Le low, c'est ce que nous vivons en France : une croissance basse en même temps qu’une inflation basse. C’est 0,1 % de croissance au premier trimestre 2014 et 0,4 % d’inflation en mars 2014. C'est l'économie du low. C’est notre lot ? Pour en sortir, il nous faudra plus de croissance et aussi plus d’inflation, l’un entraînant l’autre. Mais comment faire ?
Le low, c’est notre façon en France de commencer à sortir de notre crise de surendettement. Mais elle est dangereuse car on ne sait pas où elle peut conduire.Nous nous sommes endettés des années durant, États, entreprises, ménages. Pourquoi ? Parce que nous perdions pied dans la concurrence internationale et que nous ne voulions pas nous le dire, pas nous adapter, changer, nous réformer pour résister et rebondir. Aujourd’hui, il nous faut non pas rembourser, ni même songer à le faire, mais freiner notre endettement pour les entreprises, les ménages et l’Etat. Et ceci suffit déjà à déprimer notre activité ! Que va-t-il donc se passer quand les mesures Valls vont se mettre en place, avec plus de sérieux encore dans les salaires privés et bien moins de dépense publique ?
Allons-nous plonger comme les Grecs il y a quatre ans, entrer en récession comme les Espagnols il y a trois ans, ou stagner comme les Italiens, encore maintenant ?
D’abord, pour sortir vraiment du low et aller vers des zones de reprise, avec une inflation modérée à l’allemande ou plus forte, à l’américaine, il nous faut beaucoup plus de profit. Pourquoi ? Pour que les entreprises puissent et surtout osent investir plus, et avoir ainsi plus de croissance en autofinançant cet investissement, ce qui permet de se désendetter peu à peu et, plus tard, d’engager.
Mais pour avoir du profit, il faut que les salaires se stabilisent sur plusieurs années.
C’est là que se présente d’abord le risque de déflation grecque. C’est le plus grave, mais nous n’y croyons pas parce que nos entreprises sont assez puissantes.L’affaiblissement de la demande interne qui résulte des politiques Valls (en supposant que tout se passe sans crise majeure), va pousser à exporter plus. Il n’y a pas d’autre moyen et les entreprises françaises sont capables de reprendre des parts de marché à l’export.
Le risque de la récession espagnole ne nous semble pas significatif non plus, car il n’y a pas, en France, de bulle de l’immobilier. Certes les prix sont élevés. Mais ceci ne vient pas du tout d’un excès d’offre alimenté par des crédits bancaires faits aux promoteurs (comme en Espagne) mais par une offre insuffisante, liée à une série incroyable de contraintes qui pèsent sur la profession. Les prix du logement pourraient baisser de 15 à 20 % si ces contraintes baissaient. La production pourrait alors repartir, soutenant l’activité.
Le risque France est d’entrer dans le cercle vicieux de l’économie du low : la stagnation italienne (celle dont Matteo Renzi essaye de sortir). La demande interne reste molle et l’inflation très faible, puisque la demande est plate et les coûts sont stables. Puis la dépense publique ralentit encore avant de baisser, puisqu’il faut bien équilibrer le budget : la pression augmente pour réduire la demande interne, ce qui calme encore les prix. Ni croissance, ni inflation.
Notre stratégie pour sortir de cette trappe de l’économie du low et éviter ainsi d’être englués dans la zone de stagnation, est d’adopter une stratégie à l’allemande.Evidemment la voie américaine est fermée : l’inflation ne peut repartir avec notre chômage et le niveau actuel de l’euro.
Mais comment adopter cette « stratégie à l’allemande » qui est notre seule solution ?D’abord il faut se le dire, ensuite s’en donner les moyens, par le dialogue. Dialogue dans le privé, autour des objectifs, de la transparence et d’une nouvelle participation. Dialogue dans le public pour revoir les fonctions de l’Etat et moderniser la fonction publique. Continuer dans la voie Valls, alias la voie allemande, avons-nous d’autre choix ?
L’économie du low, c’est notre sas, notre zone de décontamination. A nous de bien choisir la porte de sortie. A nous de nous parler. A nous d’être courageux et d’aller plus vite.