on sache trop à quoi il ressemblera. Des périls naissent et se propagent, avec la montée de la Chine et l’affaiblissement des États-Unis. Laisseront-ils la place du chauffeur à la Chine ? Et nous ?

 

Former et « multilatéraliser » plutôt que s’affronter ?

Former, pour comprendre et escorter les changements, « Multilatéraliser », en revitalisant les structures en crise : OMS, OMC, OIT, Accord de Paris sur le climat. N’oublions pas la CECA : échanger charbon et acier 5 ans après la fin des hostilités entre France et Allemagne donne l’Union Européenne et 70 ans de paix !

Ou bien s’affronter ? Avec le COVID-19, la révolution de l’informatique creuse les écarts entre Chine, États-Unis et Union Européenne, entre pays et au sein de chacun. L’ordinateur est une bombe, avec une mêche allumée. On l’éteint ?