Source : Ministère des finances et des comptes publics
16 septembre 2015 à Bercy : Christian Eckert, secrétaire d’Etat chargé du Budget, et Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics, présentent les comptes publics prévus pour 2016. L’exercice n’est pas si difficile à comprendre, même s’il est fragile.
Il veut en effet s’adresser à quatre oreilles, autrement dit veut satisfaire quatre publics : l’oreille de Bruxelles, l’oreille des électeurs, l’oreille du secteur public, et enfin l’oreille du patronat, car il faut de la croissance quand même.
- L’oreille de Bruxelles : il faut dire très fort que le déficit ira vers moins de 3 % en 2017, même si la France sera un peu au-dessus de ce niveau en 2016. D’ailleurs, dit-on, la dépense publique est « maîtrisée ». Elle augmente désormais de 1,5 % en moyenne depuis 2012, contre 3,3 % l’an entre 2007 et 2011. Ajoutons que ces « réductions » d’impôts des ménages ne doivent pas trop inquiéter : la consommation des ménages sera plus lente (1,7 % en 2016 contre 1,8 % en 2018) grâce à une baisse poursuivie du taux d’épargne. Le pouvoir d’achat des ménages monte de 1,3 % en 2016, moins que la consommation (1,8 %), tout comme en 2015 (1,5 % contre 1,8 %).
- L’oreille des électeurs : il faut parler plus haut des mesures en faveur des ménages, pour faire baisser les impôts. Ce seront ainsi 5 milliards de réduction de charges qui bénéficieront à 12 millions de ménages. Ceci fera repasser le pourcentage de ménages imposés à l’IRPP à 46 %, soit exactement le niveau de 2007, avant la crise. Ainsi, la consommation des ménages, qui devrait croître de 1,8 % en 2015, expliquant le rebond, devrait continuer de progresser de 0,7 % en 2016.
- L’oreille du secteur public : ce n’est pas parce que l’on dit à Bruxelles que l’on va bientôt rentrer dans les clous du déficit et que la progression des dépenses est plus faible ces dernières années que pendant la crise (bien sûr) que les dépenses publiques ne montent pas davantage : de 1 % en 2015 à 1,3 % en 2016 !
- L’oreille du patronat enfin : on attend plus d’investissement (+ 4,9 % en 2016 contre + 2,5 % en 2015) grâce à une hausse du taux de marge des sociétés vers 31 % contre 30,6 %. Les mesures en faveur des entreprises se poursuivent. L’allègement des charges est ainsi de 14 milliards en 2015 à 9 puis 8. Total : 41 milliards… reste à les verser bien sûr, reste aux patrons à investir !
Ce qui n’est pas dit : le prix du pétrole reste un bonheur – qui devrait durer, les taux d’intérêt sont sympas – mais devraient monter, comme l’euro. Donc, ce ne sera pas si facile pour les années qui viennent, d’autant que la croissance devrait être plus perturbée : Etats-Unis, Chine. Mais pourquoi donc diffuser des inquiétudes ?