D’un déconfinement l’autre !

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 D’un déconfinement l’autre !

Pas de « grand soir » : quel dommage !

Quoi, nous pouvons sortir et ce monde ne changerait pas ! Quoi, nous n’allons pas tirer de leçon des semaines perdues à regarder ces habitants de Wuhan, parqués, sans, nous, réagir ? Certes, nous nous sommes étonnés du pouvoir de cet ennemi, venu d’une chauve-souris et juché sur un pangolin, à moins qu’il ne se soit échappé d’un laboratoire. Plus tard, ici, des virologues experts, sur les plateaux de télévision, nous avaient dit que le virus ne pouvait voyager au-delà d’un mètre, par postillon interposé, puis nous expliquent qu’il a pris l’avion. D’autres virologues, modélisateurs, calculent le 17 mars aux Etats-Unis que 19 000 Américains seront touchés quinze jours plus tard, sauf qu’ils seront 142 000 ! Le COVID-19 sera-t-il enterré, comme avant lui le SRAS, l’Ebola, le MERS, la grippe H1N1, sauf qu’il a profité du Nouvel an chinois, a davantage voyagé que ses prédécesseurs et s’est trouvé face à des experts et politiques « craintifs » ?

 

Aucune leçon à tirer ?

De fait, nous annonçons régulièrement des catastrophes, des pandémies depuis des décennies, le réchauffement climatique depuis des années et ne faisons rien. Ah non : nous mesurons désormais les températures et le nombre de malades. Nous voyons aussi que la Chine n’est pas une démocratie et que les démocraties se déchirent entre elles, surtout entre grandes et petites, et, en leur sein, entre régions et entre villes, sans oublier que les administrations mobilisent tous leurs échelons intermédiaires pour bien faire appliquer les règles « d’avant ». Ah si : nous découvrons que nous ne produisons plus de masques, plus d’appareils pour respirer, plus de principes actifs pour les médicaments et les vaccins, donc inutile de rêver à des productions en grande quantité. Pire : nous n’avons pas assez de médecins, d’infirmiers et d’infirmières, de lits !

 

Ah, mais non !

Heureusement : nous tenons le coupable, derrière le virus. C’est « le système » : pas « le système chinois » ou « bureaucratique », mais « le système capitaliste néo-libéral » ! Le voilà le danger, avec ses chaînes de production compliquées, emberlificotées et fragilisées, dans sa quête permanente de profit, avec le plus de dette la moins chère possible. Trump a tardé à réagir, obsédé par sa réélection, mais la bourse a amplifié les effets réels et les peurs ! La zone euro, divisée, n’a rien vu au début, puis beaucoup discuté et longtemps refusé des financements spéciaux pour freiner la récession, avant de mesurer au plus juste ce qu’il faudra pour « la relance ». Maintenant, elle se demande encore s’il faut aider ceux qui ne le méritent pas ! Mais le DAX allemand et le CAC ont déjà plongé !

 

Le dé-confinement, c’est la boite de Pandore

Pas surprenant si nos rancœurs et inquiétudes sont de retour. On nous rappelle que la crise américaine des subprimes n’a pas été traitée mais endormie, sous des masses de déficits budgétaires et de dettes. Pour ne pas changer ?  Le même calmant, le quantitative easing, l’achat de bons du trésor par la Banque Centrale de la zone euro, a été largement utilisé au sud, avant de commencer à être administré au nord. Les Gilets Jaunes reprennent du service, avec ceux qui redemandent l’ISF : rien de mieux que de taxer plus en pleine récession, quand le CAC 40 a perdu 29% depuis janvier, que les prix du logement se mettent à baisser et que le chômage explose. Le virus vient-il du croisement des inégalités, de la finance et du réchauffement climatique ou bien de la coalition des petits conservatismes, pour garder les « avantages acquis », quand tout change partout ? Question interdite. Décroître quand le PIB baisse de 10%, ou renforcer la zone euro ?

 

Nouveau confinement et nouvelle productivité

On se souvient de l’économiste Robert Solow : « je vois des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques ». Il critiquait le PIB, où la précision et les nouvelles capacités de calcul n’étaient pas prises en compte. Mais on voit ce que permet l’intelligence artificielle pour mieux cerner les besoins. On voit que le télétravail fonctionne, dans les services et l’industrie. Le confinement permet plus d’efficacité à moindre coût, une nouvelle compétitivité ! Améliorons-le. Cessons de rêver au « grand soir » dans un jardin, avec Internet et Zoom. Ce virus ouvre une autre voie, contradictoire, le « confinement-communicant » ! Combinant télé-travail et proxi-travail, il va nous guérir : allons vers l’emploi futur !