Les femmes au pouvoir dans le monde ?

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En attendant peut-être Hillary Clinton (plus Janet Yellen), voilà Theresa May au Royaume-Uni (plus la reine), sans oublier Christine Lagarde au FMI, Angela Merkel en Allemagne, avec toujours plus de responsables femmes en Afrique et en Asie : le pouvoir mondial est en train de changer de sexe. Bien sûr, les mâles restent au pouvoir, mais leur domination se réduit.

 Les femmes au pouvoir dans le monde ?

L’école : c’est sans doute la première et meilleure des raisons de cette évolution. Les filles sont de plus en plus scolarisées, plus tôt, et réussissent plutôt mieux que les garçons. En deux ou trois générations, les voilà aux meilleurs rangs des facultés et des écoles, notamment les plus prestigieuses, celles liées au pouvoir politique, financier et économique mondial – et qui sont maintenant mixtes. Parallèlement, si on raisonne par secteur et par spécialité, elles ont eu aussi l’excellente idée d’être très présentes depuis longtemps dans la communication et les ressources humaines. Ce qui était considéré alors comme répondant mieux à « leurs spécificités » (?) s’avère aujourd’hui stratégiquement très utile.

Le plafond de verre (glass ceiling) demeure bien sûr, cette barrière officieuse qui freine la montée des femmes dans les responsabilités, mais il s’élève. L’évolution des mœurs puis des législations se retrouve partout, à l’école, dans le droit du travail et plus encore dans les pratiques des entreprises. Les femmes peuvent ainsi mieux mener leur carrière en souffrant relativement moins qu’avant des retards de hausses de salaires et de promotion liés aux maternités (de plus en plus réduits) et à la garde des enfants (de plus en plus équilibrée au sein du couple).

Ce plafond de verre, on le trouve surtout plus haut, dans les comités exécutifs et dans les postes majeurs de décisions économiques et politiques. Mais là aussi, avec le temps, un équilibre va s’instaurer : les listes électorales comme les ministères doivent être également répartis, les conseils d’administration le seront aussi, avec la loi Copé.

Usure du pouvoir des hommes face à la crise : voilà une autre explication pour cette rapide féminisation des responsabilités. Nous sommes désormais officiellement en crise depuis près de huit ans. Crise, mutation, révolution : quels que soient les mots, les salaires augmentent peu ou pas, le chômage de masse s’installe, ce qui ne s’était pas vu depuis la deuxième guerre mondiale. Alors, quand les hommes de droite sont au pouvoir dans un pays, l’envie naît de changer de politique, ce qui fait venir ceux de gauche. Symétriquement, dans un autre pays, face aux mêmes problèmes et devant les mêmes résultats, l’alternance conduit à passer les clefs des hommes de gauche à ceux de droite. Assez vite, au vu des maigres succès obtenus par les uns et les autres, l’idée se répand que les problèmes sont peut-être plus compliqués que des appartenances politiques. Il faut chercher ailleurs. Chercher aux extrêmes : c’est toujours risqué. Chercher chez les jeunes, pourquoi pas : l’idée se développe, plutôt une tentation. Chercher du côté des femmes : bien sûr !

Du plafond de verre à la falaise de verre – glass cliff ? C’est là le nouveau risque. Les hommes peuvent avoir plus d’un tour dans leur sac. En effet, quand le plafond de verre se fendille ou s’ouvre, il peut déboucher assez vite sur la falaise du même produit. Si on réussit c’est merveilleux, autrement c’est plus violent. Si on vous offre le poste, madame, outre vos mérites, c’est peut-être aussi parce que les mâles sont peu demandeurs, inquiets du risque. Cette alternance sexuelle serait ainsi moins politique ou générationnelle que liée au péril. Les femmes peuvent considérer qu’il s’agit là d’une promotion, ce qui est vrai, mais elle a lieu dans des conditions très compliquées pour elles. Diverses études montrent ainsi qu’elles sont plutôt nommées aux postes de direction des entreprises maltraitées en bourse. Pareil en politique pour les cantons proposés aux nouvelles candidates : ce sont les plus difficiles. Et voilà que les femmes appelées à ces postes sont souvent dites « de fer », succédant à des hommes qui n’en sont pas.

Place aux femmes donc, mais attention au cas français ! Pas de systématisme non plus : la crise n’est pas masculine. D’ailleurs, rien n’est dit : l’histoire montre que, quand les choses reviennent dans l’ordre, les hommes suivent. Profitons donc de cette féminisation du pouvoir pour renforcer la démocratie et la méritocratie. L’Homme y gagnera.