Emmanuel Macron : Mon Général, merci de cet échange entre nos deux Champs Élysées. Vous le savez : je compte me représenter à l’élection présidentielle et fais face à des chicaneries croissantes pour faire avancer notre cher pays !
Général de Gaulle : Je n’en suis guère surpris, cher successeur. Un mandat est possible, le suivant moins… Moi aussi, je regarde ce qui se passe ici, dans ce pays qui aime tant à se critiquer et à se diviser, avec ses partis politiques, et qui aime plus encore ce que font les autres, ailleurs.
E M : Oui ! Et moi, que fais-je ?
G d G : Vous payez le détricotage de “ma” Constitution, sous le travail obstiné des partis : pour eux, diviser c’est régner. Avec moi, le Président était directement élu pour sept ans renouvelables. Il avait la légitimité, donc le temps pour faire les réformes. Il nommait le Premier ministre et pouvait dissoudre le Parlement qui faisait les lois, qu’il promulguait. L’exécutif était fort, le législatif occupé !
E M : Depuis, nous sommes passés au quinquennat renouvelable une fois, le Parlement étant élu après le Président, ce qui fait de lui le chef d’une majorité qui lui marchande le vote des lois qu’il souhaite.
G d G : Oui : vous n’êtes plus « au-dessus des partis ». Il vous vient ce qui m’est advenu. Je suis parti en 1946 et avais créé le Rassemblement du Peuple Français en 1947, pour revenir. Mais n’en ai « profité », si je puis dire, qu’en 1958. Les partis me rendirent ensuite la vie d’autant plus difficile qu’ils voyaient s’éloigner d’eux les risques. La chienlit se répandit, comme aujourd’hui aux États-Unis, où ils ont la pire des constitutions !
E M : De fait, Biden ne peut dissoudre le Parlement, qui ne rêve que de l’affaiblir, sous prétexte de démocratie. Il est à moitié mort, au moment où la Chine aspire à diriger l’Asie et s’associe avec Moscou qui veut refaire son Empire avec ceux, disparus, de la première guerre : l’ottoman et le perse.
G d G : Nous partageons l’analyse !
E M : Et certaines expériences : mon RPF, En Marche !, s’est fractionné en juste deux ans, sans vison mondiale et de longue portée.
G d G : Les partis ont, au plus, la hauteur de vue de leur chef, et encore : au-début. Et je perçois qu’ici ils sont de plus en plus nombreux à se réclamer de moi ! Sincères ? Mais on n’avance pas, en regardant derrière !
E M : Les partis ont occupé la place, au moment où il faut un vrai pouvoir ! Je suis de fait, ici, Président et Premier ministre, mais dans une Union européenne où les partis de chaque pays s’en donnent à cœur joie et où le Royaume-Uni rejoint ses amis du large, comme vous l’aviez prévu.
G d G : L’heure est grave et la situation complexe. Je suppose que nos alliés ne s’allient pas ?
E M : Les Polonais se fournissent en armes aux États-Unis, comme les Espagnols. Allemands, Italiens et Français dessinent un avion commun, pour dans vingt ans. Les Anglais envoient un destroyer au Japon pour faire frémir les Chinois, ou plaire aux Américains. La ligne Maginot d’aujourd’hui, c’est l’Otan qu’on finance, pour effrayer les Russes. Et on prépare de terribles sanctions contre les Biélorusses et aussi les Russes, Russes auxquels l’Allemagne achète son gaz. Et ici, avec des déficits budgétaire et extérieur croissants, nos partis veulent augmenter les salaires et les Verts…
G d G : Les Verts ? Pas les Rouges ?
E M : Non, les Rouges ont disparu, ou muté. Les Verts sont partout, protecteurs des espaces de même couleur et des espèces menacées, pacifistes et anti-nucléaires, obsédés par le réchauffement climatique.
G d G : Quel est leur programme géopolitique ?
E M : Moins de CO2, d’automobiles, d’avions, de pollutions industrielles et urbaines…
G d G : Et les emplois ? Et que dit la Chine ?
E M : Pour les emplois : il faut tout changer, en consommant moins. Pour la Chine : bien embêtés.
G d G : Ils manifestent ?
E M : Pas en Chine, plutôt ici, pour que nous émettions moins de CO2 !
G d G : Donc les Verts travaillent pour les Rouges !
E M : Personne ne le dit, surtout pas les Rouges !
G d G : Et les Américains ?
E M : Toujours pas compris que les peuples sont une histoire. Ils pensent qu’en les faisant voter on a un État nouveau, donc une nation nouvelle !
G d G : Du Roosevelt !
E M : Nouveau : les migrations, spontanées ou provoquées, vers les pays riches, qui ne savent que faire.
G d G : Nouveau non : l’espace vital, le lebensraum d’Hitler ! Il n’y a qu’un pouvoir fort pour réagir.
E M : Cinq mois pour changer !
G d G : Qui ?