Emmanuel Macron : Chère Angela, je viens juste d’avoir Donald : nos inquiétudes se confirment ! Il lance son programme America First, en fait America Alone ! Son idée est surtout de maintenir sa base électorale, ce qui veut dire faire payer plus ses voisins dans les échanges internationaux, Mexique et Canada, et nous pour l’Otan. Avec le Moyen-Orient, il met un coup de pied dans la fourmilière, sans savoir où il va. Pareil avec la Chine, la mer de Chine et la Corée du Nord !
Angela Merkel : D’abord bravo Emmanuel ! En matière de fourmilière, vous avez fait très fort, et j’espère que tout va bien continuer pour vous ! Donc pour nous !
EM : Merci – je suis très touché ! Pour revenir à « notre Donald », ceci veut dire que nous devons voir plus loin et ensemble. Il faut faire attention à ce que son agitation ne frappe pas ailleurs : Autriche, Italie, Catalogne. Et vous savez que je suis avec vous pour vos prochaines élections ! Mais même si on évite le pire en zone euro, je n’imagine pas les USA revenir au temps d’Obama dans quatre ou huit ans, avec un Président Démocrate ou un Républicain modéré. En tout cas, nous ne pouvons pas travailler avec cette hypothèse. C’est d’ailleurs toute l’idée de Donald : nous devons nous prendre en charge !
AM : Oui, et notre problème n’est pas seulement Poutine, mais l’Europe et l’Afrique.
EM : Certes. Pour l’Europe, nous devons continuer d’aider la Grèce et aussi faire pression sur la Suisse, qui abrite les fortunes grecques (et pas seulement !). Nous devons pousser aussi à ce que les Grecs aient un cadastre et payent leurs impôts, avec Google qui photographiera les piscines des « pauvres grecs » non imposables. Il faut arrêter les billets à 500 et 200 euros, qui alimentent le black et les arnaques à la TVA, avec ces Mercedes neuves vendues comme vieilles ! Enfin, pour l’Europe, maintenant que Theresa May est plus faible, il faut être plus dur avec la City, pour la récupérer.
AM : Tout doux, jeune homme ! D’accord surtout pour la City, puis nous verrons pour la Suisse. Pour la Grèce, il va falloir lui faire cadeau d’un bout de sa dette, mais je dois être réélue d’abord !
EM : Et l’Afrique ?
AM : C’est de loin le plus important et le plus dangereux : démographie + pauvreté + sécheresse = terrorisme. Et pas un mot là-dessus ! A la fin du siècle, il y aura plus de 4,4 milliards d’Africains et 600 millions d’Européens, contre 1,3 milliards d’Africains et 700 millions d’Européens aujourd’hui ! Qu’est-ce qu’on fait ? Vous avez vu mes problèmes avec mon million de migrants et les vôtres, avec 30 000 !
EM : Bien d’accord : on est obsédés par l’inflation à 2% et le déficit budgétaire à 3% du PIB, quand ce tsunami menace !
AM : La ligne Maginot de la BCE !
EM : Si c’est vous qui le dites ! Il faut lancer une alliance avec la Tunisie (qui peut tomber), le Maroc (j’en viens), l’Algérie et les pays de la zone euro en Afrique – le Franc CFA ! Cet euro fort les tue !
AM : Une grande conférence euro-Afrique ? C’est ce que je prépare pour le G20 que je préside. De fait, la BCE ne dit pas un mot sur le Franc CFA lié à l’euro qui circule en Afrique, alors que tous les voisins dévaluent leurs monnaies. Mais c’est compliqué et risqué : dévaluer le CFA ? On sait comment ça commence, pas comment ça finit.
AM : Alors il faut avancer avec un plan d’alliance et soutien plus fort entre nous, en invitant la Chine bien sûr, l’Inde, le Japon et les Etats-Unis – mais quand nous serons plus au point entre nous.
EM : La Chine mène son plan à cinquante ans qui relie l’Asie à l’Europe. 66 pays qui seront ses amis, et beaucoup ses obligés, le tiers du PIB mondial. Et il y a 54 pays en Afrique, plus nous, et nous ne faisons rien ! C’est grave : croire être prospère quand on est entourés de voisins sept fois plus nombreux et dix fois plus pauvres est fou.
AM : Mais ce sera cher !
EM : Oui ! Il faudra développer ces pays sur place, avec leurs entrepreneurs et leurs entreprises, avec des technologies modernes et peu coûteuses pour l’électricité, l’eau, l’agriculture surtout, le manufacturier. Ces industries sobres et propres, il faut les développer en sautant les infrastructures que nous avons chez nous, celles du siècle passé. « Il n’est de richesse que d’hommes », mais s’ils sont formés. Autrement, ils bougent.
AM : On en parle à Draghi, Schäuble, au Pape, à des patrons, à Gates ?
EM : Ils sont au courant. Ce qu’il faut, c’est aller vite et s’unir !
AM : En marche !
EM : Je crains que ce ne soit plus compliqué.