Frexit : pourquoi pas, au fond ? Pourquoi ne pas partir, en ces temps où chacun s’imagine qu’abandonner les problèmes est la meilleure façon de les résoudre ? Pourquoi ne pas sortir de cette Union Européenne qui nous critique en permanence pour nos retards à changer et à réduire notre déficit public ? Pourquoi ne pas laisser derrière nous ces décisions qui nous attendent, de la loi El Khomri à Notre-Dame-des-Landes en passant par Fessenheim ?
Frexit, pas bête ! Car c’est si pesant de vouloir changer dans ce pays. Ce pays où les fonctionnaires veulent accroître leur pouvoir d’achat (pourquoi pas) et où les retraités entendent (à bon droit) que soient respectées les promesses qu’ils ont reçues, mais ce qui n’est concevable qu’avec plus de flexibilité et de réformes. Or les syndicats freinent les réformes et les retraités sont bien silencieux. Alors le privé s’en sort moins bien, autrement dit avec moins d’emplois.
Frexit, allons-y ! Car c’est assez frustrant d’entendre ceux qui ne risquent rien nous dire qu’ils ne se battent évidemment pas pour eux (quelle idée ?), mais pour nous, pour nous défendre. Ces hausses de salaires et ces temps de travail réduits à la SNCF, c’est ce qu’il y a de mieux pour les salariés des PME ! C’est l’avant-garde qui protège les plus faibles, comme toujours.
Frexit : mais pas d’inquiétude en fait ! Il ne viendra pas de l’intérieur, comme le Brexit britannique. Il ne sera pas déclenché par ces protégés qui savent que l’Allemagne, qu’ils n’aiment pas, garantit la dette publique et que la Banque centrale européenne, qu’ils détestent, soutient l’euro. Autrement, sans Allemagne et BCE, comment comprendre que la France n’ait aucun problème financier, elle qui repart moins vite que les autres membres de la zone euro ? Avec son déficit persistant et sa dette à 100 % du PIB, elle fait même figure de refuge et se finance à 10 ans à 0,2 % ! Comment admettre que tout se passe ainsi parce 45 % du Cac 40 est, aussi, en mains étrangères, sans oublier 62 % pour la dette publique ? La France en déficit extérieur, celle qui perd des parts de marchés et des emplois vend, doucement, ses actifs et son passif. Mais ce passif la forcera à vendre ce qui reste de ses entreprises innovantes, Airbus, ports et aéroports, terres et châteaux.
Frexit : il viendra donc de l’extérieur. Pas par la faillite : par l’expropriation douce. On voit ce qui se passe avec le statut que défendent les syndicats de la SNCF, non pour eux (quelle horreur !), mais pour le rail, quand il sera libéralisé. Avec les progrès technologiques, il devrait y avoir des trains moins chers, ce qui augmenterait le pouvoir d’achat des voyageurs et aussi des statuts qui s’ajustent. On a plutôt le statut renforcé, le déficit croissant et plus de dette transférée à tous !
Le Frexit, c’est de l’extérieur qu’il vient. Il fait acquérir ici les joyaux et les marques, embaucher les meilleurs salariés tandis que d’autres, aussi talentueux mais pas d’accord, développent ailleurs leurs start-ups.
Bien sûr, ce Frexit par l’extérieur sera graduel. Notamment parce que les tenants du statu quo, ceux qui empêchent le Frexit de l’intérieur, y sont farouchement opposés. Vrais patriotes, attendons-nous à ce qu’ils mobilisent l’épargne des « riches » français pour l’empêcher. Ces « riches » seront alors forcés de mettre des actions de PME dans leurs contrats d’assurance-vie ou PEA spéciaux. Ils devront bloquer plus longtemps leur assurance-vie en titres publics. Ceci en attendant de voir réduits les avantages fiscaux des veuves et augmentés les droits sur les « grosses » successions.
Et oui, la meilleure garantie contre le Frexit de l’extérieur par ceux qui refusent les réformes à l’intérieur, c’est la « mobilisation » (joli mot guerrier) de l’épargne… interne ! Contre les grandes guerres, les Français avaient été appelés à apporter leur or ou à souscrire à l’emprunt national. L’or ayant été donné, l’inflation s’est chargée de l’emprunt. Aujourd’hui, dans ce monde sans inflation, cette euthanasie des rentiers est impossible. Reste le vol ! Excessif encore. Car c’est de « réduction des inégalités de revenus et de patrimoines » qu’il s’agit ! La belle explication : derrière, les avantages doivent rester acquis !
Excessif ! Bien sûr. Mais si rien n’est fait pour soutenir la croissance, l’emploi, l’innovation, donc en faveur des réformes, des jeunes et de la prise de risque, alors c’est écrit. Le Frexit par l’extérieur aura lieu, ce doux Exit de l’histoire.