Cryptomonnaies : mort ou résurrection ?

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 Cryptomonnaies : mort ou résurrection ?

FTX, deuxième plateforme mondiale de commerce des cryptomonnaies, dont le Bitcoin, est mourante. Depuis quelque temps, des rumeurs sur sa situation financière avaient conduit certains de ses clients à en partir, donc à vendre leurs actifs. Ceci avait tendu sa situation de liquidité, ce dont elle n’avait pas besoin ! Depuis, elle s’est rapprochée de Binance, le numéro un mondial, qui accepte de l’acheter. Mais il se rétracte le 9 novembre, après examen de ses comptes et déclare que ses problèmes sont « au-delà de son contrôle et de sa capacité d’aide ». Sympa ! Son président, Changpeng Zhao dit CZ, demande même une régulation de ces plateformes, au-delà du contrôle du blanchiment d’argent et du « connaissez votre client » (Know Your Customer), pour aller dans l’examen de leurs business models. Quelle idée ! Et FTX se déclare en faillite.

Mais le cas de FTX n’est pas isolé. Il s’insère dans une série de secousses qui ont mis à bas d’autres stars du secteur. Telle est Terra/Luna, morte début 2022, qui se disait « stable » et rentable à la fois. « Stable », en gardant en devises les apports des clients qui voulaient cette « monnaie », c’était une garantie. Mais elle était « rentable » aussi, en en convertissant une part en placements, avec un algorithme qui saurait tout gérer. Sauf qu’aucun algorithme ne peut gérer les sorties en cas de panique, d’autant qu’une part des liquidités avait permis d’acheter des produits financiers pour faire fonctionner l’entreprise et… rémunérer ses patrons. Une rapide analyse du business model l’aurait vu.

Quelques années avant, en 2019, naissait le Libra, qui rêvait d’être la monnaie la plus stable du monde, donc supérieure au dollar. Mais elle a dû battre en retraite. Mark Zuckerberg, qui avait réuni 28 amis milliardaires sur ce projet, passe rapidement du Libra au Diem, de la Suisse aux États-Unis, de la monnaie super-stable au dollar, puis du Diem à rien, février 2022. Encore une fois, on peut se demander quel était le business model de cette monnaie mondiale. Il fallait la rééquilibrer en permanence par rapport aux grandes monnaies, ce qui supposait des frais et des risques, très au-delà des moyens des milliardaires, qui attendaient, par ailleurs, quelque rémunération. De plus, les politiques américains contrent, par des contrôles, le risque posé, selon eux, à la suprématie du dollar. Surtout, pour réduire l’inflation, la Banque centrale américaine augmente ses taux et fait monter le seul dollar, tuant le concept de monnaie mondiale stable.

Libra sera le premier échec de Mark Zukerberg, avant les problèmes du Metaverse et de Meta, avec la centaine de cryptomonnaies qui s’y accrochent. Meta a perdu 70% de sa valeur en bourse. Il reste à savoir si les monnaies qui lui sont reliées, et qui ressemblent surtout à des jeux, ont quelque chance de se développer. Le casque à 1 800 euros de réalité virtuelle, qui permet de créer son avatar et d’acquérir, entre autres, des terrains… virtuels, va-t-il être un succès et faire prospérer quelques-unes de ces monnaies ? Étrange univers dont une valorisation à 1 000 mds$ est annoncée en 2021, puis à 10 000 en 2022, tout en s’interrogeant sur celles qui devraient exploser. En concluant que ce ne sera pas le cas de toutes, donc qu’il faut parier sur les progressions inouïes de celles qui résisteront !

Reste le Bitcoin, symbole de cette vague de monnaies liées à Internet et à la blockchain, pour, au moins, concurrencer le dollar. Pour perpétrer ce forfait, il faut une rare combinaison de mathématiques, d’ordinateurs, plus un goût sur le mystère de son créateur, plus quelques vols et décès. Le Bitcoin ne pouvait ainsi monter à 68 000$ qu’aux Etats-Unis, quelques jours certes, tout en sachant qu’il ne correspond à aucun actif, à rien. Il s’agit de l’acheter pour le revendre, dès qu’il est monté. Mais le faire avec une belle plus-value semble aujourd’hui moins facile, quand il tourne autour de 16 000$, une baisse de 70% en un an. Encore une fois : où est le business model, hors de « pure » spéculation ?

Et la série de ces innovations n’est pas finie : il s’agit de financer une économie mondiale assoiffée de ressources, en pleine révolution technologique. Mieux qu’avec les subprimes de 2007-2008 ! Les cryptomonnaies sont une réponse, par ces « monnaies privées », aux rêves de grandes richesses, rapides et sans gros risque. Mais le dollar ne se laissera pas faire. Bon business model, les cryptos, pour ne pas mourir jeunes !