Emmanuel Macron Appelle John Maynard Keynes

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 Emmanuel Macron Appelle John Maynard Keynes

Emmanuel Macron : Pardonnez ! Je suis sous la pression du COVID-19, des marchés financiers, des patrons et salariés, des partis et syndicats, des actuels et ex « macroniens » ! Puis viennent les virologues et épidémiologistes, pas plus d’accord entre eux que les économistes ! Alors, que feriez-vous ?
John Maynard Keynes : Bonne nuit Président. Il est deux heures du matin à Paris je crois, faites d’abord attention à vous. Pourquoi vous dis-je cela ? Parce que si vous n’êtes pas en forme, avec un air convaincu quand vous parlerez à la télévision pour guider les Français, rien ne marchera.

EM: Quoi ? Ce que je dirai sera moins important que ma mine ou le ton de ma voix ?
JM K: Plus que jamais ! Dans cette crise, tout le monde est perdu, s’inquiète, se querelle. Chacun a son idée sur la dette et le virus. Et vous, pour soigner tout le monde à la fois, vous devez donner une perspective positive, bien sûr, ferme surtout. « Nous allons nous en sortir », « cela dépend de nous », « suivons les règles de confinement et de distance pour faire mourir le virus, puis faisons ensemble repartir la machine ». Un ton viril, ferme, convaincu, guerrier !

EM: D’accord, mais suivre les règles n’est pas facile ici ! Faire repartir la machine : je n’y suis pas encore, je freine l’effondrement. Le déficit budgétaire explose, je soutiens les entreprises, nationalise,  paye le chômage partiel et pousse les banques à prêter.
JM K: Bien : dites-le plus fort. Bien sûr : c’est obligatoire et tous le font. Mais il faut marquer la différence, hausser le ton, car vous savez que ça ne suffira pas ! Vous empêchez la France de tomber, mais pas l’Italie ou l’Afrique, donc…

EM: Oui, mais je me trouve face aux Hollandais, que les Allemands poussent. Ils veulent aider l’Italie, mais si elle « fait des réformes » ! Alors qu’elle est entre faillite, extrême droite et maffia ! Heureusement, ils se ravisent !
JM K: Au Traité de Versailles, Clémenceau a voulu que « l’Allemagne paye » ! Je m’y étais opposé à l’époque. Il a eu gain de cause et on a eu Hitler !

EM: Mais aujourd’hui ce n’est pas une guerre mais une pandémie !
JM K: Je sais, avec ce virus qui vient de Chine en pleine guerre américano-chinoise. Donc le premier des deux qui se relève gagne !

EM: C’est fou. Et nous ?
JM K: Continuez : « il faut renforcer le camp européen en l’unissant, convaincre tous nos partenaires. Il faut préparer la remontée, ensemble, en même temps, de la même manière, avec des aides aux investissements, des réductions de charges pour l’embauche… Chacun aura donc de nouveaux déficits budgétaires, qu’il discutera dans le cadre européen. Et chacun devra faire plus de crédits, avec le soutien de la Banque Centrale Européenne. Plus de déficits, plus de crédits, plus d’Europe ! » C’est la perspective !

EM: Mais que nous somme lents : aucun sens géopolitique !
JM K: Pas Xi et Trump, eux !

EM: Oui, ils jouent leurs peaux ! Xi veut prouver qu’il peut résister au choc et faire gagner la Chine, donc ne pas aller en prison. Trump veut être réélu : les procès qui l’attendent, attendront. Stratégique si l’on veut, mais pas seulement.
JM K: Oui, communistes contre dollars au fond. De mon temps, je proposais de creuser le déficit budgétaire, de laisser tomber la livre (sans le dire), d’importer alors de l’inflation et d’euthanasier les rentiers !

EM: Ça repart chez vous, c’est impossible ici : Traité de Rome !
JM K: Donc vous allez euthanasier vos ouvriers et nous, encore, nos épargnants. Et le dollar gagnera.

EM: Que Trump offre par trillions !
JM K: Il m’a lu ! Je disais qu’il fallait redonner du revenu à l’ouvrier anglais, pas forcément lui faire faire des choses utiles ! Je demandais à la Banque d’Angleterre de le payer pour faire un trou dans sa pelouse, puis le reboucher, le refaire, le reboucher… Réamorcer la pompe, ce n’est pas « produire », c’est avoir de la monnaie à dépenser ! Ce qu’il fait. Et avec le dollar, ça aide.

EM: Alors, il faudrait que je propose aux Allemands de faire des trous devant la BCE ?
JM K: Une image. De grands travaux « verts pelouse », ce sera parfait !

EM: Donc, après : « en France, après le déconfinement, l’argent sera là pour travailler mieux, plus chez soi, consommer mieux, plus européen, innover plus, avec notre épargne, produire plus, vert et près de chacun. Cette épreuve est tragique, mais c’est le moment de changer pour vivre mieux ! »
JM K: Pas mal, inutile d’invoquer de Gaulle ou Churchill. Vous gagnez, si c’est à eux qu’on pense.