Emmanuel Macron chez le Docteur Knock

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 Emmanuel Macron chez le Docteur Knock

Louis Jouvet et André Dalibert dans Knock de Guy Lefranc (1951).

Emmanuel Macron : Bonjour Docteur, certains de mes collaborateurs m’ont recommandé de venir vous consulter.

 

Docteur Knock : Voilà qui ne me surprend guère. Dites-moi donc ce qui vous trouble.

 

EM : J’avais cinq ans à vivre comme Président, avec l’idée de commencer par des diètes sévères pendant les trois premières années, pour bénéficier ensuite d’une économie en meilleure santé, ce qui devait permettre de desserrer le régime initial et d’être réélu pour cinq autres années !

 

Dr K : Trop mécanique pour marcher ! La diète d’accord, mais l’arrêter si vite, qu’elle idée ! Il faut continuer !

 

EM : Je m’en rends bien compte : mes opposants sont toujours aussi nuls, mais ce sont mes aides et appuis qui flanchent maintenant !

 

Dr K : Bien sûr : il faut toujours plus s’inquiéter des vitamines que des calmants ! Le corps électoral est comme le corps humain : il ne faut que l’inquiéter et lui dire qu’on le soigne.

 

EM : Qu’on le soigne pour le guérir.

 

Dr K : Quelle idée ! Le corps électoral, tout comme le corps humain, aime à se plaindre et à être régulièrement soigné, pas à guérir. D’ailleurs, nul ne sait réellement le faire, au vu des résultats de vos prédécesseurs !

 

EM : Mais alors, je ne puis dire à tous que notre croissance s’améliore, et aussi l’emploi ? Qu’il suffit donc de réformer désormais les retraites, l’école et la SNCF pour redevenir enfin plus gaillards ?

 

Dr K : Rien que cela ! De la mesure : vous ne voulez quand même pas mourir guéri ! Pour la SNCF votre approche n’est pas erronée : c’est un organe infecté et infectieux, et surtout : au vu et su de tous dans le canton. Hypoactif et hyperplaintif, il a toujours été traité par des soins…

 

EM : Palliatifs ?

 

Dr K : Au contraire : très roboratifs, pour éviter tout risque de propagation revendicative !

 

EM : Je vois bien qu’ils ont été très gâtés, sans effet positif aucun sur leur comportement. Et je sais bien ce que vous dites de la « bonne santé ».

 

EM : « Un état précaire qui ne présage rien de bon » ?

 

Dr K : Oui, et vous voyez que les cheminots sont en parfaite santé….

 

EM : Donc ce que vous dites ne se vérifie pas !

 

Dr K : Mais non : les malades sont les voyageurs, ces clients qui auront 65 milliards de dettes à payer ! Ce sont eux les vrais malades de cette médecine politique. Aigris et affaiblis, ils commencent à comprendre désormais la source de leurs problèmes.

 

EM : Donc je ne peux pas faire peur aux cheminots !

 

Dr K : Aux cheminots non, mais aux clients si, et vous le devez. La bonne santé des uns est la mauvaise des autres ! Passez aux médecines alternatives : bus, Blablacar !

 

EM : Ça suffira ?

 

Dr K : Non, mais aidera. Il faut toujours commencer par ce qui irrite et « gratouille » le plus les électeurs, en le traitant par ce qui « chatouille » le plus chez eux, autrement dit ce qu’ils accepteront le mieux !

 

EM : Pas clair pour moi ! J’ai compris ce qui « gratouille », mais qu’est-ce donc qui « chatouille » ?

 

Dr K : La même chose ! Ce qui « chatouille » les électeurs, ce qui leur plait, c’est de s’attaquer à ce qui les « gratouille » : l’acquis indéfendable, la retraite à 55 ans, les avantages cumulés et autres billets gratuits, la grève remboursée. Pourquoi ? Parce que si rien n’est fait, ils auront peur d’être vraiment malades de l’ordonnance, cette facture qu’ils auront à régler, eux. La SNCF : c’est donc parfait pour commencer le traitement !

 

EM : Donc je dis que nous allons un peu mieux, avec 1,3% de croissance, mais avec un abcès ferroviaire qui peut bloquer le transit !

 

Dr K : Surtout jamais d’humour ! C’est contrindiqué. Le corps électoral exige que vous le traitiez toujours avec gravité ! N’oubliez pas : il faut toujours lui faire peur, sans trop et surtout sans trop peu !

 

EM : Et alors, mon programme de refonte des retraites ?

 

Dr K : Vous n’y pensez pas ! Dites que la SNCF est mauvaise pour leur santé, notamment financière, qu’elle peut les ruiner, mais pas qu’ils le sont déjà ! Ça, c’est trop !

 

EM : Donc il faut aller plus lentement dans les autres réformes et leur mentir davantage sur leur état ?

 

Dr K : Vous me faites penser à ces fameux économistes qui prétendaient qu’une grande guerre moderne ne pourrait pas durer plus de six semaines. Tout est toujours plus long à traiter qu’on ne croit.

 

EM : Mais ce que je fais, c’est pour leur bien !

 

Dr K : Tant mieux si vous le pensez. Mais n’oubliez pas que tous vos électeurs sont des faillis qui s’ignorent.

 

EM : Donc, la diète pour tous ?

 

Dr K : Avec plus de travail aussi, mais par roulement !