Emmanuel Macron appelle le Général de Gaulle

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 Emmanuel Macron appelle le Général de Gaulle

Emmanuel Macron : Mon Général, pardonnez-moi de vous déranger : avez-vous vu les résultats électoraux en France ? Je suis réélu Président, mais sans majorité à la Chambre pour faire voter les lois, donc pour gouverner !

Général de Gaulle : J’ai vu, sans être surpris « des poisons dont s’intoxique notre vieille propension gauloise aux divisions et aux querelles » comme je le disais à Bayeux, le 18 juin 1946. C’est pourquoi j’avais alors proposé un régime présidentiel, avec un total insuccès. A ce Président, disais-je alors, « de servir d’arbitre au-dessus des contingences politiques ». Donc je laissai la place en 1946 à la 4ème République et à ses jeux immatures, avant de revenir… en 1958 ! Je savais que le « régime des partis » se battrait pour ne rien changer, pas qu’il s’incrusterait aussi longtemps.

E M : La soupe était bonne ! Surtout, mon Général, je ne puis partir maintenant, pour revenir en 2034 ! Nous sommes en guerre avec les Russes, qui veulent rebâtir l’empire des tsars. Les « alliés » américains nous laissent nous en occuper, dans une Europe qui se fracture, parce qu’ils veulent eux, circonvenir l’empire Chinois qui s’étend et menace leur hégémonie.

de G : Je suis au parfum ! Oui, la situation est compliquée – de mon temps aussi. Donc parlez au Français de la France et de sa destinée historique, pour les ramener à vous !

E M : J’ai grand-peur que cela ne suffise pas, comme pour vous, si vous me le permettez. Nombre de nos Gaulois actuels sont dans deux tribus, l’une inquiète de perdre son identité, l’autre soumise à son chef, celui des… Insoumis ! Les uns craignent la venue de groupes islamiques, les autres s’inquiètent de leur retraite.

de G : « Prenons-nous tels que nous sommes. Prenons le siècle tel qu’il est… Toute notre histoire, c’est l’alternance des immenses douleurs d’un peuple dispersé, et des fécondes grandeurs d’une nation libre groupée sous l’égide d’un État fort. » Ce que je disais à Bayeux !

E M : J’ai bien peur que leurs deux chefs ne rêvent d’une autre alternance : celle de me succéder !

de G : Ceci ne me surprend pas : je ne les connais, mais les imagine. L’une est je crois fille de quelqu’un lié à l’OAS, un groupe qui tenta par deux fois de me tuer, pas de me gifler ! L’autre est un ancien trotskiste, qui rêvait d’être Premier ministre, comme un autre Président…

E M : Un autre… ?

de G : … trotskiste : Lionel Jospin.

E M : Je vois que vous suivez la politique française : j’en suis émerveillé !

de G : Je crains que la chose ne s’y prête pas. Où est leur vision « de porter la victoire à son terme, en commun avec les Alliés, de traiter d’égal à égal avec les autres grandes nations du monde… et de commencer notre reconstruction » ?

E M : Je confesse ma part de responsabilité dans la crise actuelle. J’ai trop longtemps laissé les partis d’ici sans proposer d’idées pratiques, sans préciser mes projets, et j’ai eu la funeste idée de la retraite à 65 ans qui a tout gâché, tout obscurci et fédéré les oppositions. On a entendu partout que je voulais encore, pour cinq ans, le pouvoir personnel et cette polarisation sur la « majorité absolue », par les médias, a complété le tableau d’un « pouvoir fort ». Tout ce que je disais sur notre « autonomie stratégique », trop abstrait, passait à la trappe. Et quand j’ai parlé de 64 ans, « je faiblissais » !

de G : Je suis assez bien placé pour savoir que les Français n’acceptent d’obéir, et seulement un temps, que pour éviter le précipice.

E M : Mais nous y sommes !

de G : Ils ne le croient pas. Ils veulent d’abord de vous un programme très chiffré pour jouer à le « déconstruire », comme vous dites aujourd’hui, et le comparer à ceux des concurrents. Et comme rien ne vient de chez vous, tout passe, de chez eux. La dureté des temps leur échappe : la dette publique gratuite a beaucoup de charme.

E M : Alors : jouer au jeu politique, les diviser, les user ?

de G : J’y ai résisté un temps, en 1945, où j’avais quelque influence ! Je ne suis parti qu’en janvier 1946. Restez au moins un an : vous êtes attaqué sur les deux fronts extrêmes, laissez-les s’entre-détruire. Et vous savez que le ciel mondial se couvre : nous allons vers une guerre mondiale, par Ukraine et Taïwan interposés. Vos ennemis devront dire où et pour qui ils sont.

E M : « L’intérêt supérieur de la nation » avant le SMIC à 1500 euros ?

de G : Il faut toujours se faire une certaine idée de la France : la Cinquième, c’est mon message !

E M : Merci, je vais me battre !