France : too big to… what ?

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 France : too big to… what ?

Too big to fail, trop grosse pour faire défaut, la France l’est bien sûr. On a vu les difficultés pour tenir la Grèce au bord du précipice – pourtant un « petit pays » par le PIB (220 milliards d’euros contre 2000 pour la France et 2600 pour l’Allemagne). On a vu l’intervention miraculeuse de Mario Draghi s’engageant en juillet 2012 à faire tout ce qu’il faudrait (whatever it takes) pour aider l’Espagne (1200 milliards de PIB) et l’Italie (1600), autrement dit acheter leurs bons du trésor pour contrer la spéculation, empêcher l’explosion, et réussir.

Too big to slow ? Pas vraiment si les autres économies de la zone euro résistent. Mais c’est dangereux.

Too big to slow too much c’est une autre histoire, avec des difficultés à comprendre cet accès de faiblesse de l’économie française. Si le ralentissement vient d’une perte continue de compétitivité, alors les marchés financiers vont réagir et ne pas aimer. Mais s’il vient d’une cure d’assainissement des budgets publics, ils  devraient comprendre et aimer. Mais ce n’est pas (encore ?) le cas. Et c’est toute la stratégie de Manuel Valls où il s’agit à la fois de faire repartir l’économie et de réduire le déficit budgétaire.

Too big to jail, l’expression vient du Ministre de la Justice américaine. Il veut faire une pression (semi amicale) sur les banques qui ne respectent pas les règles et les lois, et les faire payer. Il ne s’agit évidemment pas de cela pour la France. Ce que nous risquons n’est pas d’être engeôlés, mais de ne plus être enjôleurs du tout ! C’est d’être mal vus, isolés, diminués, rabougris.

Too big to blackmail, trop gros pour jouer au chantage. Mais c’est pourtant notre jeu permanent ! Nous ne comprenons pas que nous y perdons toute crédibilité et tout allié, pour la bonne raison que nous sommes seuls à y jouer. Le temps n’est plus où nous avions demandé et obtenu une révision des critères de Maastricht, faute de les respecter. C’était en 2004-2005 et nous étions alors avec… l’Allemagne. Aujourd’hui tel n’est plus le cas. Nous sommes tout seuls.

Too big to be or not to be : arrive un moment où il faut être responsable de ses actes. Ce n’est pas Bruxelles qui nous enjoint de réduire notre déficit ou l’euro qui nous force à être compétitif. Arrive un moment où il faut cesser de glisser, de se laisser aller, pour accepter ce qu’on est. Il nous faut endosser notre histoire et nos responsabilités : celle d’une grande économie, d’un grand pays, d’une grande culture. Nous sommes too big not to behave.