France : quand l’impôt monte, l’argent rentre moins

- Ecrit par

En avril, le déficit prévu se creuse encore de 7 milliards. Nous sommes à - 66.7 milliards d’euros fin avril 2013 dans les caisses de l’État, contre -59.9 milliards à la même date l’an dernier. Alors, notre gouvernement estime le manque à gagner pour l’année à … huit milliards ! Reprise économique, que d’hypothèses ne fait-on en ton nom ! Le Ministre Cazeneuve ajoute qu’il attend, sur l’année, 2 milliards de moins d’IS, 4,5 milliards de TVA et 0,4 milliard de moins de taxe sur les produits pétroliers. Tout se passe comme si les mois qui restent devaient connaître un quasi équilibre entre dépenses à venir et recettes attendues, en saluant bien sûr l’apport de 700 millions qui viennent des taux d’intérêt plus bas que prévu sur la dette de l’État. Pour arrêter cette dérive, nos politiques font trois hypothèses...

– optimiste, c’est une modeste reprise. Elle s’installe et fait entrer autant d’impôts qu’il y aura de sorties dans les mois qui viennent,

– « volontariste », c’est une modeste remontée des taux d’intérêt. Les marchés financiers continuent à nous aimer, l’écart de taux avec l’Allemagne reste à 50 points de base.,

– « héroïque », ménages et entreprises ne changent pas leur comportement face à la montée de la pression fiscale.. Nous entrons au Musée Grévin. Selon Bercy, nous devions manifester, dans les mois qui viennent, la même propension à payer l’impôt qu’avant. Mais quand même, nous sommes plus inquiets sur l’avenir ! Quand même, nous voyons tous les prélèvements monter depuis des années (jusqu’à en 2014 nous dit-on). Mais pourquoi donc ?

Quand l'argent ne rentre pas...

Les explications des autorités politiques n’en sont pas, à savoir « réduire les inégalités ». C’est même l’inverse. Qu’il s’agisse d’impôt sur le revenu, de quotient familial, de retraites entre privé et public, d’encadrement des déductions diverses, de chasse aux effets d’aubaine, il n’y a aucune raison de penser que le niveau d’inégalité qui serait atteint dans deux ans pourrait être jugé « correct » par nos politiques pour arrêter cette chasse.

La vraie raison de l’impôt qui monte, au-delà du prétexte de la réduction des inégalités, c’est une dépense publique qui monte plus que le PIB marchand, avec aucune volonté, aucune méthode, aucun courage, pour la réduire. Alors ménages et entreprises font leur calcul : il faut éviter l’impôt. Le travail au noir gagne, les patrons freinent, ceux qui peuvent vendre leur entreprise le font, les cadres se demandent à quoi bon s’épuiser pour « donner autant » si rien n’est fait en face. Et les 2 % de croissance prévus dans deux ans deviennent un leurre pour experts de Bruxelles et du FMI.

« La courbe de Laffer » entre dans les têtes et les comportements. Cette courbe montre qu’au-delà d’un certain taux de prélèvement, les ressources fiscales se mettent à baisser. Plus simplement, le bon sens nous dit, et depuis longtemps, que l’impôt tue l’impôt. Les petits commerçants ferment, les PME se vendent, les artisans ne cherchent plus à s’étendre et engager des jeunes, le travail à domicile diminue… pour le fisc, les grandes entreprises vont embaucher et investir ailleurs. La courbe de Laffer passe des têtes au déficit public. Vite et pour longtemps.

Pour en sortir, le pouvoir politique doit diminuer la dépense publique, avec des exemples significatifs. Il doit réduire le nombre de fonctionnaires et les recruter là où ils apportent le plus de croissance. Il doit moderniser partout – comme les autres pays. Il faut annoncer que l’impôt est stabilisé puis qu’il baisse, une baisse gagée par les économies et la modernisation publique, pour que le moral revienne. Alors, pour un même salaire brut, le salarié aura plus, puisque le système public aura moins, et le profit sortira de son bas fond historique.

Les 7 milliards qui manquent, c’est Laffer. Si rien n’est fait pour réduire la dépense publique quand les enquêtes montrent une stabilisation (basse) de l’activité privée et envoyer les bons messages, c’est la rechute. Les marchés financiers se réveilleront. Bruxelles et nos voisins qui ont fait beaucoup d’efforts nous demanderont de commencer les nôtres. Certains Français manifesteront dans les rues en criant plus, mais d’autres travailleront moins, risqueront moins, partiront plus, en attendant que les choses changent vraiment.