Du COVID-19 aux manifestations contre l’esclavage : quels rapports ?

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 Du COVID-19 aux manifestations contre l’esclavage : quels rapports ?

Que nous arrive-t-il ? Nous sommes pris entre les 8,8 millions de personnes atteintes par le COVID-19 et ses 465 000 morts, l’explosion du chômage, les tensions américano-chinoises, Me Too, les émeutes à Minneapolis et Atlanta, suite aux deux Afro-américains tués par la police, plus les manifestations en France, suite à la récente décision de justice au sujet du décès d’Adama Traoré en juillet… 2016,  sans oublier à Bristol la statue du « négrier » jetée dans le port, la protection à Londres de celle de Winston Churchill et, ici, les interrogations sur celle de Colbert à propos du « Code noir », signé par… son fils. N’importe : à la Seine Colbert, comme à Bristol !

 

COVID-19 : une pandémie économico-financière

L’OCDE n’y va pas de main morte, ayant admis la gravité de la situation. Elle prévoit, pour 2020, une baisse de l’activité mondiale de 6% s’il n’y a qu’une vague du virus, de 7,6% s’il y en a deux. Pour la France, les chutes du PIB seraient de  -11,4 ou de -14,1%, dans l’un ou l’autre cas. Après une telle descente, aucune reprise ne pourra tout effacer en 2021. Il manquera en France 4% de PIB dans le cas d’une vague unique et 10% pour deux. Nous aurons « perdu » entre 3 et 7 ans de reprise depuis la Grande récession de 2007. Nous voilà revenus en 2012, après la crise des dettes publiques des pays du sud, mais avec une dette publique passée de 90 à 120% du PIB !

Mais cette présentation quantitative et globale ne dit pas tout. Les bourses nous donnent des informations sur les gagnants et les perdants. Depuis janvier toutes ont baissé, sauf le Nasdaq qui a gagné 13%. En son sein, on trouve Amazon (+37%), Microsoft (+18%) ou Apple (+15%). Ils ne boxent pas dans la même catégorie que le Dow Jones (-9%) ou le CAC 40 français (-17%) ! Pour les marchés financiers, les gagnants sont l’Intelligence Artificielle, l’ordinateur et le transport à domicile ! Pas l’auto, le commerce, la banque et bien sûr pas l’avion ou le tourisme.

 

COVID-19 : une pandémie d’emplois

Sans prendre de gants, la bourse nous parle ainsi d’emplois réduits, peut-être détruits. Ici, on parle plutôt de « modèles à revoir en profondeur ». De fait, il faudra des mois pour que les inquiétudes disparaissent et que les distances reviennent comme avant dans les magasins, les cinémas, les usines et les bureaux. Ceci dépendra du vaccin, de sa diffusion et de la confiance ; mais les entreprises n’attendront pas ! En même temps en effet, on nous parle de modèles disruptifs pour digitaliser les documents, échanger, discuter, acheter et télétravailler. On ajoute que les chaînes de valeurs vont être raccourcies, revues, simplifiées, renforcées. On parle d’activités stratégiques à relocaliser ici ou à proximité (nearshoring).

Les entreprises ont pris note de certains changements dans la demande et dans certains domaines de la concurrence. Elles freinent leurs investissements avant de se lancer, ne sachant pas ce qui sera durable et moins encore ce qui fera la différence. Les nouveaux écosystèmes sont en discussion : batteries, hydrogène, économie circulaire… Ce qui est certain, c’est que les entreprises et les salariés qui ne s’adaptent pas sont condamnés. Plus faible sera la reprise, plus elle sera sélective : qualifications et formations feront la différence.

 

COVID-19 : un révélateur social

Le choc actuel agrège peurs et rancœurs. Le chômage va peser sur les jeunes à l’embauche, les salaires et les carrières pour tous : les entreprises vont aplatir les pyramides de responsabilités. L’explosion du chômage aux États-Unis creuse les écarts, en fonction de l’âge, du statut marital (non marié, divorcé), de l’origine (noir et hispanique) et de la formation. Les taux de chômage des noirs (5,6%) et des hispaniques (4,1%), historiquement faibles suite à 128 mois de reprise, ne reviendront pas de sitôt. Il ne s’agit plus d’inégalités « traditionnelles » au détriment des femmes, des non blancs ou des jeunes, mais de rupture.

 

COVID-19 : une mutation du monde

L’avant COVID-19 opposait Chine et États-Unis, pour avoir plus de croissance. Maintenant, c’est chacun pour soi et sans règles : il y aura moins à partager. Pire que 1929 où nous serions déjà, si l’on en croit la chute du PIB, la question de l’esclavage qui ressort aujourd’hui incarne un futur sans avenir, pour les minorités les plus durement touchées. Pour en sortir, les entreprises vont devoir dessiner le chemin et nous y préparer. Alors, nous devrons muter.