Dimanche 19 juin, midi : Poutine appelle Macron

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 Dimanche 19 juin, midi : Poutine appelle Macron

Poutine : Cher Président, je sais que tu attends 20 heures, pour découvrir ce qui va sortir des urnes chez toi et ce que tu pourras faire, après, de ton trotskiste, un souci que je n’ai pas ! Mais tu te doutes que je t’appelle pour une autre raison que comparer nos deux démocraties : je veux savoir ce que tu as en tête quand tu recommandes aux Ukrainiens, « de ne pas humilier la Russie ». Ils n’ont pas aimé !

Macron : Cher Président, c’est vrai que j’attends 20 heures, mais je peux te répondre, ça me changera les idées ! « Ne pas humilier la Russie » : c’est pour éviter une Troisième guerre mondiale. Après la Première, Clémenceau a eu la main trop lourde avec ses exigences et ses contraintes sur le perdant allemand, ce qui a donné Hitler. On connaît la suite. Battre son ennemi oui, mais pour faire naître une vraie démocratie, pas une rancœur dangereuse.

 

P : Tu penses donc que je vais perdre par rapport à l’Ukraine, grâce à vous, sans réagir ? Mais j’ai d’autres idées !

M : Si tu me parles ainsi, c’est que tu veux me les communiquer, sans même que je te le demande.

 

P : Bien vu ! Oui, je vais avancer lentement, pour user l’armée ukrainienne mais surtout pour vous user, vous. Regarde : en Estonie, la Première ministre est tellement pro-ukrainienne, en fait antirusse, que sa majorité ne résiste pas et éclate. En Bulgarie, la majorité de leur Premier ministre dépend en partie de moi. La Pologne veut aider, mais combien de temps avec ces milliers d’Ukrainiens sur son sol, elle qui ne voulait pas d’immigrés ? Qui paye ? Et je ne parle même pas d’Orban en Hongrie. En Turquie, mon ami Erdogan bloque l’entrée de la Suède à l’Otan. Et il manque plus important encore…

M : Quoi ?

 

P : Les tiraillements entre Allemagne et vous ! L’Allemagne préfère payer plus cher mon gaz que se mettre mal avec moi. Je suis un gros marché, et ils hésitent à envoyer aux Ukrainiens des armes lourdes de qualité. D’ailleurs, ils en ont peu : Trump avait bien vu que c’était l’Otan, donc lui, qui les payait ! Et l’Ukraine rêve d’entrer dans l’Union européenne. Mais pour l’Allemagne, c’est trop tôt. Moi je suis pour, pour vous affaiblir, bien sûr ! Et il y a pire.

M : Quoi encore ?

 

P : Trump et les États-Unis : les élections au Congrès sont dans quelques mois et la ferveur républicaine pour aider Zelensky va baisser, avec Trump. Ils vont parler « concessions », « réalisme ». D’ailleurs Kissinger l’a dit à Davos, en demandant très diplomatiquement que, dans la négociation de paix, l’Ukraine fasse preuve d’autant de sagesse que d’héroïsme dans la guerre. Tout le monde a compris et Zelenszky lui a dit que nous n’étions pas à la Conférence de Munich de 1938. Et c’est là que je te retrouve !

M : Moi ?

 

P : Oui, car cette brillante idée de ne pas nous humilier, d’être « réaliste » pour parler comme les Allemands, de ne pas nous jeter dans les bras de la Chine comme disent les Américains, va fracturer les « Alliés », jusqu’à ce que Zelensky parte, puis briser ton Europe !

M : Mais quand je dis « ne pas humilier la Russie », c’est pour que l’Ukraine cède de son territoire, sans être humiliée !

 

P : Mais j’ai compris ! C’est pourquoi je ne bombarde pas Kiev : pour ne pas couper les ponts avec toi et me retrouver à ne dépendre que de la Chine, qui n’attend que ça ! Et plus le temps passe, plus je grignote de terrain et plus Zelensky devra céder !

M : Donc tu me demandes… de demander, avec l’Allemagne, à la Commission européenne de moins payer les fonctionnaires de l’Ukraine, et à la Banque centrale européenne de moins soutenir ses banques ?

 

: Au fond : oui. Tu l’as dit à Zelensky, quand tu l’as vu avec le Chancelier Allemand et Draghi ?

: Tu ne sais pas… par tes espions… Et ta santé ?

 

P : Subtile ta transition ! Très bien. Je vois que mon infox t’est parvenue.

M : Pourquoi ce bruit ?

 

: Toujours gagner du temps : tout le monde regarde mon visage, comment je tiens ma table, comment j’avance. Alors, dans deux mois, les États-Unis ne penseront plus qu’à leur inflation, ce qui affaiblira encore plus Biden. Alors, l’Europe « découvrira » la puissance de la sienne et se demandera si la fin de la guerre ne pourrait pas l’aider. Alors, Lagarde devient mon alliée !

M : Donc, tu as besoin de mon aide ?

 

P : Non, tu n’as pas le choix : regarde l’ultra pro-Zelensky Johnson au Royaume dit Uni, regarde-toi avec ta Nupes, et en 2023 il y aura des élections en Espagne, Grèce et en Italie.

M : Désolé, il faut arrêter : j’attends mes résultats !