Donald : Hi, Secretary Clinton, nous devons établir les règles de nos prochaines joutes. Je suis seul pour les Républicains, je n’ai plus qu’à réparer le parti !
Hillary : moi, je ne suis pas encore seule. Bernie s’accroche. Il vient de gagner 43 délégués en Indiana, et moi 37. Mais il commence à licencier dans son équipe : un vrai socialiste ! Bon, on commence par quoi ?
D. : moi, je veux parler de ma philosophie : la politique, c’est comme le business. On discute, on débat, on s’engueule, puis on finit par des deals. Je veux que les Européens payent plus l’Otan, pour contenir la Russie et que les Japonais payent plus notre protection, par rapport à la Chine.
H. : mais ils payent déjà ! Et la protection militaire des États-Unis, ce n’est pas un partage de frais de fonctionnement : c’est l’engagement qu’on sera là en cas de tension et, surtout, d’attaque. C’est de la dissuasion – jusqu’à la guerre, pas de la comptabilité !
D. : mais ça nous coûte une fortune ! Et avec le Mexique, ce mur dont je parle est un message. Si vous travaillez ici, vous vous faites régulariser et payez vos taxes ici, c’est OK. Autrement, c’est out.
H. : pour réduire le travail clandestin, d’accord. Que les Mexicains et autres étrangers régularisent leur situation et payent des impôts aux Etats-Unis, d’accord bien sûr. Mais pas le mur ! Je suis aussi d’accord sur le fait que les grandes compagnies américaines payent plus leurs impôts aux États-Unis et arrêtent de se faire enregistrer en Irlande ou dans d’autres îles, pas si vierges que ça ! Je crois également qu’il faut plus surveiller les grandes banques. Mais il faut renforcer les Etats-Unis avec nos alliés, pas contre eux. C’est pourquoi je veux la signature de traités commerciaux, avec les européens et avec les asiatiques ! Vous mettez en risque les États-Unis et les pays industrialisés ! Vous nous opposez aux pays émergents, Mexique en tête ! Vous faites plonger le dollar ! Vous roulez pour la Chine !
D. : moi communiste ! Come on ! Ce que vous dites est toujours trop compliqué – c’est pour cela que vous ne passez pas ! Trop establishment, pas assez jeune – comme Bernie ! Pas assez macho – comme moi ! Ces traités vont accélérer les échanges, vous dites, donc détruire les boulots actuels et forcer à changer plus vite. Vous n’avez pas vu, dans votre campagne, l’inquiétude chez mes vieux largués et chez les jeunes de Bernie ? Si chaque pays est plus responsable de ce qu’il fait chez lui et avec ses voisins, c’est mieux pour tous et moins cher pour nous.
H. : moins de traités, ce sera moins d’échanges et d’emplois à terme pour tous. La Chine avancera avec ses ordinateurs et téléphones portables à la place d’Apple, en attendant que Facebook devienne chinois. Si la Pax Americana se réduit, les autres pays démocratiques auront moins de croissance – et plus de nationalistes. Et les pays émergents iront vers la Pax Sinica.
D. : la Pax quoi ?
H. : la Paix chinoise ! Vous êtes dangereux !
D. : et vous, vous ne comprenez pas le vrai monde, celui du business. C’est le seul qui compte, à tous les sens du terme. Et j’y suis meilleur que vous !
H. : et pour les terroristes, vous « comptez » leur proposer un deal pour qu’ils restent chez eux et cantonnent leur religion aux territoires qu’ils ont acquis, derrière un mur – là aussi ? Et pour le commerce des armes ?
D. : pour les terroristes, le deal, c’est de les anéantir. Simple. Pour les armes, il faut que chacun en ait et sache les utiliser avec sang-froid. La police de tous commence par celle de chacun ! Et je veux cesser de financer ces travaux universitaires qui ne mettent pas la richesse au centre de l’American dream.
H. : mais l’économie est toujours plus complexe, politique, militaire. Le dollar sans la bombe, c’est de l’euro !
D. : l’euro, jamais vu ! Vous savez, les gens qui me suivent regrettent les Etats-Unis incontestés et refusent la société telle qu’elle devient. Et ceux qui vous suivent s’imaginent que vous allez leur offrir une croissance douce et paisible, avec plus de déficit et de dette sans problème. Bref, la France !
H. : inutile de se battre plus. On aura tout le temps. Mais vous n’allez pas me dire que votre Amérique qui se veut plus religieuse pourra suivre quelqu’un qui a fait sa fortune à New York, dans le bâtiment et les casinos, sans rencontrer de membres de l’Onorata Societa ?
D. : les voies du Seigneur sont à rentabiliser !
H. : vous me faites peur !
D. : c’est l’idée…