Horreur encore : le monde en guerre ?

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Liberté, égalité, fraternité : on connaît les trois cibles du terroriste, ce 14 juillet 2016 à Nice. Bien sûr, on pourra trouver d’autres explications à son acte, personnelles ou sociales, mais l’essentiel demeure : une tuerie, revendiquée par « l’Etat islamique », d’enfants, de femmes et d’hommes, tous innocents. D’où la première question : pourquoi ? Avant de répondre à la suivante : comment arrêter cet engrenage ?

 Horreur encore : le monde en guerre ?

Est-ce là un des derniers carnages de la bête immonde, qui se sent traquée ? Et jusqu’à quand ? Et comment réagir, sans perdre et se perdre ? Nice frappée le 14 juillet, après tant d’autres : rien n’est fait au hasard. Quand les meurtriers s’en prennent à des jeunes qui écoutent de la musique, à des parisiens à une terrasse de café et maintenant à des français et des étrangers qui viennent d’assister au feu d’artifice de la fête nationale, leur ennemi est clair : la vie.

Rien de tout cela, non plus, n’est isolé. Ce monde n’arrête pas d’être secoué par des attentats, si souvent d’origine religieuse extrémiste. Ces violences suscitent parfois, pour les contrer, des réactions excessives : on pense aux Etats-Unis. Ce sera la tâche de la Présidente ou du Président qui vient de les réduire. Ces réactions ne sont pas non plus assez coordonnées : on pense à la France et à l’Europe. C’est et ce sera la responsabilité de nos dirigeants de renforcer notre sécurité, dans une Europe plus unie.

Bien sûr aussi, cet « Etat islamique » bénéficie de nombreux soutiens, financiers et pas seulement, venant bien souvent de structures publiques. Et on n’ose jamais les mettre en cause, au nom d’une realpolitik dramatique. Jusqu’à quand ?

Une montée des périls est en cours, mondiale. A partir de meurtres mis en scène, elle prospère grâce aux capacités de résonance qu’offrent les nouvelles technologies. En même temps, et c’est bien plus grave, ces nouvelles technologies centralisent les tensions, indépendamment de leur origine. De la mer de Chine, où la Chine s’oppose à ses voisins, à la Promenade des Anglais, où un conducteur fauche des innocents, en passant par Istanbul, tout converge pour faire monter la peur. Or la peur freine toujours l’activité économique et l’emploi. Elle aggrave toujours la situation de chacun et fait chercher des abris. Alors, les communautés se claquemurent, on se parle moins. Les consommateurs et les entrepreneurs hésitent, le chômage s’enkyste. En finance, les placements se polarisent sur le dollar. Il monte, seul, au risque de faire fléchir les Etats-Unis, puis cette si faible croissance mondiale. C’est plus d’inquiétude pour investir et embaucher, plus de difficultés pour les jeunes à construire leur avenir. C’est plus de peur, donc plus de mal.

Comment en sortir ? Face au danger terroriste, rien n’est possible sans des actions plus concertées. La France paye le prix de son rôle dans de nombreux pays d’Afrique, mais est à la limite de son engagement militaire. Faire baisser le prix du pétrole réduit les ressources de Daesh, mais fragilise la région. Aider et conseiller des troupes en Irak ou en Syrie réduit la menace, mais conduit aussi, on le voit à Nice et ailleurs, à des réactions désespérées.

C’est un combat mondial qui s’ouvre : celui contre un terrorisme qui se dit religieux, nourri de mensonges, d’inculture, de corruption et d’inégalités. Il ne sera pas facile à vaincre sans attaquer les sources, politiques, culturelles, économiques et sociales qui l’alimentent.

La nouveauté tragique de ce temps est la convergence des tensions. Au sens propre du terme, tout « fait » peur. Cette peur peut ainsi conduire à des spirales de violences incontrôlées. Elle transforme le peuple en foule, foule mue par des balancements, balancements qui poussent aux extrêmes. Arrêter l’engrenage est indispensable, avec des discours de raison, mais aussi des preuves de force.

Cette force ne pourra venir que d’une coordination manifeste non seulement des puissances en jeu, mais aussi des peuples qui ont tout à perdre dans cette crise. On pense ici à l’Europe.

On peut toujours dire que ces actes désespérés sont la preuve que le rapport de force est nettement en défaveur des terroristes. Peut-être, mais ils montrent surtout l’étendue du chemin à parcourir pour reconstruire nos sociétés. On répète que la globalisation et les nouvelles technologies, qui répandent les difficultés, sont aussi nos solutions : à nous de le montrer. Liberté, égalité, fraternité : tout est dit, et tout est à renforcer.